Pourquoi faut-il regarder Shakhtar-Borussia?

Parce qu’en vrai, c’est le match le plus sexy

Le Real Madrid ? Vous parlez de cette équipe qui a pris le bouillon sous les yeux d’un mur jaune révolté avant de se faire salement bousculer à Santiago Bernabéu par les mêmes lacars, c’est ça ? Ces sexy Allemands qui ont régné en tyrans sur une poule que l’on annonçait assez logiquement comme « celle de la mort » , ce sont les joueurs du Borussia Dortmund. Entraînés par ce taré de Jürgen Klopp, les coéquipiers de Marco Reus ont partagé le rôle de sensation de ce début de compétition avec… le Shakhtar Donetsk. Ce duel entre Allemands et Ukraino-Brésiliens, c’est sans aucun doute le Kate Upton – Adriana Lima de ces huitièmes de finale de C1. Bah ouais, on parle quand même d’une équipe qui a fait du lancer de nain avec le tenant du titre pour le jeter en dehors de la compétition et qui a régalé à coups de noms un peu fous – Luiz Adriano, Willian, Mkhitaryan, Fernandinho… – tandis que l’autre pratique ce qui pourrait bien être le football le plus instinctif d’Europe. Avec seulement 40% de possession de balle en moyenne, sur leurs six premiers matchs de C1, les joueurs du Borussia ne mentent à personne : leur truc, c’est la contre-attaque totalement folle, le genre de celle qu’on a vue sur la pelouse de Madrid, à faire vibrer un amateur de basket. Une occasion de faire du jeu sur laquelle les hommes de Lucescu ne devraient pas cracher, eux qui aiment mettre du rythme et de la passion. Bref, pour les gens décomplexés, c’est à la Donbass Arena que ça se passe.

Parce que Taison et la « gâchette arménienne »

À moins que vous ne soyez fans de football ukrainien, et plus particulièrement du Metalist Kharkov, vous avez très certainement raté le but de l’année 2012 en direct. Ce pion venu d’une autre planète, c’est le petit Taison qui l’a planté. Passé par l’Internacional et donc par Kharkov, le Brésilien de 25 ans, courtisé par Chelsea, a rejoint la diaspora auriverde de Donetsk. Là-bas, il a remplacé le frisson offensif de ce début de C1, le funky Willian, lui aussi courtisé par les Blues, mais finalement parti à l’Anzhi, un choix sportif. L’autre bonhomme surprenant de cette rencontre marque beaucoup de but, vient d’Arménie, mais ne s’appelle pas Youri Djorkaeff. Auteur de 18 buts en 17 rencontres de championnat, Henrikh Mkhitaryan est, comme ses statistiques ne l’indiquent pas, milieu de terrain. Vous l’aurez compris, avec Taison et la « gâchette arménienne » , il y a de quoi vibrer un peu.

Parce que la C1 est la seule préoccupation des deux clubs

Être second et avoir quinze points de retard, c’est déjà dur pour le moral. Mais quand l’équipe après laquelle on court n’a encaissé que sept buts en 21 matchs, en en plantant 55, on ne court plus. On marche. Deuxième de Bundesliga avec un point d’avance sur Leverkusen et deux sur Francfort, les joueurs du Borussia Dortmund n’espèrent plus le titre. Ils vont tranquillement garder leur rythme de croisière pour accrocher une place en Ligue des champions la saison prochaine, puis se concentrer sur un mercato estival qui s’annonce musclé. Bref, en Bundesliga comme presque partout ailleurs en Europe, le championnat est plié. L’Ukraine ne fait pas exception à la règle, puisque la Premier League est déjà pliée. À mi-saison. Oui, au pays, la vie du Shakhtar est une balade de santé. Un bilan impressionnant de 17 victoires et d’une défaite, suffisant pour compter treize points d’avance sur leur dauphin, le Dniepr Dniepropetrovsk. D’ailleurs, les hommes de Lucescu s’emmerdent tellement qu’ils ont pris le temps d’étoffer leur palmarès en remportant un trophée qui compte : la Copa del Sol. Sorte de trophée Club Med pour les équipes en vacances.

Parce que voir Jürgen Klopp devenir fou, c’est rigolo

Jürgen Klopp est ce qu’on appelle un passionné. Un homme qui vit son match, saute partout, gesticule comme un taré. Une sorte de joueur de Football Manager qui aurait réussi, quoi. D’ailleurs, l’entraîneur des Jaunes sait que sa tête de fou quand il est sur le banc pourrait perturber les plus petits. « Avec ma gueule, je fais peur aux bébés » , a-t-il récemment déclaré à la presse allemande. À force de prendre les matchs trop à cœur, Klopp s’embrouille avec les arbitres. Mais son fond de gentil au grand cœur fait qu’il se réconcilie vite et, donc, passe un peu pour un fou. L’ancien directeur sportif du Bayern Munich, Christian Nerlinger, avait d’ailleurs dit de lui qu’il « avait des tendances psychopathes » . Ce soir, si madame veut un peu d’amour, pas la peine de zapper. Jürgen adore ses joueurs au point de leur faire souvent des câlins. C’est mignon et efficace. Pas du genre à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, Klopp pourrait aussi offrir un peu d’humour à votre soirée. Un exemple ? À un journaliste qui lui porterait la poisse et qui souhaitait l’interviewer avant une rencontre, l’homme fort du BVB a balancé un : « T’es une plaie. Te donner une interview ? J’en ai autant envie que d’avoir mal aux dents. » À ce soir, Jürgen.

Parce que Marco Reus

Il n’y a pas que le Shakhtar qui a des joueurs qui font lever les foules et les gens des canapés. Cette année, à Dortmund, la raie sur le côté blond décoloré de Marco Reus fait trembler toute la Bundesliga. Le petit Allemand, qui progresse d’année en année, a joué 36 matchs cette saison et a scoré 15 buts et distribué 13 passes décisives… Joueur spectaculaire, Marco marque des buts fous, débloque des situations et, surtout, est adoré du public génial du Signal Iduna Park. Enfant du pays, Marco, formé au BVB, est revenu au bled après un passage réussi à Gladbach et se sent comme chez lui dans son club et au sein de l’équipe. Un futur grand.