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Pourquoi Juventus-Atalanta est le véritable choc de la Serie A
Certains s'emballent devant la Lazio, d'autres attendaient l'Inter. Certains croient encore au Milan, d'autres plaçaient de grands espoirs dans la Roma ou en Naples. Sauf que ces deux dernières saisons, les deux équipes italiennes qui font le show et procurent le plus de sensations s'avèrent être les deux adversaires des clubs français encore en lice en Ligue des champions : la Juventus (opposée à l'Olympique lyonnais en huitièmes de finale de C1), et l'Atalanta (qui rencontrera le Paris Saint-Germain en quarts). Dans des styles complètement opposés, mais avec foi.
C’est une curiosité qui n’est pas dénuée de sens, et qui démontre même à quel point les deux clubs n’évoluent pas (encore ?) dans la même cour. Cette saison, l’Atalanta n’est jamais parvenue à grimper sur l’une des deux premières places du championnat et s’est donc contentée de naviguer entre les troisième et sixième rangs (à l’exception de son classement au terme du deuxième match, sa défaite contre le Torino l’ayant repoussée à la onzième position). Pour la Juventus, c’est exactement le contraire : tableau de première et troisième journées mis à part, le leader actuel a toujours squatté le haut du panier en s’asseyant sur la première ou la deuxième marche. Le symbole d’un club abonné à la quête de titre, comparé à un autre dont les qualités et le travail ne lui permettent pas (encore ?) de lutter pour les trophées.
Cela étant dit, le Juve-Bergame de ce samedi comptant pour la 32e journée de Serie A n’en reste pas moins une affiche correspondant au vrai choc italien de ces deux dernières années. Au vu de la forme du moment, d’abord. Quasiment invincible à l’extérieur (un seul revers en quinze déplacements, personne ne fait mieux), la Dea explose tout sur son passage depuis la reprise suivant la pause coronavirus (six victoires, en autant de parties). De son côté, la Vieille Dame n’a été ralentie que par Milan (de manière spectaculaire, certes). Si l’on remonte jusqu’au 24e acte, les deux entités ont carrément croqué 45 points sur 48 possibles (!) en cumulé. Voilà pour le cliché de l’instant.
Les autres, ça dégage
Sur le moyen terme, ensuite. Au vrai, cela fait en effet un petit moment désormais que Turinois et Bergamasques procurent un maximum de plaisir à leurs supporters. Lesquels n’ont absolument pas à être jaloux de ceux de Milan (qui a bien du mal à retrouver sa gloire d’antan), de Naples (qui ne fait plus partie des candidats au trône, et se bat pour la zone Ligue Europa), de la Roma (qui connaît les mêmes déboires que le Napoli, sur le plan des résultats stricts), de l’Inter (qui doit patienter un peu pour que la graine d’Antonio Conte germe et donne tous ses fruits, afin de dépoussiérer la vitrine vide depuis 2011), ou même de la Lazio (dont les anciens espoirs de sacre sont aussi grands que la frustration récente). Car chacun dans leur style, la Juventus et l’Atalanta s’imposent depuis de longs mois comme les équipes frisson de la Botte. L’une en ajoutant ligne sur ligne à son palmarès, l’autre en proposant un spectacle de qualité grandiose. Dommage pour l’Olympique lyonnais et le Paris Saint-Germain, qui se les coltinent en LDC.
Portée par une puissance offensive de feu et un collectif remarquable mené de main de maître par Gian Piero Gasperini, la Dea offre ainsi un divertissement devant lequel personne n’est insensible. Avec 85 réalisations inscrites, la meilleure attaque du pays émerveille les yeux de tout amateur de ballon. Seuls deux de ses adversaires (la Sampdoria et Cagliari) ont réussi à accrocher un clean sheet, devant celle qui vient de se qualifier pour la Ligue des champions pour la deuxième fois (consécutive) de son histoire et qui est toujours en course en C1 édition 2019-2020. En 2018-2019, le scénario était d’ailleurs identique, bien que plus raisonnable (77 goals, meilleur bilan de Serie A).
Souviens-toi l’aller dernier…
À ce niveau-là, la Juventus fait encore mieux avec une unique performance sans tremblement de filet (sur la pelouse de la Fiorentina, mi-septembre). Plus « discrète » , mais beaucoup plus pragmatique, la Vieille Dame brille semaine après semaine par son expérience et son absence de lassitude dans une compétition qu’elle s’apprête à glaner pour la… neuvième fois d’affilée. Un ogre, même pas déstabilisé par le changement d’homme vécu sur son banc. Et si certains pointent du doigt le jeu déployé avec Maurizio Sarri, ils oublient que les Turinois tournent à quasiment trois pions par réception et collent en moyenne plus de deux caramels par sortie sous les ordres de l’ex-entraîneur de Chelsea.
En témoigne la confrontation aller en novembre, la Juve renversant complètement l’Atalanta en marquant à trois reprises dans le dernier quart d’heure alors qu’elle était menée. Dès lors, que faire pour les autres membres du championnat italien qui aimeraient bien récompenser leurs fans d’une manière aussi distinguée ? Réponse : regarder, contempler et s’inspirer. De leur régularité, de leur détermination et de leur abnégation. Parce que oui : un choc, ça s’étudie.
Par Florian Cadu