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Pourquoi Jackson Martínez ne joue pas ?

Par William Pereira
Pourquoi Jackson Martínez ne joue pas ?

Pour l'Atlético Madrid, il vaut 35 millions d'euros. Pour son sélectionneur, il ne mérite que 32 minutes en trois matchs de Copa América. Pourquoi le triple meilleur buteur de Liga Nos et bourreau de Manuel Neuer en C1 est un anonyme en équipe nationale ?

Parce que Pékerman laisse du temps à Radamel Falcao

Jackson Martínez sort d’une excellente saison et, à l’inverse de la Coupe du monde qui ponctuait un exercice 2014 dégueulasse du Colombien avec Porto, il paraît incompréhensible de le voir disputer des fractions de matchs dans une compétition aussi importante que la Copa América. Manuel Neuer doit d’ailleurs faire partie des gens qui cherchent à comprendre. En quarts de finale de la Ligue des champions, le « Cha cha cha » avait provoqué un penalty face au portier allemand, marqué deux buts et presque redonné espoir à son équipe tout seul quand celle-ci prenait l’eau à Munich. Cette année, Martinez est un gars qui fait la diff’. Un grand bonhomme, quoi. À côté de lui, le cru 2015 de Falcao est un vieux vin bouchonné. Le Tigre, ou plutôt le chaton, est en manque de confiance, un paramètre qui a son importance à ce poste. Ça aurait pu être le prétexte idéal pour le laisser sur le banc. C’est finalement celui qui explique pourquoi Pékerman le laisse sur le terrain. Falcao manque de rythme, n’a pas cessé d’être conspué en Angleterre. Pour retrouver son niveau, il a besoin de confiance. Et pour retrouver la confiance, il doit jouer jusqu’à trouver le déclic. Finalement, la question sous-jacente que pose ce pari du sélectionneur colombien est de savoir qui, de Jackson Martínez ou de Falcao, est le meilleur quand les deux sont au top. En essayant de retrouver le vrai Falcao, Pékerman semble avoir sa réponse…

Parce que son profil ne colle pas avec le jeu colombien

Au-delà des qualités intrinsèques du joueur se pose la question du style de jeu. Radamel Falcao, Bacca et Gutiérrez sont beaucoup plus portés vers l’avant que Jackson Martínez. Leurs appels sont verticaux (dans le sens du but), alors que le nouveau joueur de l’Atlético Madrid préfère dézoner pour prendre le jeu à son compte et avancer grâce à sa puissance ainsi que ses qualités techniques. Il n’est pas assez explosif ni endurant pour se lancer dans des grandes courses croisées ou désorienter les défenses adverses en multipliant les appels dans la surface. C’est un 9 polyvalent. Évidemment, ses trois concurrents savent aussi jouer au ballon et participer au jeu, mais c’est moins naturel que chez Martinez. Or, cela pose plusieurs problèmes dans le système Pékerman. Le premier, c’est que la tendance à décrocher de Jackson peut gêner James Rodríguez, meneur de jeu et leader technique de l’équipe. Un 10 et un 9 qui se mue souvent en 9 et demi finissent forcément par se marcher dessus. D’autre part, le style colombien est très percutant. James, Cuadrado et Gutiérrez sont des joueurs qui se projettent rapidement vers l’avant en essayant de casser le moins possible le rythme avant d’atteindre le but. Le futur ex-Dragao, lui, est tout sauf rapide et vertical. Enfin, Martinez est un vrai flemmard quand il s’agit de presser la défense d’en face. Il est capable d’aller au charbon deux ou trois fois par mi-temps, mais c’est sa limite. Falcao, même naze et avec le moral à zéro, harcèle les défenseurs et récupère des ballons hauts. Tactiquement, ça peut faire la différence aux yeux d’un entraîneur.

Parce que Pékerman fait toujours des erreurs

On l’aime beaucoup, José Pékerman. Ses équipes jouent bien, il a gagné trois fois la Coupe du monde avec les U-20 de l’Argentine entre 95 et 2001, mais il y a toujours un moment où il déconne. C’est comme ça. Jamais personne n’oubliera l’Allemagne-Argentine de 2006, et ce remplacement de Riquelme, sorti exténué, pour laisser sa place à Cambiasso. Que le maestro sorte, c’était une évidence, il était cuit et ne pouvait plus avancer sur le terrain. Mais bordel, José, pourquoi ne pas faire entrer Pablito Aimar pour garder le contrôle du match ? Pourquoi ne pas faire entrer Messi, le joker, en prolongation pour essayer de marquer et ainsi éviter une séance de tirs au but que tu n’avais pas pris soin de préparer avant ce quart de final décisif ? Et puis Tévez aux côtés de Crespo, pourquoi, sachant que ce dernier s’entendait à merveille avec un Saviola en super forme ? Bref, il est fort possible que la non-titularisation de Jackson Martínez n’ait aucune explication rationnelle et que Pékerman suive une nouvelle fois, à tort, un instinct qui l’a conduit plus d’une fois à la lose.

Parce que l’Atlético Madrid a payé la Fédération colombienne

On connaît le FC Porto. Jamais à cours d’arguments pour faire grimper les prix. On peut en quelque sorte dire que Pinto da Costa a inventé le concept de soldes inversées. « +320% sur le défenseur central français tout moisi, allez-y messieurs, dames, ça fait plaisir ! » Tout le monde savait que Jackson Martínez partirait du Dragão cet été et que le club qui alignerait les 35 millions d’euros de la clause libératoire gagnerait le gros lot. Mais dans l’hypothèse où le numéro 9 portista réalisait une Copa América de dingue, qu’est-ce qui nous fait croire que le Vito Corleone portugais n’aurait pas exigé quelques millions en plus pour sa perle colombienne ? Imaginant ce scénario catastrophe, et malgré le fait que le club fasse semblant d’être riche en se payant des gros joueurs, l’Atlético Madrid verse quelques billets dans les poches des dirigeants de la Fédération colombienne pour s’assurer que le Cha cha cha ne dispute pas plus de quinze minutes par match. Et c’est ainsi que les Colchoneros ont bouclé le transfert à 35 millions d’euros (voire un peu moins). En revanche, maintenant que les deux clubs ont signé, on a le droit de voir Martinez sur le terrain ?

Parce que Jackson Martínez n’est pas sponsorisé par Franck Provost

Ce n’est plus un secret pour personne, de nos jours, les sponsors ont un énorme impact sur le football. Certains n’hésitent pas à faire des caprices auprès des équipes et des joueurs pour leurs propres intérêts comme Nike, Adidas, Puma… et maintenant Franck Provost. Le salon de coiffure français a promis la place de titulaire de l’attaque colombienne au premier qui ferait la promo de la marque en arborant une coupe de cheveux dégueulasse. Depuis, Radamel Falcao a perdu sa dignité. Jackson Martínez et sa coupe standard façon PES3, eux, chauffent le banc avec Pékerman. C’est toujours mieux que la coiffure du Tigre, qui ressemble à présent à un kéké des plages ou à un fan des soirées gel sur la Costa do Sol. Même Valbuena fait moins beauf (… non quand même pas). On sent clairement la démarche du gars qui sort d’une rupture douloureuse et qui veut tourner la page en apportant un vent nouveau sur sa vie. Sauf que là, c’est au mieux un courant d’air frais qui arrive sur ses oreilles, rien de plus.

Par William Pereira

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