- Ligue 2
- J3
- Paris FC-Havre AC
Pourquoi il faut supporter le Paris FC
Il devait faire la saison en National 1 et a finalement été repêché à la suite de la rétrogradation de Bastia. Le Paris FC est donc un miraculé de la Ligue 2, et avec l'aide de son président et de son capitaine, on a trouvé quatre bonnes raisons de le supporter cette saison.
Tu es plus David que Goliath
Comme la plupart des Français, vous aimez voir Calais ou Quevilly botter les fesses d’un gros club professionnel. En clair, les 32e de Coupe de France sont votre petit plaisir de début d’année. Dès lors, rien de plus logique de soutenir le Paris FC pour cette nouvelle saison de Ligue 2 : d’abord prévu en National 1 après avoir perdu son barrage d’accession contre Orléans en juin dernier, le locataire du Stade Charléty a été repêché quelques jours avant la 1re journée. Pas idéal pour se préparer, d’autant plus que techniquement parlant, le Paris FC est donc une équipe de National 1 qui évolue en Ligue 2 cette saison.
L’avis de Pierre Ferracci (président du PFC) : « On a dû écourter notre préparation, car la Ligue 2 reprend plus tôt que le National 1, avec une semaine de travail foncier en moins et trois matchs amicaux annulés sur les six prévus. Quand on a eu vent des premières rumeurs sur notre retour en Ligue 2, on a bloqué notre recrutement et on a ensuite dû l’adapter en cours de route. En clair, ce n’est pas idéal, mais pour le moment, on a 4 points sur 6 possibles, ce qui, quand on voit notre été mouvementé, est inespéré. Je suis corse, donc je suis un peu triste d’avoir profité des malheurs du Sporting, mais on ne se plaint pas, on préfère être en Ligue 2. »
L’avis d’Hervé Lybohy (capitaine du PFC) : « Le club était en Ligue 2 il y a deux ans. On se sert de ça pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Tant mieux si des gens nous soutiennent parce qu’on a l’image du plus faible du championnat. Dans notre situation, chaque petit soutien, chaque encouragement est bon à prendre. On a eu une préparation tronquée, mais c’est le côté bonus qui prédomine. On arrive avec humilité et sans complexe, et nos débuts ont été encourageants. »
Parce que le transfert de Neymar t’a indigné
La dernière recrue dont se targue le PFC, c’est Didier Ovono, l’ancien gardien du Mans, aujourd’hui âgé de 34 piges. Pas de quoi effrayer un Salvatore Sirigu, et donc suffisant pour situer la philosophie actuelle du PFC : diamétralement opposée à celle du PSG qui claque 222 millions d’euros sur Neymar Jr avant de le présenter devant un Parc des Princes comble. Si le Paris FC s’offrait demain un joueur d’Eibar, son CIT (certificat international de transfert) arriverait probablement avant celui de la nouvelle star du PSG…
Pierre Ferracci : « Avoir un deuxième club à Paris, c’est très dur, surtout face à un PSG qui écrase la concurrence, encore plus fort depuis l’arrivée du Qatar. Il faut voir que d’un côté, on a un club de dimension internationale, avec un État derrière. Pour nous, il ne sera jamais question de mettre 200 millions sur un joueur. D’ailleurs, même si on le pouvait, ce ne serait pas notre philosophie. On est plus dans l’idée de développer un club populaire, assez humble, tourné avant tout vers la formation. Et puis on ne se projette pas trop loin. Pérennisons déjà le club en Ligue 2… »
Hervé Lybohy : « C’est clair que le PSG et le PFC, ce sont deux histoires différentes, on n’est pas dans la même catégorie. On n’a pas et on n’aura probablement jamais les moyens de les concurrencer même si on montait un jour en Ligue 1. »
Parce que tu rêves d’assister à un derby parisien
Londres s’en paie un tous les week-ends minimum. À Madrid, il se déroule tous les deux ans en finale de Ligue des champions… Sans parler de Milan, Glasgow, Rome ou même Manchester. À Paris ? Le dernier derby en date, c’était un Red Star/Paris FC en Ligue 2 il y a deux ans. Forcément, voir un vrai derby parisien en Ligue 1 avec deux clubs ambitieux, ce serait pas mal avant la fin de votre vie, non ? Imaginez d’un côté les Neymar, Pastore, Rabiot… et de l’autre les nouveaux Pancrate, Armand et autre Coridon… Car il faut bien l’admettre, personne n’est mieux placé que le PFC pour faire renaître l’esprit du PSG pré-QSI.
Pierre Ferracci : « C’est certain que ce serait exceptionnel. En matière d’événement sportif, en matière de rayonnement pour le football français, ce serait beau un derby parisien en Ligue 1. Mais cela fait tellement longtemps qu’on en parle sans que personne n’y arrive… En réalité, il y a beaucoup de bons clubs en région parisienne, mais le problème, c’est d’en avoir deux de niveau comparable chez les professionnels. »
Hervé Lybohy : « Ce serait un truc de fou d’être en Ligue 1 et de jouer des derbys contre le PSG. Mais sincèrement, il ne faut pas s’enflammer, c’est encore loin. »
Parce que tu veux le meilleur pour le football français
Neymar, Pastore, Verratti, Marquinhos… C’est bien beau les stars en Ligue 1, mais l’effet secondaire, c’est de voir un Jean-Kévin Augustin s’exiler au Red Bull Leipzig pour faire carrière. Comme beaucoup avant lui, et pas seulement depuis l’arrivée du Qatar, l’attaquant passé par l’AC Boulogne-Billancourt n’a pas eu sa chance au PSG. Un club qui peine à miser sur ses jeunes quand bien même il siège sur une mine d’or, l’Île-de-France, principal fournisseur de joueurs professionnels en Ligue 1. Au Paris FC, autant par conviction que par nécessité, la formation est un pilier. Un PFC qui perdure en Ligue 2 voire en Ligue 1, c’est une nouvelle porte d’entrée vers le monde pro pour les talents footballistiques de la région parisienne. Une bonne chose pour le football français.
Pierre Ferracci : « Arsène Wenger m’avait dit « l’Île-de-France, c’est l’un des meilleurs viviers au monde. Si un second grand club se monte à Paris, il doit s’appuyer dessus. » Au 1er juillet 2018, notre centre de formation, à construire, sera agrémenté. Cela veut dire que si on reste en Ligue 2, on pourra signer des contrats aspirant à 15 ans, et des contrats pro à 20. Alors qu’en ce moment, on se fait piller, comme toute la région, par des clubs – notamment étrangers – qui utilisent des méthodes pas toujours acceptables. »
Hervé Lybohy : « On a plus vocation à lancer des jeunes d’Île-de-France que le PSG car on a moins de moyens pour recruter ailleurs. Actuellement, le vivier est tellement important qu’une majorité des gamins doivent partir dans d’autres régions pour avoir une chance. Un seul club parisien dans l’élite, quand on voit le potentiel, c’est sûr que c’est dommage. »
Par Nicolas Jucha
Propos recueillis par Nicolas Jucha