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Pourquoi Dortmund a tout intérêt à ne pas faire de remontada
Après sa lourde défaite au match aller (3-0), le Borussia Dortmund est en ballottage défavorable au moment de recevoir Tottenham. Et c’est peut-être tant mieux.
Méconnaissable (adjectif) : transformé au point d’être malaisé à reconnaître. Synonyme : Borussia Dortmund. La définition est du Larousse, l’illustration vient du cœur de la Ruhr. Depuis le début du mois de février, le BvB n’est plus que l’ombre de lui-même. En sept rencontres, toutes compétitions confondues, les hommes de Lucien Favre n’en ont remporté qu’une seule : un poussif 3-2 arraché face au Bayer Leverkusen. Sinon, on compte pêle-mêle une élimination en Pokal face au Werder Brême, un nul face à Nuremberg, lanterne rouge et surtout, le week-end dernier, une défaite face à Augsbourg, pourtant à la lutte pour le maintien (2-1). Pendant ce temps-là, le Bayern Munich, qui a pourtant compté jusqu’à neuf points de retard, a tranquillement remonté la pente, jusqu’à raccrocher le wagon de tête, en partageant désormais la première place avec son rival.
Le prix de l’inexpérience
Tout ça a de quoi donner des aigreurs d’estomac. Pendant que Dortmund enchaîne les piètres performances face à des mal-classés (Nuremberg, Augsbourg), le Rekordmeister va s’imposer en patron sur la pelouse du Borussia Mönchengladbach (1-5), pourtant détenteur de la troisième place du podium. Le symbole du bon gros diesel allemand qui met du temps à démarrer, mais devient inarrêtable une fois bien rodé. À l’inverse, Dortmund commence tout doucement à faire les frais de l’inexpérience de son noyau qui, avec ses 24,9 ans de moyenne, est le troisième plus jeune de toute la Bundesliga. Une saison, c’est long à gérer, surtout quand on est engagé dans trois compétitions de haut niveau. Et ça, Lucien Favre est tout doucement en train d’en faire les frais. La réception de Tottenham, solide vainqueur lors du match aller à Londres (3-0), devrait être là pour le confirmer, tant les chances du Borussia de renverser la vapeur paraissent minces.
Un mal pour un bien ?
Pourtant, les professionnels s’interdisent – à juste titre – de s’avouer vaincus d’avance. Marco Reus l’a rappelé en conférence de presse, en citant l’exemple d’une double confrontation européenne devenue légendaire, face à Málaga en 2013. Tenus en échec lors du quart de finale aller (0-0) en Espagne, le BvB avait arraché sa qualification en demies au terme d’un haletant 3-2 au Westfalenstadion. Reus sait de quoi il parle, il faisait partie des troupes engagées à l’époque et qui finiront par échouer en finale face… au Bayern. Tout juste revenu de blessure, le capitaine des Schwarzgelben sait à quel point son club dépend de lui : sur la série des sept matchs disputés depuis début février, il en a manqué quatre. Revenu face à Augsbourg, la défaite du week-end dernier est venue rappeler qu’il n’est toujours pas à 100% de ses capacités. Du côté de Tottenham, on doit se dire que la qualification en quarts de finale ne sera qu’une formalité.
Et s’il fallait voir du positif dans cette défaite annoncée ? Le refrain est simplet, mais un tel scénario libérerait en effet Dortmund de tout autre fardeau que celui de sa lutte pour un championnat qui lui échappe depuis la saison 2012-2013. Pour la première fois depuis lors, jamais le Bayern n’a autant été mis en danger et l’hypothèse de le voir remporter un septième titre d’affilée est toujours aussi floue. Surtout si Jürgen Klopp vient donner un coup de pouce indirect à son ancien club en perdant contre les troupes de Niko Kovač, lequel devrait alors continuer de ferrailler avec un lourd calendrier, au moins pour quelques semaines de plus. Car en Bavière, la Ligue des champions compte parmi les objectifs prérequis en début de saison. À Dortmund, on devra se satisfaire de choses plus simples. Comme casser l’hégémonie du tout puissant club des bords de l’Isar par exemple. Et repartir encore plus fort l’année prochaine.
Par Julien Duez