- Reflexion philosophique autour du football
- Journée mondiale de la gentillesse
Pourquoi le football est-il meilleur que la gentillesse ?
Le 13 novembre, ce n'est pas seulement l'anniversaire de Whoopi Goldberg ou l'occasion de penser à Ol' Dirty Bastard, qui nous a quitté il y a neuf ans maintenant. Le 13 novembre, c'est la journée mondiale de la gentillesse. Une arnaque au moins aussi grosse que la tête de Jean II Makoun. Voilà pourquoi.
Le karma est à la vie ce que le quinoa est à la gastronomie : une mode importée et insipide qui consiste à passer un mauvais instant dans le présent afin que le futur soit au beau fixe. Somme de ce qu’un individu a fait, est en train de faire ou fera, le karma est l’un des fers de lance de cet endoctrinement qui vise à rendre le monde gentil. Un monde tellement fou qu’en ce jour d’automne, le 13 novembre 2013, on fête la journée mondiale de la gentillesse. Typiquement le genre de démarche qui fait que la planète court à sa perte. D’abord parce que l’on méprise une grande partie de la population : oui, célébrer la gentillesse sans pondérer en créant la journée mondiale de la méchanceté, c’est un peu comme fêter les mamans en oubliant les papas. Ensuite parce que comme le dit Aimé Jacquet : « Si tu ne muscles pas ton jeu, tu vas vers de grosses déconvenues. Parce que tu es trop gentil. » Depuis 1998, Robert s’est repris. Il a arrêté d’être gentil et il a réussi. Grâce au football.
Maximator vs beIN Sport
Ce fameux karma, donc. Celui-là même qui a poussé votre amie de longue date à donner une pièce de deux « parce qu’elle n’avait que ça » à ce faux éclopé du métro parisien. « Tu sais, deux euros, pour nous, c’est peu, mais pour eux, c’est beaucoup. C’est important de s’en rendre compte et d’être gentil » . De se rendre compte de quoi ? Que ces deux euros constituent un beau pas de plus vers cette canette de bière « Maximator » , 11,6° sous le capot. Pour vous, deux euros, c’est un peu plus de 1/6e d’abonnement beIN Sport et de plaisir mensuel. Des deniers indirectement reversés à une industrie du football qui fait travailler des gens, vend du rêve à des milliers d’amateurs et permet à de pauvres footballeurs de finir leurs mois en mangeant autre chose que des pâtes au ketchup. En somme, la passion pour le ballon rond crée de l’emploi, du plaisir et de la passion quand le karma bas de gamme donne dans l’ulcère et la crise de foie. Foot 1 – 0 gentillesse. D’ailleurs, s’il n’est pas toujours réputé pour sa matière grise, le footballeur se fout d’être trop con tant qu’il est trop bon quand le gentil ne se rend même pas compte qu’il se comporte comme un imbécile. « Si tu peux parler à la fille que je drague depuis 3 heures et à cause de qui je vais devoir prendre un crédit sur deux ans après ce que j’ai dépensé ? Évidemment, c’est karma. Je serai récompensé plus tard. » Foutu mektoub.
Ceux qui jouent au ballon et les autres
Le pire dans tout ça, c’est qu’être gentil n’aide à rien à part se faire écraser et passer pour la bonne poire de service. Oui, le football et l’image canapé-bière-petit ventre naissant qu’il véhicule chez les non-initiés est peu glamour. Mais le « gentil » n’est pas plus attirant, bien au contraire. Au fond, mieux vaut un être un type qui aime le football et qui s’assume qu’un type qui sera toujours d’accord avec elle. Mieux vaut se fendre de sa vanne borderline que d’un compliment entendu mille fois. Mieux vaut charrier les potes comme chaque dimanche sur le rectangle vert qu’être la tête de turc. Enfin ça, c’est quand les gentils peuvent sortir. Parce que eux, ils ont dit oui à ce déménagement du dimanche après-midi pendant que vous, vous avez été sauvé par le football et votre égoïsme avec vos envies de Premier League, Serie A et Ligue 1. De toute façon, cet ami que vous avez laissé en plan avec ses cartons et ses canapés ne vous en voudra pas. Vous le connaissez depuis le collège, un endroit où vous avez pu remarquer une nouvelle fois que le football écrasait la gentillesse à plates coutures. Là bas, dans la cour vous avez pu constater que quand le gentil passait ses premières récréations seul avec sa brique de jus sur un banc peu confortable, vous profitiez de ce vecteur social épatant qu’est le foot pour créer des relations franches et sans faille. Des relations dans lesquelles aucune place n’est accordée au retard, les horaires de rendez-vous étant soigneusement calquées sur les matchs de football. Pendant ce temps, le gentil lui, est en retard à son rendez-vous au restaurant parce qu’il a répondu « oui, bien sûr » à la question « vous avez une minute » de ce mec à dreadlocks qui portait un pull WWF. Agacé, son acolyte d’un soir est déjà parti. Tant pis pour le resto, il mangera du quinoa. De toute façon, demain sera un jour meilleur. Pas vrai ?
Swann Borsellino