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- Russian Premier League
Pourquoi faut-il s’intéresser au championnat russe ?
La Russian Premier League a déjà débuté sa nouvelle saison il y a quelques jours. En attendant la reprise du big 5 des championnats européens, celui-ci mérite son petit coup d’œil. Peut-être même un peu plus que par le passé, à un an de la Coupe du monde à domicile, avec pas mal de beaux noms à l’affiche et de l’exotisme propre à ce pays XXL.
Parce que c’est la saison d’avant-Mondial à domicile
Le 14 juin prochain débutera la Coupe du monde 2018 en Russie. En attendant le jour J, il reste la fin des qualifications, puis le grand raout du tirage au sort en fin d’année. Ça fait encore pas mal de dodos à tenir pour les fans des compétitions internationales. Mais tout au long de la saison, il y a aussi moyen de s’habituer au football local. Le pays-hôte a énormément déçu ces derniers temps, le dernier à avoir remporté la compétition qu’il organisait étant la France en 1998. Or, la sélection locale sort encore d’une Coupe des confédérations pas mal inquiétante (une victoire, deux défaites) et ses cadres – qui tous jouent dans le championnat russe – vont devoir se bouger avant d’affronter au printemps prochain Ronaldo, Messi, Mbappe and co. On attend l’émergence d’une nouvelle génération prometteuse emmenée notamment par Miranchuk (Lokomotiv), Golovin (CSKA) ou encore Odzoyev (Kazan). Cette saison d’avant-Mondial à domicile est aussi l’occasion de découvrir quelques nouveaux stades prévus pour accueillir le tournoi, dont le controversé, mais magnifique stade Krestovski de Saint-Pétersbourg, vaisseau spatial de plus de 60 000 places inauguré pour la Coupe des confédérations après 10 ans de travaux, 672 millions d’euros dépensés (un record en Europe) et pas mal de polémiques (dont le fait qu’on aurait fait appel à des travailleurs nord-coréens). En cours de saison, on pourra aussi admirer la nouvelle Rostov Arena et le Stade Central d’Iekaterinbourg, en cours de rénovation.
Parce que la concurrence y est féroce
Le championnat russe est de ceux où le suspense existe bien souvent. Chaque début de saison désormais, le Zénith Saint-Pétersbourg a la faveur des pronostics même s’il n’a gagné qu’une seule fois sur les cinq dernières saisons. Il faut dire que son meilleur ennemi, le CSKA Moscou, finit toujours bien placé : podium au minimum depuis 2009. Mais c’est un autre club moscovite, le Spartak, qui est le tenant du titre. Un retour inespéré à la lumière pour cette institution du football russe, la plus populaire du pays avec ses plus de 32 000 spectateurs de moyenne à domicile, et un titre qui la fuyait depuis 2001. Le Spartak a brillé la saison dernière, se trouvant leader du classement durant 28 journées sur 30 pour finir avec 7 et 8 points d’avance sur le CSKA et le Zénith.
Un podium royal et trois équipes qui devraient encore être à la bagarre tout au long de la saison. Un trio qui pèse 20 des 25 titres mis en jeu depuis la chute de l’URSS. Pour les places d’honneur et semer le trouble dans ce probable podium, on devrait néanmoins encore pouvoir compter sur pas mal de clubs « underdog » . Il y a eu dans un passé récent le Rubin Kazan ou la comète Anzhi Makhatchkala, il y a aussi régulièrement les autres formations moscovites (Lokomotiv, Dynamo), mais aussi plus récemment la surprise Rostov (vice-champion en 2016) et la montée en puissance du FK Krasnodar, qui reste sur cinq Top 5 consécutifs et qui attend maintenant de passer la vitesse supérieure.
Parce qu’il y a du beau monde
L’équipe qui brille le plus sur le papier reste évidemment le Zénith, ce qui explique qu’on en fait systématiquement un favori pour le titre d’ailleurs. Sur le banc, Mircea Lucescu a été prié de dégager pour laisser la place à un gros nom, Roberto Mancini, avec l’ambition de s’inscrire dans la lignée de son compatriote Luciano Spalletti, en poste de 2009 à 2014. Mancini a procédé à un recrutement très sud-américain avec les arrivées de l’expérimenté Équatorien Christian Noboa (en provenance de Rostov), mais surtout de deux Argentins, le prometteur attaquant Sebastian Driussi (ex-River Plate) et Leandro Paredes, gros coup du mercato qui arrive de la Roma. Possible que ce recrutement ne soit pas encore totalement bouclé… Les nouveaux venus intègrent en tout cas un effectif dont fait partie depuis l’hiver dernier un certain Yohan Mollo, eh oui.
Au Spartak, bonne nouvelle : l’entraîneur – italien lui aussi – Massimo Carrera a prolongé son bail et la pépite Quincy Promes (12 buts, 10 passes la saison passée) devrait rester. Le CSKA repart quant à lui avec la plupart de ses cadres, moins Tošić (laissé libre) et Eremenko (viré pour contrôle positif à la cocaïne). Du côté des autres équipes, on surveillera tout particulièrement le retour du sorcier Kurban Berdyev sur le banc du Rubin Kazan (il avait emmené le club à ses deux seuls titres en 2008 et 2009 et dispose notamment dans son effectif de Yann M’Vila) et ce brave Sergei Semak qui poursuit son apprentissage de coach à la tête du FC Ufa.
Parce que c’est le championnat des extrêmes
Si la boussole de la Russian Premier League oscille très logiquement fortement vers l’ouest du pays, une vraie curiosité est venue s’immiscer depuis cette saison. Promu dans l’élite pour la première fois de son histoire, le club de SKA Khabarovsk va en effet contraindre ses adversaires à de longs, très très longs déplacements. La ville de Khabarovsk est en effet située à l’Extrême-Orient russe, à 30 km de la frontière chinoise et… plus de 6 000 km de Moscou ! Une métropole très orientée vers l’Asie – logique – et dont le club de foot va donc se mesurer à ce qui se fait de mieux dans le pays, pour des temps de transport complètement fous.
Exemple avec les joueurs du Zénith qui sont allés gagner là-bas pour le compte de la première journée de championnat (2-0) après 7h30 de vol (et donc le même temps pour le retour). Des supporters voulant se déplacer en voiture auraient mis 111 heures pour faire le trajet d’une traite, plus de 4 jours et demi… Oui, là, c’est bien le championnat des extrêmes. Il ne manquerait plus que le SKA Khabarovsk finisse à une place européenne à la fin de saison…
Par Régis Delanoë