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  • 9 octobre
  • Journée mondiale de la Poste

Pourquoi le football est-il meilleur que la Poste ?

Par Swann Borsellino
5 minutes
Pourquoi le football est-il meilleur que la Poste ?

On dit que le jaune est la couleur des cocus. C'est peut-être pour ça que comme le football, la Poste est quelque chose dont vous avez besoin, mais qui a souvent tendance à vous rendre fou. Malgré votre passif de parieur, ce n'est pas le ballon rond qui vous apporte vos factures. Un point parmi tant d'autres pour le foot dans cette partie endiablée contre l'ASPTT.

Qui dit soirée mondaine dit bricoles inavouables. Entre un petit four dont l’arôme pose une colle à votre palais élevé au fast-food et une coupe de « Dom Pérignon » qui, pour vous, était un personnage du Parrain, vous vous demandez ce que vous êtes venu faire là. Au fond, ce vendredi soir, vous n’avez qu’une envie, c’est de sortir votre smartphone pour y regarder le score entre Laval et Clermont, mais la peur de passer pour un beauf prédomine. Du fait, à coups de bavardages malins et hypocrites, on finit par vous demander ce que vous faites dans la vie. Vous êtes en train de passer « l’épreuve de la carte » . Le moment où le type qui vous fait face sort une carte de visite en ébène massif, « parce que c’est plus solide » , et où vous, vous n’avez qu’un ticket de bus usagé dans votre porte-feuille, au cas où une fille vous plaisait. Les joues rouges et les bras ballants, vous vous apprêtez à avouer un truc encore plus honteux que cette passion pour la Ligue 2 et Eurosport le vendredi soir : une adresse « @laposte.net » . Cette adresse, c’est comme cette chanson de Britney Spears qui traîne dans votre bibliothèque musicale : vous ne savez pas ce qu’elle fait là, mais elle existe, et parfois, elle sert. Et surtout, elle vient rappeller que comme cette passion pour le foot, la Poste a parfois le don de mettre quelqu’un dans l’embarras.

Timbres et vignettes Panini

La Poste a cela de commun avec le football qu’elle est un véritable monde parallèle. Une autre dimension qu’une porte automatique mal lavée sépare généralement du monde réel. Comme le ballon rond, la Poste a deux visages : celui que le plus grand nombre connaît – à savoir le banal envoi/réception de courrier, et un visage caché, réservé aux connaisseurs. Quand vous entrez dans le bureau de poste du coin, vous vous sentez comme un non-initié dans un stade : c’est la panique complète. Un chaos total, un ballet majestueux de personnes qui semblent travailler et qui circulent ici telles des voitures sur un circuit pour enfant. Ici, les guichets sont aussi nombreux que les files d’attente, mais contrairement au stade, impossible de savoir qui fait quoi et qui doit aller à quel endroit. Au stade, les ultras sont dans les virages, les journalistes au buffet et les familles en latérales.

Oui, la Poste est moins carrée que le foot. Là, vous, qui êtes si à l’aise devant les distributeurs de canettes, êtes à la peine devant cette machine qui pèse votre courrier pour vous délivrer un timbre. Le timbre, justement. Le Panini du postier. Sauf qu’évidemment, le collectionneur de Panini impose plus le respect qu’un philatéliste et que, concrètement, la plupart des enfants du monde seraient morts desséchés si les vignettes de footballeurs se collaient avec la salive. Enfin ça, c’est quand on a réussi à choper les timbres qu’on voulait. Car quand le bureau de tabac du coin est en rade, il faut aller affronter ce monde parallèle. Et là, c’est comme arriver au stade à l’heure de pointe, mais en plus chiant. Oui, à l’arrivée, il n’y a aucun plaisir. Aucun spectacle.

Perdre du colis

Le concept de « queue » est d’autant plus agaçant qu’il aboutit généralement sur un échange de sourds avec quelqu’un qui ne vous comprend pas. Enfin qui n’a pas envie de comprendre. En même temps, vous abusez un peu d’avoir besoin du service postal à 11h47 de l’après-midi. La file de la Poste, c’est un endroit plus violent que les couloirs de stade à l’époque de l’OM 1993. C’est une zone de tension, de stress, de coups de gueule et, toujours, d’histoires plus extraordinaires les unes que les autres. Une mamie qui doit envoyer un bœuf-bourguinon au Bénin pour son petit-fils qui fait de l’humanitaire, un quadragénaire qui ne comprend pas pourquoi son forfait la Poste mobile est bloqué depuis qu’il surfe sur des sites illicites et vous, donc, qui voulez juste envoyer un recommandé à votre ancien proprio. Au fond, la seule queue de la Poste que vous ayez respecté dans votre vie, c’est le train de l’US Postal. Et encore, les jambes de George Hincapie ressemblait à celles de votre grand-mère, sans les bas de contention. Vous, vous savez bien que ce n’est pas Roberto Heras qui vous livre votre courrier, mais un type qui roule en Berlingo jaune. Et attention, là où les histoires de José Saez et de Jérémy Morel, footballeurs en Berlingo, sont attendrissantes, celle du postier ne fait pas rire du tout. On parle là d’un homme qui conduit n’importe comment pour finir son service le plus tôt possible, comme vous, sauf que vous jouiez à Driver.

C’est là le nerf de la guerre entre le football et la poste : qui du footballeur et du fonctionnaire de la Poste a épousé la carrière la plus scandaleuse ? En somme, les deux sont payés pour faire la sieste et 1h45 d’efforts par semaine, 3h30 fourchette haute, semaine de colis européens. Sauf qu’au bout du compte, il y en a un qui vous fait vibrer et l’autre qui vous perd un colis. Et ça, c’est dur. Concrètement, même une défaite lors d’un derby semble être une bonne nouvelle comparée à la perte de la paire de chaussures que vous veniez de commander. La dernière chose qui vous a fait autant souffrir, c’est lorsque l’arbitre vous a volé. Et bizarrement, le point commun entre les deux arnaques, c’est que le maillot de l’arbitre était frappé du sigle « La Poste » . Un sponsor qui partage la vedette avec But. Oui, le truc de la vitrine du Juste Prix. Une entité française représentée dans les hautes sphères politiques par Olivier Besancenot. Un homme qui ne pèserait pas bien lourd face au député Andrei Shevchenko, ni face au ministre de l’énergie Kaladze. Une institution qui, avec son slogan, « La Poste avance, la confiance se développe » après la perte de son monopole, ne pèse pas bien lourd face à la FIFA de Sepp Blatter.

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