- Allemagne
- Bundesliga
- 26e journée
- Fribourg/Augsburg
Pourquoi Fribourg va se maintenir ?
Tous les voyants sont au rouge. Dernier à la trêve, le SC Fribourg reste englué à la 17e place et observe les concurrents se faire la malle. Pourtant, comme toujours, ils vont s'en sortir. Et ça commence contre Augsbourg.
« Nous avons déjà quelques expériences d’adversaires qui voulaient savoir à tout prix comment on allait jouer le samedi. » Christian Streich, entraîneur du SC Fribourg, sait son club sous tension et dans une situation assez précaire. Avec trois défaites consécutives (Wolfsbourg, Werder Brême et Leverkusen), son équipe n’arrive pas à se sortir de la zone rouge. Alors pour préparer l’accueil du FC Augsburg, actuel 6e de Bundesliga, elle s’entraîne dans le secret, protégé des regards des espions éventuels. Pour surprendre, pour gagner, et pour marquer trois points essentiels en vue de l’Abstiegskampf, la lutte pour le maintien.
Phase retour vers le futur
Cette situation, les hommes de la Forêt-Noire la connaissent bien. À l’hiver 2012, le SC Fribourg va mal. Le club vit difficilement le départ de Robin Dutt, qui est allé voir si le ballon tournait plus rond à Leverkusen, et se pose comme un sérieux candidat à la descente. Pire, Papiss Demba Cissé fait la tronche de n’avoir pu partir en Premier League et obtient enfin raison. Son ticket pour Newcastle est validé, Fribourg est dépeuplé : dans le même temps, Markus Sorg est débarqué six mois après son intronisation à la tête de l’équipe première. C’est la cata, les dirigeants font le choix d’une nouvelle solution intérieure. C’est le coach des jeunes qui va avoir la tâche de sauver les siens, Christian Streich. Une révolution commence, avec l’appui d’Oliver Sorg, Christian Günter, Jonathan Schmid… Et cela réussit. Fribourg marche sur la phase retour (27 points en 17 matchs), se sauve haut la main, et enchaîne la saison suivante sur le même rythme. Résultat : le SCF, à la dérive, devient européen quinze mois plus tard et frôle les barrages de la Ligue des champions.
Avec Streich, le Sport Club s’est ainsi fait une spécialité : des phases retour en boulet de canon pour se sauver au plus tard à la 32e journée (sur 34, certes). Lors de la saison passée, après un début poussif causé par le parcours en Ligue Europa, Fribourg élimine ses adversaires un à un et valide une sixième année consécutive au plus haut : un record pour le club. Avec 22 points pris sur ces 17 derniers matchs de la saison en moyenne, le SCF n’a guère de soucis à se faire pour rester dans l’élite. Toutefois, en 2015, la situation tarde à s’améliorer : Fribourg n’a gagné qu’un seul de ses cinq derniers matchs et il était… en DFB-Pokal. Avec sept points cumulés seulement depuis février, le club stagne. Seul Stuttgart semble véritablement s’enfoncer plus vite encore. À l’heure d’Augsburg, à neuf matchs de la ligne finale, les points urgent.
Pelouse neuve et joueurs comme neufs
Et l’optimisme demeure, malgré tout. Le journal local le Badische Zeitung a fait ses comptes, match après match, et croit dur comme fer au maintien. Il sera obtenu avec 35 points (trois victoires et quatre nuls), de quoi être dans le pire des cas en position de barragiste – et espérer un alléchant derby du Bade-Wurtemberg face au voisin Karlsruhe. La meilleure raison pour y croire est dans le calendrier proposé aux Brésiliens du Brisgau, clairement favorable avec des affrontements contre six concurrents directs. Jusque-là, Fribourg s’est d’ailleurs montré à l’aise face au seul affronté, le Hertha Berlin, battu 2-0 à l’Olympiastadion le 15 février. L’opération reconquête peut ainsi commencer, qui plus est grâce aux deux matchs consécutifs à domicile face à des équipes en forme moyenne : Augsbourg (une victoire sur les cinq derniers matchs) ce samedi, puis Cologne deux semaines après.
Afin d’être dans les meilleures conditions possibles, Fribourg a préalablement fait venir une pelouse toute neuve de Slovaquie – pour mettre le Togolo-Germano-Slovaque Karim Guédé à son aise ? Un facteur qui compte beaucoup aux yeux de l’entraîneur Christian Streich : « Les joueurs ont plus confiance en eux sur un billard. On dépense actuellement de l’argent afin de pouvoir mieux jouer au football » . Plus encore de quoi être optimiste : il y a des retours importants dans l’effectif. La recrue Nils Petersen, explosif lors de son arrivée dans le Brisgau (un triplé contre Francfort comme remplaçant), et la jeune promesse Daehli ont repris l’entraînement en début de semaine. De plus, dans le jeu, Fribourg n’a jamais été dans une situation franchement cauchemardesque cette saison. Bien au contraire, il a montré des qualités qui devraient suffire à assurer une place dans le top 15 allemand. Si au terme de la phase aller, Fribourg était lanterne rouge, elle affichait aussi une hypothétique place au niveau des Européens si les matchs s’étaient arrêtés à la 85e minute. Fribourg le sait : il a perdu trop de points jusque-là. Seuls les bons comptes font un bon maintien.
Par Côme Tessier