Pourquoi l’avenir d’Aymeric Laporte est avec la Roja

Parce qu’il a raté le train de l’Euro

À quoi ça peut tenir un destin ? Face à l’hécatombe de blessures, Didier Deschamps a rappelé le revenant Adil Rami et intronisé Samuel Umtiti pour disputer l’Euro. Sans ce péroné et cette cheville brisés en mars avec les Espoirs, Aymeric Laporte aurait pu être du voyage. Défenseur central solide, propre dans la relance, le joueur de l’Athletic Bilbao est déjà un cadre et une référence en Liga, à seulement 22 ans (150 matchs toutes compétitions confondues et nommé dans le XI de la saison 2013-2014). Mais nul n’est prophète en son pays, surtout quand on n’a jamais joué le moindre match en Ligue 1.

Passé par l’Aviron bayonnais comme DD, Laporte est, à l’image d’Antoine Griezmann, un pur produit de la formation basque espagnole. Mais si la nouvelle coqueluche des Français n’a jamais fait mystère de son attachement à l’équipe de France, la possibilité de voir le défenseur revêtir le maillot de la Roja est beaucoup plus plausible. Et le début de la campagne de qualification pour la prochaine Coupe du monde en septembre pourrait l’inciter à franchir le Rubicon. Ou plutôt l’Adour.

Parce que l’Espagne n’a personne en défense centrale

D’un côté des Pyrénées, un trio Varane-Koscielny-Umtiti qui se partagera deux postes, sans évoquer les remplaçants qui ont déjà des capes en bleu (Sakho, Zouma, Rami, Mathieu) et un sélectionneur en poste jusqu’en 2018. De l’autre, un binôme inamovible Ramos-Piqué, mais qui sort de deux compétitions internationales calamiteuses, un banc très peu fourni contraint à l’exil (Bartra, Nacho, voire Albiol) et des solutions de rechange avec des joueurs dont ce n’est pas le poste en club (San José, Busquets, Azpilicueta, voire Soriano).

Le constat est simple : Laporte doit opter pour son pays d’adoption, d’autant que le nouveau Mister, Julen Lopetegui, ancien sélectionneur des Espoirs espagnols, remplace Del Bosque avec la mission de rajeunir la Selección. Bref, c’est un boulevard qui s’offre au Basque.

Parce que Luis Fernandez a fait le même choix en sens inverse

Annoncé de longues semaines à Manchester City pour rejoindre Pep Guardiola, Laporte a finalement prolongé son bail à l’Athletic d’une saison, jusqu’en 2020 (clause fixée à 70 millions d’euros). Une dernière année en Liga avant l’envol ou un départ dès cet été ? Rien n’est à exclure, surtout face à l’open bar citizen. Mais avec la possibilité de rallier les rangs de la Roja, il pourrait bien faire le choix du statu quo, d’autant que des défenseurs zuri-gorriak ont déjà été appelés. En effet, outre San José, Etxeita a été convoqué en octobre dernier lors des qualifications pour l’Euro, preuve que le secteur est totalement dépourvu en Espagne.

Del Bosque a déjà fait du gringue à Laporte l’année dernière, sans effet jusqu’à présent. Mais après avoir loupé un Euro « à la maison » , le défenseur prendra-t-il le risque d’attendre une hypothétique sélection (et avec quel statut ?) avec l’équipe de France et de voir le Mondial lui passer sous le nez ? Choisir son pays footballistique ou son pays natal : Luis Fernandez l’a fait (avec brio) dans un sens, Aymeric Laporte pourrait prendre le chemin inverse. Choix cornélien et quelques nuits blanches en perspective.