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Pourquoi Dijon va attraper l’Europe
Par Mathieu Rollinger et Alexis Souhard
Ne cherchez plus la sensation de la saison en Ligue 1 : elle est là, juste sous vos yeux. Car les Bourguignons ont mis dans leur marmite la plupart des ingrédients qui peuvent leur permettre de gratter un ticket européen. Une chouette perspective.
Parce que Sliti & Tavarès sera votre nouvelle série policière du samedi soir
Dijon, la chaleur d’une fin d’été. Une troisième saison en Ligue 1 se profile pour les hommes du commissaire Dall’Oglio. Et si les deux dernières étaient satisfaisantes, il s’agit maintenant d’infiltrer le clan du top 10. Pour relever cette mission, les gradés bourguignons ont décidé de mettre sur le coup leurs meilleurs flics, même si le duo a de quoi détonner. Voilà déjà six ans que Júlio Tavarès ratisse le stade Gaston-Gérard, avec sa tête dure et sa réputation de travailleur acharné. L’an dernier, il a été rejoint par l’intuitif Naïm Sliti. Et, après une année de rodage (sept buts et six passes décisives pour le Tunisien, contre respectivement douze pions et deux offrandes pour le Cap-Verdien), les sirènes anglaises ont bien tenté de les séparer. Le duo n’a pas moufté et a décidé de se réinstaller au volant de son bolide rouge pour continuer sa mission. Impliqués sur tous les buts dijonnais en ce début de saison canon (trois buts pour Tavarès et une passe décisive pour Sliti), les voilà près à se dépouiller pour l’achever. Quitte à y laisser un crâne.
Parce qu’Enzo Loiodice est le nouveau « baby face killer » du championnat
Enzo Loiodice ne cesse de sauter les classes. Après avoir grappillé quelques minutes de jeu en fin de saison dernière (164 minutes de douceur), le gamin de 17 piges formé au club commence celle-ci en tant que titulaire. Milieu à vocation défensive, sa vista impressionne déjà, son toucher de cuir tout autant, capable de trouver les espaces aussi aisément que le minot Maxime Lopez. Mais Enzo est avant tout une teigne du milieu de terrain, un ratisseur né et tacleur à l’envi, qui nous rappellerait l’ancien Niçois Vincent Koziello, exilé à Cologne depuis janvier. De quoi enfiler à son tour le costume du jeune premier porte-bonheur. Car après une saison à plus de 30 matchs dans les panards, Lopez et Koziello ont tous deux goûté à la C3 l’année suivante. Un talisman qui pourrait faire le taf avant de disparaître à Wolfsburg ou faire banquette.
Parce qu’Olivier Dall’Oglio est le vrai Mister de la Ligue 1
Il y a plus de points communs entre Arsène Wenger et Olivier Dall’Oglio qu’on pourrait le penser. L’actuel coach dijonnais et l’ancien boss d’Arsenal sont tous les deux passés sur le banc à 32 ans après une courte carrière de défenseur, ont une qualité de formateur reconnue de tous et un goût certain pour le football offensif et développé au sol, mais surtout sont sortis de nulle part pour faire d’un club moribond, qui plus est vêtu de rouge, une référence. C’est même le coach dijonnais qui a tissé le parallèle il y a quelques mois dans les colonnes de Ouest-France, à propos de son arrivée sur le banc dijonnais en 2012 : « Il a fallu faire ses preuves. On m’attendait au tournant. Un peu comme Wenger au moment de son arrivée à Arsenal, pour qui on disait« Arsène who ? » Moi, on se demandait qui j’étais… J’arrivais de la formation, j’étais un ancien adjoint… » Alors que Wenger a permis aux Gunners d’entrer dans la caste des grands clubs européens, Dall’Oglio est celui qui a pu pérenniser le projet dijonnais en Ligue 1. Deux bâtisseurs donc, et quand on sait que l’Alsacien a envoyé 19 fois de suite Arsenal en Ligue des champions, le technicien bourguignon peut légitimement espérer faire lui aussi un tour en Europe. Et personne ne lui reprochera de ne pas dépasser les huitièmes de finale.
Parce que Dijon héberge une triplette qui connaît la C1 comme sa poche
Quoi de mieux que d’avoir auprès de soi un bon samaritain. Le genre de type qui te refile généreusement une volée de conseils pour se qualifier aux joutes européennes. Mais aussi pour y briller. Frédéric Sammaritano, 32 ans, apportera sans broncher sa bouteille. Lui fut notamment de l’aventure en Ligue des champions chez le voisin auxerrois en 2010-2011. Buteur après neuf minutes de jeu face à l’Ajax en poules, le milieu de 1,62m avait remis les Icaunais dans le coup, en difficulté cette année-là. Neuf ans après, il pourra remettre ça avec le maillot du rival dijonnais. Aux côtés de Fredo, ils sont deux autres à avoir croqué dans la C1 : Yoann Gourcuff, quatre buts et un titre de champion d’Europe 2007, mais aussi Florent Balmont, un but et lieutenant du Lille européen. La Sainte-Trinité.
Parce que Kwon Chang-hoon a un service militaire à esquiver
Son Heung-min n’est pas le seul à commencer à avoir les pétoches en voyant son palmarès désespérément vide. Si la star sud-coréenne de Tottenham va tout miser sur la Coupe d’Asie des nations, organisée cet hiver aux Émirats arabes unis pour décrocher un titre qui pourrait lui permettre d’échapper au service militaire dans son pays (un devoir à réaliser avant ses 28 ans sauf dérogation), son compatriote de Dijon doit aussi avoir cet impératif dans un coin de sa tête. Brillant la saison dernière pour ses débuts en Europe, Kwon Chang-hoon a manqué le Mondial russe à cause d’une blessure au tendon d’Achille. En phase de reprise, l’ailier dijonnais aura à cœur de tout cartonner pour retrouver sa sélection dans les plus brefs délais. Et un Kwon en feu est un argument de plus pour jouer les premiers rôles. Mieux : si le gamin est assez culotté, il pourra essayer de faire valoir auprès des autorités militaires une victoire en Coupe de la Ligue, histoire de concilier ses objectifs personnels et les rêves européens de son club…
Parce que Gaston-Gérard est l’outil formidable pour postuler la cinquième place
Toute ambition européenne passe par une enceinte sportive qui claque. À l’image du voisin auxerrois qui fit frissonner bien des cadors européens dans son Abbé-Deschamps, Gaston-Gérard n’attend que les soirées européennes pour montrer ce qu’il a dans le bide. Dans son antre, les Côtes-d’oriens ont fini la saison dernière cinquièmes en matière de points glanés à la maison. Le tout sur la cinquième pelouse de France, selon la LFP, qui a valorisé la souplesse et la qualité de son pré. Mieux, depuis son retour en Ligue 1, Gaston-Gérard se place au cinquième rang en moyenne des tribunes de France. Le stade idéal – dont les travaux d’agrandissement sont enfin achevés – pour un futur cinquième de Ligue 1, en somme. Il faudrait juste espérer que les Parisiens aient une mainmise sur toutes les coupes nationales pour la cinquième fois de suite, et hop, à eux la C3.
National : La chute des gros, la rébellion des mals-classés
Regardez qui est de retour aux Poussots ! Kwon travaille dur pour revenir au meilleur niveau ! #DFCO pic.twitter.com/fnCSZLpoFz
— Dijon FCO (@DFCO_Officiel) 21 août 2018
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Par Mathieu Rollinger et Alexis Souhard