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Pourquoi Lapadula est le frisson de cette saison ?

Par Ugo Bocchi
4 minutes
Pourquoi Lapadula est le frisson de cette saison ?

Depuis quelques mercatos, ce n’est pas la joie à l'AC Milan. Les joueurs se suivent, se ressemblent, mais aucun n’a vraiment emballé le cœur des tifosi. Gianluca Lapadula, le « Vardy italien », pourrait bien remédier à ça.

Le ballon est piqué dans la surface de réparation sans réelle conviction. Il monte en cloche et personne ne semble vraiment y croire. Sauf Gianluca Lapadula qui est revenu de hors-jeu, se caler entre les deux défenseurs de Cesena, surpris et en retard, pour exploiter cette miette de pain. Il se retourne, enclenche sa bicyclette et fouette la balle à hauteur parfaite, du coup de pied.

D’ailleurs, la réaction du gardien adverse et de ses deux gardes du corps, à côté de la plaque, ne fait que confirmer cette thèse : tout était parfaitement maîtrisé, et le but était la seule issue possible. On joue la 36e journée de Serie B, Pescara est cinquième, encore en course pour la montée, mais rien ne justifie vraiment le sprint de cent mètres du buteur de Pescara, coursé par ses propres coéquipiers, pour fêter ce but avec ses tifosi, torse nu. Rien. Simplement la passion.

Romantique loser

C’est d’ailleurs le liant de toute son irrationnelle carrière. Né à Turin, d’un papa italien et d’une maman péruvienne, le bonhomme se fait rejeter à quatorze ans par le centre de formation de la Juve, parce qu’il n’est pas assez bon en cours. Alors, il décide de se construire tout seul, comme un grand, et de faire ses classes dans les divisions inférieures. Trévise, Pro Vercelli, Ivrea et puis Parme qui entame à ce moment-là sa stratégie d’achats et de prêts en masse. Gianluca fait partie du projet et va connaître sept clubs en six ans, dont Frosinone et Cesena, sans pour autant se faire remarquer. Pour lui, comme il le confie à la Repubblica, ce n’était simplement pas le bon moment : « Je ne suis pas un joueur talentueux, juste un joueur très déterminé. Si j’explose si tard, c’est aussi de ma faute. À Cesena, je n’ai pas su revenir de blessure. Comme à Frosinone, où, la saison était presque terminée. »

Il va également découvrir un nouveau championnat avec le ND Gorica en Slovénie. Et c’est là où, pour la première fois, il va commencer à enfiler les pions. Onze buts en 28 matchs, alors qu’il joue sur l’aile. Ce qui attirera notamment l’attention de Teramo en Serie B. Encore prêté par Parme, Gianluca commence donc, enfin, à vingt-quatre ans, à attirer les projecteurs. Pour sa finesse devant les cages, mais aussi pour sa demande en mariage avant le coup d’envoi d’un match : « Je suis un romantique, c’est comme ça, et pas seulement dans le football » , concède-t-il encore à la Reppublica.

La flamme est toujours là donc, même si rien ne se passe jamais comme prévu pour lui. Alors qu’il participe grandement à la montée de Teramo en Serie A (21 buts cette saison-là en tant qu’avant-centre, sans aucun doute son vrai poste), le club se voit finalement refuser la montée pour un scandale de match truqué. Pire, son club propriétaire, Parme, est en train de couler et il se retrouve sans employeur du jour au lendemain.

Danseuse kamikaze

Un mal pour un bien, finalement, puisque c’est ce qui décide Massimo Oddo, le coach de Pescara, à passer à l’action avec lui. L’ancien latéral droit rossonero sort le grand jeu et lui propose un projet articulé autour de lui, de sa moustache, sa coupe de hipster et de ses tatouages. Chose que Gianluca accepte, forcément. Le résultat ? 27 buts, dont une bicyclette d’anthologie et un enchaînement crochet-frappe zidanesque en finale retour des play-offs de Serie B contre Trapani qui offre la montée à Pescara.

Et même s’il a ramassé des ballons pour le numéro 10 français dont il s’inspire encore aujourd’hui, son cœur a toujours battu pour le même joueur, issu de son premier club et premier amour : « Mon modèle, sur et en dehors du terrain, ça a toujours été Alex Del Piero. Un champion à tous points de vue. » Quoi qu’il en soit, cette saison 2015/16 marque un tournant dans la carrière de « Sir William » , son surnom en hommage au héros écossais de Braveheart : « Parce que ma qualité, c’est de me battre sur tous les ballons, de marquer des buts et de ne pas vouloir en prendre. Je donne tout et je peux mourir sur chaque ballon. » Simple, efficace. Malgré les appels de Leicester, Naples, Gênes, le Shakhtar, la Lazio et la Juve, Gianluca Lapadula décide de signer à l’AC Milan. Certainement attiré par le défi, mais surprenant au vu de la concurrence. À moins que ce ne soit pour rallumer une passion trop longtemps étouffée.

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