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Pourquoi ces tarés de Bastiais sont indispensables à la Ligue 1
Comme après chaque incident impliquant le Sporting Club de Bastia, à la suite du match arrêté face à Lyon, des voix se sont élevées pour réclamer l'exclusion du club de Haute-Corse de la Ligue 1. Et par là même, se priver du dernier représentant du football d'antan.
Ce dimanche, à Bastia, un match qui a débuté avec 50 minutes de retard, à la suite d’un envahissement de terrain, a été arrêté à la mi-temps, à la suite de de nouvelles échauffourées, toujours sur la pelouse de Furiani. Des incidents heureusement sans conséquences médicales, bien évidemment condamnables. Quelques jours après les incidents sans commune mesure intervenus en préambule de Lyon-Beşiktaş, la France du football continental a entonné un de ses refrains préférés : « Bastia n’a rien à faire en Ligue 1 ! » Comme après que le Parisien Lucas a été effleuré par un mat de drapeau en plastique mou en début de saison. Comme après qu’une poignée de débiles a poussé des cris de singe en direction de Mario Balotelli en janvier dernier. Mais l’affirmation est discutable. D’autant plus que pour ce qui est de quitter l’élite, le Sporting se débrouille très bien sans son public, en pointant en queue de classement.
Gangsters et bastons de regard
En 2017, en Ligue 1, quelle est la différence entre un déplacement à Nantes, Bordeaux, Lille, Toulouse, Rennes, Marseille, Caen ou Nice ? Aucune. Des stades aussi modernes qu’aseptisés, sans cachet, des kops enthousiastes, mais pas franchement hostiles, qui rendent les rencontres disputées à l’extérieur quasiment équivalentes à celles disputées à domicile. Un football bien dans son époque, en somme. Très loin des récits d’antan, que les fans de foot aiment tant lire dans leur magazine préféré, la tête pleine de nostalgie. Le foot d’avant, quoi. Celui qui « était mieux » . Celui qui permettait au « Crazy gang » de Wimbledon ou au Sporting de Toulon d’accéder à l’élite à grands coups de savates et d’intimidations. Ou à Éric Di Meco et Carlos Mozer de distribuer des tacles au niveau des rotules sans voir la couleur d’un carton. Ou les gangsters de la Lazio 74 d’être champions d’Italie.
Ces histoires folles, qui manquent tant au football moderne, ce « football vrai » , que tous les anciens regrettent à longueur d’interviews, le Sporting Club de Bastia le conjugue au présent. Furiani est le dernier bastion d’un football qui n’existe plus. Un football fait de bastons de regards, d’un public bouillant et de tacles trop appuyés. Avec ses excès, bien sûr. Insulter un joueur parce qu’il est noir, c’est nul, mal et condamnable. Envahir une pelouse pour s’expliquer avec les joueurs adverses, c’est mal, même si on est loin du « drame à Bastia » évoqué à chaud par beIN Sports. Évidemment, le Sporting doit faire le ménage parmi ses troupes. Si Anthony Lopes a réellement été pris à partie par un responsable de la sécurité du club, comme annoncé par le diffuseur du match, c’est hautement inadmissible. Quant aux fauteurs de troubles, ils sont facilement identifiables.
Ce coup de balai indispensable ne sera pas simple à effectuer, mais il n’est pas incompatible avec la conservation des valeurs qui rendent ce club si singulier, atypique, indispensable. Et dont la très probable absence de l’élite française la saison prochaine créera un manque. Car pour toute équipe continentale, se rendre à Bastia est un événement, un déplacement qui incite à la crainte, contrairement aux 18 autres. Une touche d’exotisme dans un championnat qui en manque cruellement. Et dont on lira les péripéties dans quelques années. En se disant que c’était mieux avant. C’était toujours mieux avant.
Par Mathias Edwards