- Serie A
- J15
- Lazio-Juventus
Pourquoi la Lazio va taper la Juve
Plombée par des individualités trop souvent décevantes la saison dernière, la Lazio de Simone Inzaghi a retrouvé l'enthousiasme et l'élan collectif qui l'avaient hissée au cinquième rang de Serie A en 2017 et 2018. Mieux : elle n'a jamais semblé aussi forte au moment de croiser le fer avec la Juventus, et a même tout ce qu'il faut en magasin pour jouer un sale tour à la Vieille Dame ce samedi lors du quinzième acte de la Serie A. Voilà pourquoi.
« Il est hyper, hyper dangereux. Les chiffres parlent pour lui. » Avant de se déplacer à Rome pour défier la Lazio ce samedi, Maurizio Sarri ne peut lui aussi qu’ouvrir sa boîte à louanges pour féliciter Ciro Immobile de son début de saison galactique. Avec 17 buts en quatorze matchs, l’attaquant laziale survole le classement des buteurs de la Serie A. Son dauphin immédiat, Romelu Lukaku, plafonne à dix unités alors que la Lazio pointe au troisième rang de la Serie A. Des statistiques stellaires, qui sont aussi le résultat d’un collectif semblant carburer comme jamais depuis plusieurs mois.
Un patron nommé Luis Alberto
Quelques chiffres à grappiller, pour se faire une idée de la solidité de cette Lazio-là : elle n’a plus perdu en Serie A depuis le 25 septembre (face à l’Inter, 1-0), a marqué au moins deux buts lors de ses neuf derniers matchs de championnat – un record dans l’histoire du club – et est à la fois la seconde meilleure attaque et la troisième défense d’Italie. Alors, comment une équipe qui échouait à un décevant huitième rang de la Serie A la saison dernière a-t-elle pu repartir sur des bases aussi costaudes ? La réponse se trouve, déjà, dans le retour au premier plan de certaines de ses têtes d’affiche. Lost in translation la saison dernière à la suite de plusieurs rumeurs de transfert avortées, le wonderkidserbe Milinković-Savić est redevenu le sergent en chef du milieu laziale, lui qui sait peu ou prou tout faire dans l’entrejeu : aussi bien gratter des ballons qu’amorcer la phase de création, comme en attestent ses cinq passes décisives au compteur en Serie A.
Surtout, la Lazio peut enfin de nouveau compter sur Luis Alberto, son meneur de jeu attitré. Qui, après une saison quasi anonyme lors du précédent exercice, ressort enfin sa vision de jeu et sa qualité de passe des cartons. Numéro 10 incontesté d’Inzaghi, l’Espagnol constitue la clé de voûte de l’animation offensive laziale et surdomine le classement des passeurs de la Serie A, avec déjà neuf services décisifs à son actif. Peut-être encore plus évocateur, il est le second joueur à avoir réussi le plus de passes-clés en championnat cette saison (quinze, juste derrière le Parmesan Dejan Kulusevski qui en compte seize). Un exercice où il devance d’autres créateurs pourtant très en verve, comme Alejandro Darío Gómez et Paulo Dybala.
La Lazio selon Inzaghino
Le reste de la tambouille biancocelesteest bien entendu une affaire collective, alors que la Lazio imprime dans l’ensemble avec succès son style sur la Serie A depuis l’arrivée d’Inzaghi aux manettes en 2016. Outre son 3-5-2 signature, Inzaghino table sur une équipe qui, sans refuser la possession, brille encore plus quand elle peut dérouler ses contres, alors qu’Immobile et Correa sont notoirement à l’aise pour prendre la profondeur et dévorer les espaces. Les Laziali sont, de fait, seulement la dixième équipe en matière de possession de balle, mais figurent tout en haut des chartsquand il s’agit de voler le ballon à l’adversaire : avec près de onze interceptions par match, seul le Torino les devance dans cet exercice cette saison.
Et si les paquets de buts d’Immobile impressionnent, ils dissimulent en réalité une vraie réussite collective : à l’aube de la quinzième journée, la Lazio a dans ses rangs trois des cinq joueurs ayant le plus tiré en championnat (Joaquín Correa, Luis Alberto et donc Immobile). Signe que le danger qu’elle amène sur le but adverse peut prendre des formes bien différentes. Elle n’est également que la douzième équipe qui centre le plus, refusant de s’enfermer dans des schémas de jeu trop stéréotypés sur les côtés.
Reste à croquer des ogres, maintenant
Des ailes où le club s’est par ailleurs renforcé, cet été. Une bonne idée, le poste de piston droit où aucun joueur n’avait réellement convaincu la saison précédente s’étant trouvé un patron en l’Italien Manuel Lazzari. Un nouveau venu qui s’est rapidement fondu dans le moule, notamment parce qu’il était habitué au 3-5-2 (système préférentiel de son club précédent, la SPAL).
Avec la confirmation de Joaquín Correa devant pour appuyer Immobile, la Lazio gagne enfin en versatilité offensive : rapide et techniquement à l’aise, l’Argentin peut aussi jouer de sa grande taille (1,88m) pour servir de point d’ancrage à Luis Alberto et Immobile. Est-ce que tout cela sera seulement suffisant pour faire tomber la Juve, qui reste encore invaincue en Serie A lors de l’exercice en cours ? Ce qui est certain, c’est que la Lazio n’a jamais paru aussi armée pour retrouver la Ligue des champions à l’issue de la saison. Et que, pour ce faire, il lui faudra bien scalper quelques gros noms en cours de route. À commencer, pourquoi pas, par l’ogre bianconero.
Par Adrien Candau
Tous propos issus de La Gazzetta dello Sport