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Pourquoi Benfica va réaliser le triplé
Benfica aborde son match retour face à Newcastle avec deux buts d'avance (3-1), et beaucoup de chances d'atteindre les demies de l'Europa League. Presque autant que de réaliser le même triplé que Porto en 2011. Jorge Jesus n'a pas exclu cette possibilité. Loin de là. Et il a bien raison.
Parce que ça fait trop longtemps que la disette dure
Benfica est à l’Europa League ce que le Borussia Dortmund est à la Ligue des Champions. Une belle équipe que tout le monde veut voir triompher. Un collectif au jeu léché et spectaculaire, reflet de l’ambition d’une grande écurie européenne qui désire renouer avec la gloire d’antan. Car cela fait longtemps, trop longtemps que les Lisboètes n’ont pas remporté la moindre compétition européenne. Des deux coupes aux grandes oreilles qui figurent sur l’étagère de la salle des trophées des encarnados, la dernière date de 1962. Entre-temps, le grand rival du FC Porto a rattrapé puis dépassé « o glorioso », en raflant deux C1 et autant de C3, le tout en l’espace de 24 ans. Mais cette année plus que jamais, l’aigle est plus fort que le dragon. Les résultats sont d’ailleurs là pour en témoigner. Les Lisboètes sont engagés en Europa League, en Coupe du Portugal et dominent la Liga Sagres. Au Nord, que vise Porto ? Une Coupe de la Ligue sans grand intérêt et un troisième titre consécutif bien difficile à atteindre. Benfica possède quatre points d’avance sur le FC Porto à cinq journées de la fin, et, malgré un calendrier plus difficile, devrait triompher en toute logique. Comme en Coupe et en Europa League. L’inverse serait une cruelle injustice pour Jorge Jesus, dont la création atteint enfin la quasi-perfection.
Parce que Nemanja Matic
Des huit écuries encore présentes chez la petite sœur de la Ligue des Champions, Benfica est celle qui joue le mieux. Alors oui, Chelsea possède des individualités supérieures, Newcastle un jeu plus musclé – normal, vu le nombre de joueurs de L1 qu’il y a dans l’effectif de Pardew – et Tottenham a Villas-Boas, déjà vainqueur de la C3. Mais on s’amuse moins en matant ces trois-là pendant 90 minutes que durant une demi-heure en compagnie de Jorge Jesus et ses brebis.
Sur le terrain, Benfica est tout ce qu’il y a de moins prévisible, et c’est ce qui fait tout son charme. Sur le papier, les Lisboètes évoluent le plus souvent en 4-4-2 (4-1-3-2 pour être plus précis). Sauf lorsqu’ils ont le ballon. Parler de football total serait – au minimum – une hyperbole, mais il parait très difficile pour une personne qui ne les a jamais vus jouer, et qui arrive en plein milieu d’un match, de savoir à quel poste évoluent Salvio, Enzo Pérez ou Ola John. Rien de plus normal, tant milieux, latéraux et ailiers sont constamment en mouvement. Le seul qui reste fixe – outre Artur, Garay et Luisão –, celui à qui Jorge Jesus a donné les clés cette année, s’appelle Nemanja Matic. Un mec en qui personne n’a jamais cru à Lisbonne jusqu’à son clasico parfait ponctué d’un but de malade à l’Estadio da Luz le 13 janvier dernier.
Le jeune Serbe a bénéficié du départ de l’excellent Javi Garcia à Manchester City pour gratter du temps de jeu et s’adapter au système de Jorge Jesus. Et en très peu de temps, il a carrément apprivoisé l’entrejeu du SLB. Pour cause, Matic sait absolument tout faire. A son arrivée au Portugal, on le savait bon dans l’art de la récupération, bon dans les airs, bon à la relance. Mais le travail de Jorge Jesus l’a transformé en monstre. Aujourd’hui, il dribble comme un nabot d’1m60 (il mesure 1m94), prend quasiment toujours les bonnes décisions et plante même des banderilles.
Parce que Benfica possède un banc de dingue
Si l’ancien de Chelsea est devenu indispensable à Benfica, ce n’est donc pas un hasard. Au Portugal, beaucoup le disent déjà au niveau de Fernando (FC Porto), alors que le Brésilien avait eu besoin de plusieurs années pour devenir le redoutable milieu défensif qu’il est aujourd’hui. Matic, c’est aussi et surtout le seul homme qui n’a pas d’égal dans l’effectif des Aigles. Le seul irremplaçable.
Aux autres postes, chaque homme fort a sa doublure. Encore faut-il pouvoir parler de doublure. En attaque par exemple, Jorge Jesus a le choix entre Oscar Cardozo, Rodrigo Lima et Rodrigo tout court. Sympa. Autant dire que sauf catastrophe naturelle, Benfica aura toujours une attaque de feu. Pareil au milieu de terrain et sur les ailes. Enzo Pérez, Nico Gaitan, Ola John, Salvio, André Almeida, Carlos Martins et Pablo Aimar, sont autant de solutions qui se présentent au technicien portugais, que l’on veut bien croire lorsqu’il déclare en conférence de presse que « ses joueurs ne sont pas fatigués » .
C’est d’ailleurs bien la première fois que le Benfica version Jesus aborde la dernière ligne droite de la saison dans cet état de fraîcheur. L’année dernière déjà, l’équipe semblait plus forte que le FC Porto, ce qui n’avait pas empêché le club rival de se sacrer champion, et ce, parce que les Lisboètes n’avaient pas les moyens physiques de jouer sur tous les tableaux – en l’occurrence la C1, le championnat et la Coupe de la Ligue. En cette fin de saison 2012-2013, les encarnados ont donc toutes les cartes en mains pour décrocher la lune et faire taire l’arrogant Porto pendant un bon moment.
par William Pereira