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Pourquoi la Corse aime tant Frédéric Hantz

Par Thomas Andreï
Pourquoi la Corse aime tant Frédéric Hantz

Quatre ans après son arrivée en 2010, Frédéric Hantz dirigera samedi soir à Furiani son dernier match avec Bastia. Avec le Sporting, Hantz aura connu deux montées consécutives et deux titres de champion. Ce qui lui vaut, entre autres, d'être l'entraîneur le plus aimé par les Corses depuis le vieux Pierre Cahuzac.

Il est 23h30 lorsque Frédéric Hantz rejoint son lit. Le Sporting vient de remporter le derby et d’envoyer l’AC Ajaccio en Ligue 2 après des mois de morosité. Ou comme l’impression pour les supporters de jouir pour la première fois après des semaines de prison. Certains fans sont tellement heureux qu’ils viennent chanter sous la fenêtre du coach place du marché, au cœur historique de la ville.
Réveillé, Hantz se lève, regarde par sa fenêtre, met ses claquettes et descend ses quatre étages passer quelques minutes avec les supporters. Le temps de quelques poignées de main, d’une photo et de signer ce cercueil qui fit étrangement scandale au pays de l’humour noir.
Leçon de corsité
Quelques jours plus tard, en conférence de presse, Hantz répond aux critiques du président ajaccien Alain Orsoni. L’ancien militant nationaliste moque l’attachement de l’entraîneur turchinu aux valeurs locales : « Je me souviendrai du patriote corse Frédéric Hantz qui dédicace le cercueil rouge et blanc pour communier avec quelques abrutis avinés… » Orsoni ajoute : « Je suis corse parce que cela implique l’adhésion à certaines valeurs qui semblent se diluer chez ceux qui beuglent leur corsité en foulant au pied ce que nous sommes. »

Toujours aussi juste dans ses interventions, Frédéric Hantz répond : « Je rappelle à Monsieur Orsoni que je ne suis pas corse. Et dans mes déclarations depuis quatre ans, je n’ai jamais prétendu l’être. » Ou comment rappeler à tout le public bastiais l’amour qu’il portait à son entraîneur.

En adhérant à l’identité corse sans pour autant se revendiquer comme tel, Hantz réalise le rêve de tout Corse qui veut intégrer son ami continental.

On raconte que les Corses détestent les « pinzuti » . C’est faux. Il faut juste s’adapter à eux, les comprendre et à ce moment-là, ils feront de la taule pour vous. Hantz, c’est ce mec qui a compris les Corses. Ce pote dont les tentatives de prononciation de « Furiani » provoquaient une légère gêne, mais toujours compatissante.

Compatissante, car niveau corsité, Hantz a fait beaucoup. On parle d’un homme qui a fait prendre des cours de corse à tout le groupe, et ce, depuis le National. Un homme qui cite Aleria, Ponte Novu, la communauté de destin et les grandes heures du nationalisme local. Un homme dont le nom fut tagué sur une statue de Napoléon après le titre de Ligue 2, et qui a récolté 86 voix aux élections présidentielles.

Alors que les vingt ans du drame de Furiani approche, Frédéric Hantz utilise l’événement pour inculquer les valeurs locales au groupe. Pour refaire du Sporting plus qu’un club du football, lui redonner une âme.

On se souvient de cet émouvant numéro d’Interieur Sport où Hantz explique aux joueurs l’importance du traumatisme causé par la tragédie au sein du peuple corse. À en foutre des larmes aux yeux de Jérôme Rothen.

(à partir de 14min50)

Un divorce de raison
Alors pourquoi cette séparation ? À vrai dire, on ne sait pas trop. Cela se sentait dès janvier, où les supporters osaient enfin peu à peu critiquer leur idole. Des remplacements étonnants, un entêtement tactique, une inaptitude à gérer les joueurs les plus expérimentés étaient alors pointés du doigt. Entre Hantz et le public turchinu, ce n’était simplement plus pareil. Comme dans ces couples qui s’aiment encore, mais n’ont plus grand-chose à se dire. Cette histoire se termine de la sorte parce qu’il n’y a plus rien à faire et qu’il vaut mieux en finir ainsi que dans le bruit et la fureur. Parce que c’est la vie.

On se souvient alors seulement des bons moments. Des deux montées successives, des buts de Sadio Diallo contre Metz, de Hantz face à la Tribune Est qui invite à l’envahissement de terrain, de sa moustache bleue et blanche moquant Frédéric Thiriez. Et puis du premier match à Furiani, la saison passée. Celui du retour en Ligue 1, celui où Ilan inscrit le but du 2-1 face à Reims à la dernière seconde. Hantz bondit de son banc, le visage béat et court comme un gamin. Ou quand la passion n’a pas besoin de grands titres pour être bien réelle.

Suivant la fameuse phrase de Stendhal, il est connu que les Corses aiment et haïssent avec passion. Si l’on suit les témoignages sur les réseaux sociaux, l’amour pour Frédéric Hantz va jusqu’à la déraison.

Mais Hantz a sauvé le Sporting, et ça, les Corses ne l’oublieront pas.

Dans cet article :
Deux purges en play-off d’accession au Championship
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Par Thomas Andreï

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