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Pourquoi il faut être indulgent avec Jocelyn Gourvennec
Par Emile Gillet
Deux matchs, un nul contre Metz et une gifle à Nice (0-4). Les débuts de Jocelyn Gourvennec sur le banc lillois sont loin d’être idylliques. Mais au lieu de tomber dans la facilité et de critiquer bêtement son coaching, il faut rappeler que le Breton se bat avec le fantôme de Christophe Galtier et son lourd héritage. Un combat perdu d’avance, puisque les conditions économiques et sportives ne sont absolument pas réunies pour performer dès les premières semaines.
Parce que Lille ne pourra pas faire mieux
« La saison dernière, c’est fini. Il faut écrire une nouvelle histoire », disait José Fonte à Prime Vidéo après la débâcle face à Nice. Pourtant, Jocelyn Gourvennec souffrira forcément de la comparaison avec Christophe Galtier. C’est naturel, mais terriblement injuste. Lille, comme tout club adepte du trading, a dépassé le pic de son cycle, et doit désormais en entamer un nouveau. Pas évident quand plusieurs joueurs importants de son effectif se font la malle (Mike Maignan, Boubakary Soumaré, Luiz Araujo), tandis que d’autres qui ont tout donné sont sur les jantes (Burak Yilmaz, José Fonte). Que ces deux leaders rééditent une deuxième saison de très haut niveau à respectivement 36 et 37 ans, ça tient de l’utopie. La comparaison est biaisée d’entrée.
Parce que la Ligue des champions est un traquenard
Pas besoin d’aller chercher bien loin pour trouver l’exemple idoine. La saison passée, Rennes jouait la Ligue des champions à la faveur d’une saison tronquée par la Covid-19. Résultat, ce club en pleine construction pour viser plus haut s’est brûlé les ailes, pour ne pas dire cassé la gueule. Un match tous les trois jours avec le moral dans les chaussettes car les résultats ne suivent pas, c’est le meilleur moyen de passer à côté de son championnat dès septembre. D’ailleurs, l’élimination du LOSC dès les seizièmes de Ligue Europa la saison précédente leur a permis d’économiser du jus pour la fin de saison. Résultat, ils étaient frais pour dégommer le Paris Saint-Germain. Non vraiment, cette C1 est tout sauf un cadeau.
Parce que la défaite contre Galtier était inévitable
Le peuple lillois tout entier avait du mal à tourner la page de cette période enchantée. Samedi avec Nice, Christophe Galtier l’a déchirée sans aucun état d’âme. Le contexte de son départ, les récentes joutes médiatiques auxquels se sont livrés l’entraîneur et Olivier Létang, son désormais ex-président, le projet niçois en pleine ascension : tout tendait vers ce scenario. « Je les ai respectés pendant trois ans et demi mais je m’étais préparé à être le plus froid possible » a déclaré en conférence de presse Galtier, qui avait vraisemblablement coché cette confrontation dans son agenda. Elle tombe très tôt pour Gourvennec, pas évident pour établir des bases saines. Mais on peut aussi y voir un bon coup de pied au fondement utile pour la suite.
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Parce qu’on a la mémoire courte Repartir à zéro n’est pas chose aisée. Et pourtant, certains attendent de Gourvennec qu’il obtienne des résultats immédiats dans cette situation. Pourtant, en 2018, Christophe Galtier aussi avait patiné à ses débuts. Bien sûr, l’effectif n’était pas le même (encore que Maignan, Ballo-Touré, Soumaré, Mendes, Araujo et Pépé étaient là), mais les résultats avaient peiné à venir. Comme aujourd’hui, il n’avait pas gagné son premier match à domicile de la saison. Mais surtout, il avait fallu attendre seize matchs pour voir le LOSC marquer trois buts sur un match. L’an passé, six ont suffi. Soit cinq de plus que le Lille de Gourvennec. Et à côté de ça le Trophée des Champions, c’est de la gnognotte ? Parce que c’est sa première avec un tel effectif Deux saisons à la Roche-sur-Yon, sept à Guingamp et deux à Bordeaux : Jocelyn Gourvennec n’a jamais entraîné une équipe aussi imposante sur le papier que celle du LOSC. Essayez de piloter une Merco alors que vous n’avez jamais eu mieux entre les mains qu’une bonne vieille Clio, les premières accélérations risquent d’être mal maîtrisées. C’est pareil pour la Joce. En envoyant sa candidature à Olivier Létang, il n’a pas menti sur son CV. Le board nordiste l’a choisi en connaissance de cause, malgré son manque d’expérience au plus haut niveau. Jugez Gourvennec sur ses points forts, jugez la direction pour ses points faibles.
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