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Pourquoi Karim Benzema ne doit pas revenir à Lyon
Annoncé avec insistance depuis quelques mois proche d’un retour à Lyon pour boucler la boucle, Karim Benzema n’a en réalité absolument rien à gagner à revenir dans son club formateur. Voilà pourquoi.
C’est peut-être l’un des fantasmes les plus tenaces dans le monde du football : espérer le retour au bercail de l’une de ses légendes et pourquoi pas le voir y terminer sa carrière. Une manière de « boucler la boucle » , de profiter une dernière fois de ses gestes, de ses courses, de lui. Une hérésie sans nom qui ne touche pas uniquement les supporters lyonnais et Karim Benzema, dont le retour au bercail à 33 ans est espéré fortement par une partie des fans rhodaniens aujourd’hui. En dépit de toute logique.
À Lyon, l’histoire est déjà écrite
Pour beaucoup, revoir Benzema à Lyon serait surtout un moyen de satisfaire leur nostalgie. Celle d’un Lyon qui marchait sur la Ligue 1 sans se soucier de ce qu’il y avait sous ses souliers, celle où Karim Benzema était le joueur le mieux payé du championnat devant Claude Makélélé et s’apprêtait à devenir le meilleur joueur français de la dernière décennie en signant au Real Madrid. C’était il y a douze ans, une autre époque qu’il faut accepter de laisser tranquille désormais. Car aujourd’hui, Benzema est bien trop gros pour Lyon. Son palmarès à l’échelle européenne est plus important que celui de l’ensemble du foot français. Quel intérêt aurait-il réellement à revenir à l’OL ? Celui de jouer au Groupama Stadium quand il peut continuer à fouler la pelouse du nouveau Santiago Bernabéu pendant encore quelques mois ? Cela n’a pas de sens. « Rendre à Lyon ce que le club lui a donné ? » Merci, mais c’est déjà fait. Son ancien agent, Karim Djaziri, l’expliquait bien il y a quelques semaines : « Il y a tout à l’OL pour Karim, mais il n’a pas envie de revenir à Lyon et ne pas avoir les jambes. » Et c’est vrai !
Car contrairement à Wayne Rooney, revenu à Everton en 2017-2018 pour une pige, ou même à Arjen Robben à Groningen cette saison qui n’a joué que quarante-quatre minutes, l’équipe de Jean-Michel Aulas est demi-finaliste en titre en Ligue des champions et joue actuellement le titre en Ligue 1. En clair : elle se débrouille déjà très bien toute seule. Si, à première vue, récupérer Karim Benzema est tout sauf une erreur sur le court terme, qu’en est-il du long terme ? Pourquoi sacrifier le développement d’Houssem Aouar, de Tino Kadewere ou le leadership de Memphis Depay pour un ou deux ans de rab de Benzema ? Les supporters lyonnais sont les premiers à s’insurger qu’il n’y ait pas suffisamment d’espace pour leurs pépites lorsque Amine Gouiri doit s’envoler vers l’OGC Nice pour trouver du temps de jeu ou que Rayan Cherki fait banquette. Chacun son tour !
Quoi qu’il fasse, Benzema sera grand
Revoir Benzema à Lyon maintenant, c’est également le risque de gâcher une fin de carrière qui ne mérite pas ça. À l’heure actuelle, les stades sont vides, et aucun accueil digne de ce nom ne peut lui être réservé. Il est tout aussi légitime de vouloir garder en mémoire les images d’un KB9 claquant un coup franc à Geoffroy-Guichard à la 92e minute de jeu, au top de sa forme, plutôt que de risquer de quitter une icône sur un goût d’inachevé. Et puis, personne n’envisage non plus que l’expérience tourne mal. Mais a-t-on réellement envie de voir un joueur de sa trempe se faire insulter par @GoneBabyGone pour un penalty raté à Angers ? A-t-on réellement envie de voir certains chroniqueurs en manque de followers reparler chaque semaine de l’histoire de la sextape, de ses relations glaciales avec Didier Deschamps ou du fait qu’il ne chantait pas La Marseillaise en équipe de France ? Pas vraiment, non.
On a plutôt envie de voir Benzema continuer de s’éclater dans l’un des plus grands club du monde, nous régaler de gestes fous, combiner encore et encore avec Luka Modrić ou Toni Kroos et offrir à Omar da Fonseca et Benjamin Da Silva le soin de continuer à nous compter ses exploits depuis l’Espagne. Aucune loi n’interdit aux gens de rêver de revoir Lionel Messi signer à Newell’s, Cristiano Ronaldo s’offrir un dernier tour de piste au Sporting Portugal ou Karim Benzema revêtir un jour le maillot de l’OL. Mais les rêves doivent parfois rester des rêves.
Par Andrea Chazy