Pourquoi Jordan Ferri est meilleur que Xavi

Jordan Ferri entre en plein dans la phase 2 de sa carrière. La première s’est relativement bien passée. Normal, c’est la fameuse étape linéaire, celle où on ne fait que monter. Lancé dans le grand bain il y a trois saisons, ce pur produit de la formation lyonnaise s’est progressivement affirmé dans le groupe au point de faire une excellente saison l’an passé avec les Gones. Titulaire en 2013/2014, unique buteur contre le PSG en fin d’exercice, il a franchi le fameux palier la saison dernière, où il a fait oublier sans mal les blessés à l’année qu’étaient Gueïda Fofana, Yoann Gourcuff et Clément Grenier. Milieu relayeur de devoir pouvant dépanner au poste d’arrière droit, il a fait la fierté de ses supporters, trop heureux de pouvoir vanner les Marseillais d’avoir laissé le natif de Cavaillon venir faire toutes ses classes dans le réputé centre de formation lyonnais. Mais cette année, l’équipe d’Hubert Fournier connaît une saison plus délicate. Démarrage poussif en Ligue des champions avec un point en deux journées, le rythme de croisière est également loin d’être fou en championnat. L’entraîneur tire à vue sur Lacazette à chaque conférence de presse, Fekir s’est fait les croisés, les joueurs augmentés cet été ont la pression présidentielle et… les fans rhodaniens se sont trouvé une nouvelle tête de Turc, Ferri, coupable d’être trop maladroit face au but adverse. Dur quand on sait qu’il y a déjà Jérémy Morel dans l’effectif, plutôt habitué au rôle.

Xavi, lancé par Van Gaal, critiqué après

Ferri déguste. Le petit milieu de terrain ne dit rien, mais il peut checker sans mal la fiabilité de son entourage. Car ses soutiens ne sont plus si nombreux. Une situation que Xavi a déjà vécue au FC Barcelone. Lancé par Van Gaal quand les Blaugrana dominent la Liga avec Luis Enrique, Figo, Rivaldo et Kluivert, le milieu de terrain, qui dénote alors lui aussi par sa taille n’est pas épargné les saisons suivantes, quand le collectif ne tourne plus. Les interminables débats entre supporters arrivent souvent à la même issue en ce qui le concerne. Si le Barça veut retrouver de sa superbe, il faut en finir avec les joueurs du calibre de Xavi. Pas mauvais, mais pas au niveau d’un supposé cador européen. Malgré des rumeurs de prêt un peu partout en Europe, même à Marseille lorsque Javier Clemente est nommé entraîneur, Xavi tient bon pendant ces quatre années difficiles. Et lorsque Ronaldinho et Rijkaard arrivent pour replacer le club catalan sur le chemin de la victoire, il est encore là, titulaire au milieu de terrain, profitant des blessures des uns et des autres pour finalement mettre tout le monde d’accord avec le sacre européen de 2006. Il quitte son club de toujours l’été dernier avec une besace bien remplie : 8 Liga, 3 Copa del Rey et surtout 4 C1.

Lyon, ce n’est pas la Catalogne

En matière de palmarès, c’est sûr, Ferri aura du mal à faire mieux. Mais pour ce qui est du mérite, s’il quitte l’OL à 35 ans après 17 années passés en équipe première, il aura quoi qu’il arrive été plus haut. Parce que ce qui a peut-être sauvé Xavi à un moment donné, c’est aussi le fait d’être catalan, il ne faut pas se mentir. Un précieux bénéfice du doute. Jordan Ferri n’est lui pas né entre Rhône et Saône. Quand bien même, les citoyens lyonnais sont moins portés sur le régionalisme que leurs homologues catalans. Il pourrait être dégagé sans regrets, même avec un grosse carrière derrière, un peu comme Thiago Motta, qui était alors brésilien à son époque Barça. Et il n’est pas dit, non plus, que son président ait les moyens un jour de signer un potentiel Ballon d’or pour ramener le club au sommet. Du coup, les supporters auront peut-être toujours un peu plus envie de voir le négatif, et donc de taper sur ce bon Jordan Ferri. Une bonne chose que le Français soit plus trapu que l’Espagnol, il va falloir encaisser plus de coups.

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