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Pourquoi la retraite de Jérémy Mathieu va permettre à Monaco d’enchaîner les titres
À seulement trente-deux ans, Jérémy Mathieu a décidé de mettre un terme à sa carrière internationale. Un choix qui aura des conséquences bien au-delà du simple groupe bleu...
Jérémy Mathieu prend sa retraite internationale
Bien que convoqué par Didier Deschamps pour affronter la Bulgarie et les Pays-Bas, Jérémy Mathieu a préféré décliner l’invitation. À trente-deux ans, le défenseur du Barça a évoqué un « manque de motivation » en vue du Mondial 2018, et préféré laisser sa place aux jeunes. Un acte courageux pour le rouquin qui, comme il l’a rappelé dans les colonnes de L’Équipe, « n’a jamais eu trop de chance avec les Bleus » . Comme Nolan.
… du coup, Presnel Kimpembe va réaliser un superbe match contre la Bulgarie…
L’altruisme des uns fait l’opportunisme des autres. Appelé par DD pour remplacer Mathieu, Eliaquim Mangala a également dû déclarer forfait, et a donc été remplacé par Presnel Kimpembe. Une récompense pour le défenseur parisien, dans de belles dispositions depuis le début de la saison, et qui va profiter d’une légère contracture musculaire de Varane pour exploser en Bleu. Titularisé aux côtés de Koscielny face à la Bulgarie, Presnel impressionne, bien qu’il assiste impuissant au penalty concédé par son compère de l’axe. Heureusement, Gameiro et Griezmann se chargent de remettre la France devant et Kimpembe ferme boutique avec sérénité. Ce qui fera dire à Grégoire Margotton que « même Kostadinov ne serait pas passé » . Pendant ce temps, Ginola et Houllier discutent AVC en tribune d’honneur.
… du coup, Mamadou Sakho décide de revenir dans la capitale…
À Paris, l’émergence du jeune loup ne fait plus de doute : Presnel, c’est le présent et le turfu. Une certitude partagée par Unai Emery, bien décidé à faire du gamin le compère indéboulonnable d’O Monstro dans l’axe. Et qu’importe si Marquinhos s’en va ronger son frein ailleurs, en tentant de ne pas s’emmêler les fils dentaires. Bled toujours, un homme regarde la situation parisienne avec beaucoup d’envie. Mis au ban par Jürgen Klopp, Mamadou Sakho se consume et voit sa carrière se réduire en cendres du côté de Liverpool. Et le destin de Kimpembe lui rappelle sensiblement le sien. Alors, au milieu du mois d’octobre, Mamad’ fait le forcing pour faire son retour au PSG et retrouver sa gloire d’antan. Une stratégie gagnante, puisque poussé au chéquier par les groupes d’ultras de retour dans le Parc des Princes (qui déploient une banderole « Mamadou, une arme, notre âme » ) Nasser cède et octroie un contrat « Papus » au revenant. À l’annonce d’un retour de Mamad’ à l’hiver, les grands boulevards s’embrasent.
… du coup, Serge Aurier va faire le médiateur à Sevran…
Dans le vestiaire, l’arrivée de Mamadou réjouit. Blaisou est un « gars soin » , tandis que Layvin Kurzawa et Serge Aurier fêtent le retour de l’enfant prodigue en enchainant 1h23 de dab sur Instagram. Et s’il ne joue pas beaucoup, c’est auprès du bon Serge que Sakho va réellement exercer son influence et justifier son retour. Celui qui, après France-Ukraine, a compris l’importance de l’image sur une carrière, prend le latéral sous son aile. Fini les débordements, fini les excès, soient-ils de vitesse. Serge Aurier va devenir un footballeur modèle. Des conseils rapidement assimilés par Aurier, dont la première action consiste à inviter Bernard de la Villardière dans une chicha de Sevran. Quelques « bonjour » , pas de « nique ta mère » : l’entreprise de réconciliation ne valdingue pas. Une belle affaire pour la ville, de nouveau apaisée, le joueur, couvert de lauriers, et M6, qui voit son émission Dossier Tabou retrouver une crédibilité sur la place publique.
… du coup, Bernard de la Villardière va mener l’enquête sur les bijoux de Kardashian…
Fort de ce nouvel élan populaire, Bernard propose un sujet décapant à sa rédaction. La planète n’ayant toujours pas résolu le mystère du vol de bijoux des Kardashian, le journaliste d’investigation se lance à sa recherche à l’aide d’une patrouille chevaline. Après quelques semaines d’enquête, faites d’interviews et de montage, le couperet tombe : trois individus d’origine asiatique et surnommés « le gang du tabac » sont confondus par les équipes. Verts que le pot aux jaunes ait été découvert, les malfrats ont toutefois eu le temps de (Jean-Vincent) placer les biens volés dans un cargo à destination de Shanghai. Qu’importe pour M6, qui se goinfre avec 38% de parts de marché ce soir-là.
… du coup, Donald Trump est élu président des États-Unis…
La nouvelle fait du bruit jusque de l’autre côté de l’Atlantique. Pendant le deuxième débat présidentiel, Donald Trump saute sur l’aubaine et lâche une saillie à l’égard du gouvernement chinois et de « ses sbires installés sur notre sol, qui volent nos emplois, s’infiltrent sans bruit dans l’idée d’installer une République de Chine jusqu’au fin fond du Texas » . Le discours fait écho dans toutes les couches de la société américaine. Afro-Américain, Mexicains, Coréens, même les femmes se rassemblent autour de ce nouveau combat, permettant au milliardaire gominé de l’emporter d’une courte mèche face à Maman Clinton. La planète est sous le choc : Donald Trump tient désormais la bride de la première puissance mondiale.
… du coup, Nicolas Sarkozy remporte la primaire…
En France, l’élection surprise du populiste donne des idées. Coincé entre le Karcher et le Buisson, Nicolas Sarkozy semble trouver un nouvel élan en adoptant un discours très proche de celui de son compère américain. Évidemment, l’envolée sur le thème de l’immigration asiatique résonne dans l’aile droite des Républicains, et permet à Sarkozy de l’emporter d’une courte tête sur Alain Juppé lors des primaires. Les centristes sont déçus, tandis qu’au PS, François Hollande a comme une odeur de DSK dans la bouche : et si, finalement, alors qu’annoncé perdant, 2022 était pour lui ?
… du coup, la taxe à 75% est imposée…
Rue de Solférino, c’est l’effervescence. Après moult réflexions sur la ligne à tenir lors de la campagne, les cadres s’accordent : il faut rassembler à gauche, et tenir les engagements non mis en œuvre pendant le premier mandat hollandais. Annonce phare, la taxe à 75% sur les gros revenus est remise à l’ordre du jour, et même durcie, puisque le prélèvement s’appliquera au-dessus de 300 000 euros par an. Entre tollé général et applaudissements de Philippe Poutou, la promesse fait son effet et le positionnement à gauche fonctionne. Coulé au premier tour, les thèmes identitaires étant déjà l’apanage de la Marine, Sarkozy laisse place à un Le Pen-Hollande lors du second. Et avec 56%, c’est bien François Hollande qui s’offre un doublé.
… du coup, Monaco devient le nouveau champion de France.
Installé dans son fauteuil présidentiel, François Hollande décide d’entamer son second mandat d’un nouveau pied. Oublié les conflits de parti, la mollesse des débuts, François est là pour imposer son style. Alors, s’il avait fait marche arrière sur la taxe à 75% en 2012, la promesse est tenue dès le début du quinquennat 2017. Pendant que le CAC 40 tire la tronche, les clubs de football tirent la sonnette d’alarme. En effet, croulant sous l’impôt, les joueurs de l’Hexagone plient les gaules dès le mercato estival pour rejoindre le bas de tableau en Premier League, les Émirats, et même le championnat bulgare. Les présidents de club sont en détresse, à l’exception d’un homme heureux : Dmitri Rybolovlev. Les lois fiscales ne s’appliquant pas à la Principauté, l’ASM est la seule écurie à avoir conservé ses éléments. Dès lors, opposé à des défenses de CFA2 qui tirent la langue, Valère Germain termine meilleur buteur de la saison 2017-2018 avec 67 unités, et Monaco glane le titre – le premier d’une longue série – en éclatant le record de points désormais établi à 113. La remise de l’Hexagoal est confiée à Mokobé.
Par Raphaël Gaftarnik