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Pourquoi l’Angleterre va gagner l’Euro
Tous les deux ans, c'est la même histoire : la belle anglaise arrive avec ses belles courbes, sa belle gueule et repart trop vite. L'histoire de l'Angleterre est comme ça, une constante d'espoirs et de déceptions éternelles. Cet Euro 2016 doit une nouvelle fois être le sien, sauf que, cette fois, il faut vraiment y croire, car le Royaume n'a plus le choix.
Parce que 2016 a décidé de se battre avec la raison et qu’il a gagné
C’est le bordel. Comme un trip qui a déraillé pour ne jamais s’arrêter. Cette saison, l’Angleterre du foot a déjà vu déferler sous ses yeux les pages du rêve éveillé de Leicester, couronné pour la première fois de son histoire, et a vu débarquer des nouvelles têtes devenues ses porteurs d’espoir. Alors cinquante ans après le seul titre accroché au palmarès des Three Lions, il est l’heure de prouver que le Royaume peut imposer sa domination à l’Europe. Oui, c’est paradoxal quand, dans le même temps, une partie de ses citoyens souhaite quitter l’organisation européenne, prouvant une fois encore que les rapports entre l’Angleterre et le reste du continent sont un grand écart perpétuel entre attraction, répulsion et diversion. Depuis la création du championnat d’Europe en 1960, la sélection nationale a bien gratté une troisième place en Italie en 68 et une demi-finale à la maison en 96, mais ce qu’il en reste est bien souvent des regrets. 2016 doit être l’année des excès, d’autant que la « génération dorée » (et maudite) s’est maintenant éteinte. The show must go on.
Parce que le porc est de retour
Cette fois, ce n’est pas des suppositions, mais des affirmations. Dix-huit ans après, il est de retour. Qui ? James Shayler, que l’on préfère appeler « The pig of Marseille » . À l’époque, Tony Blair, alors domicilié au 10 Downing Street, avait parlé d’un « déshonneur total » . Avec les images, on peut parler d’un saccage en règle. Car le 15 juin 1998, autour d’un Angleterre-Tunisie comptant pour le groupe G de la Coupe du monde organisée en France, Marseille avait été le théâtre d’affrontements orchestrés par 200 à 300 hooligans anglais. Au cœur des bouteilles fracassées sur les crânes, un homme : James Shayler, puni après les faits de deux ans de prison et banni de France pendant un an. Un mec qui avait également été condamné en 1999 pour trafic de cocaïne et en 2008 pour le vol d’un camion contenant des téléviseurs. Interrogé il y a quelques semaines par le Daily Mail, Shayler est attendu pour le Angleterre-Russie de samedi et a déjà prévenu : « Les Russes, ils les détestent (les musulmans, ndlr), non ? L’Angleterre sera avec la Russie contre les musulmans. » Interdit de stade en Angleterre, « The pig of Marseille » est libre en France et aurait récupéré une place grâce à un supporter du Zénith pour s’autoriser tous les dérapages. Le Vieux Porc.
Parce que Joe Hart > David James, Paul Robinson, Robert Green…
On connaît la chanson et la malédiction. Depuis 1990, l’Angleterre a été forcée à disputer sept séances de tirs au but et a perdu à six reprises. C’est devenu un mal chronique, une fin évidente pour une sélection maudite. Tout le monde garde aussi en mémoire le quart de finale contre l’Italie à l’Euro 2012 où l’Angleterre avait été sortie, là aussi aux tirs au but, avec des regards livides au moment de s’élancer face à Gianluigi Buffon. Ashley Young et Ashley Cole avaient alors échoué face au gardien de la Juventus et Pirlo avait humilié Joe Hart d’une panenka. Le geste est digne d’une technique de garce, mais raconte beaucoup de la facilité à éliminer l’Angleterre lors d’une séance. Sauf que tout a changé, et, depuis ce 24 juin 2012, Hart est devenu un monstre : 11 penaltys, cinq sortis, face à Messi, Lampard ou encore Ibrahimović. Dans un entretien donné au Telegraph il y a quelques jours, le portier de City a affirmé « savoir ce que les tireurs pensent et ce qu’ils vont faire » . Plus simple que de crever une poupée vaudou.
Parce que les voyages forment la jeunesse
Quand on s’attarde quelques minutes sur cette équipe d’Angleterre, il faut se l’avouer : elle a de la gueule. Au jeu des comparaisons, elle avance en réalité dans un schéma assez proche de celui de la France avec une richesse offensive portée par une jeunesse fougueuse, un milieu solide et joueur et une défense qui reste en chantier, même si les latéraux anglais semblent un cran au-dessus de ceux de la Dèche. Sa force est dans sa colonne vertébrale animée par l’ossature du Tottenham de Mauricio Pochettino (Dier, Alli, Kane). Ce championnat d’Europe doit être un dépucelage général et un bain de jouvence pour Roy Hodgson dont les traits sont plus tirés que jamais, mais aussi l’occasion de prouver que les problèmes d’hier ont été effacés. Surtout avec un tableau plutôt facile et avec une doublette offensive (Vardy-Kane) qui pèse 49 buts en Premier League.
Parce que Chantilly et l’Auberge du Jeu de Paume
Et dire que, selon Hodgson, son camp de base était parfait, car il remplissait « de nombreux critères : la proximité avec le terrain d’entraînement, le type de la ville autour, la distance avec l’aéroport le plus proche » . Respect les gars, cette fois ce sera donc sans problème que l’Angleterre se préparera. Bingo ! Il fallait foutre le bordel et en choisissant Chantilly et l’Auberge du Jeu de Paume, la FA a tout simplement foutu son nez dans l’un des repères échangistes les plus réputés du coin, notamment « les mercredis ou vendredis soir » , comme l’a confirmé le Sun. De quoi pimenter les vacances et apprendre définitivement la vie à Marcus Rashford. C’est dans ces moments-là que Jermain Defoe va nous manquer. Vieux fou.
Parce que Jamie Vardy est incouchable
Oui Jamie, tu vas l’avoir, ta putain de party. Car cette année, tu es déjà le roi et tu as retourné Charles Dickens dans sa tombe. Tu resteras à jamais comme le seul homme à se priver d’un match de préparation pour son premier championnat d’Europe histoire d’aller se marier. Tu resteras aussi comme la plus belle gueule de 2016, entre Ali G et un sosie à qui tu as fait fermer le bec. Alors tu vas débarquer en France avec ton sourire, ta vitesse et ta baraka pour continuer la fête, ta fête. Parfait, le groupe B où Infantinœuf a décidé de te caler avec tes potes aime ça, la fête, entre la Russie, le pays de Galles et la Slovaquie. C’est ton jour maintenant, vieux, à toi de prouver que tu es plus qu’une hype. La lose, tu verras ça l’an prochain quand tu joueras en rouge du côté de Londres. Profite.
Par Maxime Brigand