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Pourquoi la nouvelle formule de la Ligue des champions réussit aux clubs français ?
Encore en phase d’adaptation, la nouvelle formule de Ligue des champions fait pour le moment le bonheur des clubs français. Entre one-shots victorieux et gain d’expérience.
Non, pas la peine de jouer les puristes, ni les fins analystes tactiques. Au lancement de cette saison 2024-2025 de Ligue des champions, personne n’aurait pensé voir le Stade brestois, l’AS Monaco et Lille sur les hauteurs du classement européen. Personne, non plus, n’aurait pensé voir le PSG devenir le cancre de la classe hexagonale, en galérant contre Gérone ou le PSV. Le résumé, finalement, de la nouvelle formule de C1, dont le fonctionnement en sac de nœuds sied comme il faut à nos chers clubs de Ligue 1.
Dans ce format new look, la révolution principale a surtout été la suppression des matchs allers-retours. Avec huit rencontres singulières à disputer sur tout le continent, les clubs français ont en effet rapidement assimilé les bienfaits de ces modifications. Ainsi, tant à Brest, Monaco que Lille, faire un coup sans lendemain et gratter trois points précieux au classement est devenu une spécialité depuis septembre. D’autant qu’avec cette formule et avec les effectifs pas vraiment pléthoriques de nos écuries (PSG mis à part, évidemment), les risques sont moindres. Trivialement dit : il est plus « simple » de jeter toutes ses forces physiques, mentales et tactiques sur un seul match, plutôt que d’attendre – avec la boule au ventre – un duel retour, au cours duquel l’adversaire a prévu de vous en coller cinq. Les calculs sont aussi différents à l’approche des rencontres. Glaner des points face à des adversaires supposés plus faibles paraît là aussi simplifié, au même titre qu’une défaite ne vous place pas forcément en difficulté. L’inverse de la défunte phase de groupes, où perdre vous mettait directement en danger.
Plus d’exploits, moins de complexes
En arrière-plan, cette saison 2024-2025 a également amené avec elle le vent des exploits. Oui, sur un format classique, les succès de Lille contre le Real Madrid (1-0) et l’Atlético (1-3) auraient certainement été balayés par la manche retour. Merengues et Colchoneros se seraient ainsi vengés de l’affront, et les victoires lilloises n’auraient été qu’un vague souvenir. Mais grâce aux gentils messieurs de l’UEFA, les exploits du LOSC resteront à jamais de grands moments pour ses supporters. Idem à Brest, où la gifle en quatre temps infligée au RB Salzbourg a dessiné une campagne déjà réussie, et à Monaco, joli vainqueur d’un Barça que même le Bayern Munich n’a su contenir. Enfin, comment ne pas parler de l’expérience engrangée au cours de ces European Trips ? Graz, Salzbourg, Leverkusen, Belgrade, ce parcours d’étudiant au budget limité a permis à nos représentants de briser un plafond de verre. Celui qui, il y a encore quelques saisons, les complexait tendrement, au point d’être incapables de venir à bout d’une équipe tchèque ou turque.
Interrogé après le nul brestois contre le Bayer Leverkusen, Éric Roy a carrément décidé de lâcher les chevaux, comme pour symboliser cette prise de confiance : « C’est sûr que sept points après trois matchs, on ne l’aurait pas cru forcément. On aurait signé des deux mains. Je pense que la qualification est dans nos têtes déjà depuis nos deux premières victoires. C’est sûr que maintenant, c’est l’objectif. Il ne faut pas se cacher et faire les faux (modestes). » Réflexion prolongée par Bruno Genesio : « On sait que la C1 transcende. » Pas faux. Ces parenthèses hebdomadaires et enchantées nous offrent ainsi une dose de dopamine bienvenue.
Dans un contexte bordélique pour le football français, la faute à des problèmes financiers en tous genres (dettes, droits TV), la Ligue des champions rappelle que la Ligue 1 a encore de la ressource et que le label « Farmer’s League » se détache doucement. En quelques chiffres, cela se raconte d’ailleurs assez bien : au moment où ces lignes s’écrivent, la France grimpe sur le podium de l’indice UEFA (derrière l’Angleterre et le Portugal) pour la saison actuelle et reste solidement accrochée à sa cinquième place au classement global de ce même indice. Cela garantirait au pays quatre clubs directement qualifiés en C1 à partir de 2026. On aura donc le droit à plus de Brest, plus de Lille, et plus de Monaco.
Par Adel Bentaha