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Enchaînement Euro-JO : une cadence infernale et incontrôlable

Par Enzo Leanni

Neuf joueurs vont participer aux Jeux olympiques de Paris 2024 après avoir disputé l’Euro ou la Copa América en début d’été. S’il est possible d’être performant lors de deux compétitions consécutives, cet enchaînement n’est pas sans risque sur le plan physique et psychologique.

Enchaînement Euro-JO : une cadence infernale et incontrôlable

Avant même de savoir qu’ils soulèveraient l’Euro, les Espagnols Fermín Lopez et Álex Beana devaient déjà se projeter vers les Jeux olympiques. Retenus dans la préliste, Nico Williams et Lamine Yamal auront finalement le droit à un peu de repos avant une nouvelle saison éreintante en club. Si les ailiers ont été primordiaux dans le sacre de la Roja, les milieux, eux, n’ont disputé que 28 et 25 minutes durant l’Euro. De la même façon, l’Ukrainien Maksym Talovyerov n’a joué qu’une seule petite minute en Allemagne avant de s’envoler vers la France. De l’autre côté de l’Atlantique, six joueurs viendront dans l’Hexagone après la Copa América avec un peu plus de fatigue dans les pattes : les Argentins Julián Álvarez (349 minutes), Nicolás Otamendi (144) et Gerónimo Rulli (zéro), les Paraguayens Fabián Balbuena (270) et Fabrizio Peralta (zéro), ainsi que l’Américain Miles Robinson (zéro).

L’antécédent Pedri

Même si on est assez loin du cas Pedri, qui avait enchaîné 629 minutes à l’Euro 2021, puis 559 aux Jeux de Tokyo pour boucler une saison de 73 matchs à seulement 18 ans, un tel enchaînement inquiète. Grégory Dupont a vécu la Coupe du monde 2018 en tant que préparateur physique de l’équipe de France et juge que même moins d’une demi-heure de temps de jeu peut avoir un impact : « Ceux qui ne jouent pas ont très peu de temps de récupération, ils s’entraînent plus que les autres pour être prêts à faire face à une blessure des titulaires, ils ont des charges de travail qui correspondent à l’intensité d’un match, voire plus. » Inutile de vouloir envoyer Warren ZaÏre-Emery aux Jeux olympiques de Paris alors qu’il n’a pas foulé les pelouses allemandes.

Depuis sa saison 2020-2021 record, Pedri fait face à de nombreux pépins physiques et c’est tout sauf un hasard car, selon une étude menée en 2020, le risque de blessure est six fois plus important lorsqu’il y a moins de 96 heures de récupération entre deux matchs. Fabien Richard, préparateur physique personnel ayant notamment travaillé avec Sadio Mané, Riyad Mahrez ou Hatem Ben Arfa, est actuellement en collaboration avec Jean-Philippe Mateta, appelé par Thierry Henry pour les JO. Il juge la préparation de l’attaquant « bonne » en raison de trois semaines de récupération après sa saison à Crystal Palace. « Les joueurs sont assez préparés pour enchaîner plusieurs compétitions à la suite. Mais ça, ça ne marche que jusqu’à un certain point. Si tu ne coupes jamais, tu vas payer les conséquences sur le long terme », analyse Grégory Dupont.

Physiquement ça peut tenir, mentalement ce n’est pas la même chose.

Fabien Richard

Pourtant, être performant en juillet, puis en août est loin d’être utopique, Pedri en est encore la preuve en tant qu’architecte de la demi-finale à l’Euro et de la médaille d’argent olympique. D’après les deux préparateurs physiques, il est impossible de planifier plusieurs pics de forme sur un laps de temps aussi restreint, alors il faut compter sur l’aptitude du joueur à rester performant durant plusieurs semaines. « On fait plutôt de la planification polarisée pour faire monter des pics de forme à plusieurs moments en travaillant certains points et moins d’autres », indique Fabien Richard. De son côté, Grégory Dupont estime qu’il faut « individualiser le travail » pour chaque joueur, voire « transmettre un programme de prévention » pour éviter les blessures. Ces dispositifs sont complexes en raison des différents staffs.

Allô maman bobo

La tête est autant mise à rude épreuve que le corps. « Physiquement ça peut tenir, mentalement ce n’est pas la même chose », avertit d’emblée Fabien Richard. Il sait de quoi il parle pour avoir vu Yohan Cabaye revenir « lessivé » de la Coupe du monde 2014, Florian Thauvin « qui ne voulait plus entendre parler de foot » à la suite du Mondial 2018 ou encore Adil Rami « qui a même parlé de burn-out » à son retour de Russie. Si les deux derniers n’ont pourtant pas eu beaucoup de temps de jeu, leur préparateur physique individuel pense qu’ils étaient « trop cramés pour repartir sur une autre compétition » dans la foulée. « Le fait de ne pas couper mentalement fait perdre beaucoup d’influx nerveux pendant l’été », confirme Grégory Dupont.

Un rapport de la FIFPRO publié après la Coupe du monde 2022 indique que 61 % des joueurs auraient aimé disposer d’au moins 14 jours de récupération avant de reprendre en club. Or, la majorité des championnats avaient repris aussitôt, contraignant notamment Kamil Glik à porter le maillot de Benevento seulement quatre jours après l’élimination de la Pologne. « Pour moi, après une compétition, les joueurs devraient avoir le droit à quatre semaines », s’exclame Grégory Dupont, tandis que Fabien Richard opte pour « au moins trois semaines ». Les Espagnols et les Argentins n’y auront pas droit. Ils ont écourté leur célébration du sacre continental pour se plonger vers un nouvel objectif et doivent maintenant croiser les doigts pour que leur corps tienne le rythme. Sauf Julián Álvarez qui peut y aller à fond avant de passer une nouvelle saison dans la peau de remplaçant d’Erling Haaland.

Par Enzo Leanni

Tous propos recueillis par EL.

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