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Pourquoi Arsenal n’y arrive toujours pas malgré Mikel Arteta

Par Valentin Lutz
5 minutes
Pourquoi Arsenal n’y arrive toujours pas malgré Mikel Arteta

Des boulettes lunaires, des blessures à répétition et des matchs entiers sans frappes cadrées : c'est la saison qu'a décidé de mener Arsenal, assuré désormais de finir hors du top 7 pour la première fois depuis 25 ans. Malgré l'arrivée d'Arteta en décembre 2019, les Gunners ne sont pas parvenus à dépasser leurs lacunes rédhibitoires. De quoi définitivement valider un exercice bien pourri.

Parfois, quelques jours suffisent à résumer une année entière. Dans le cas d’Arsenal, en tout cas, l’exercice fonctionne de manière assez efficace. Pour ce faire, il suffit de jeter un œil à la dernière semaine de compétition : après avoir triomphé de Liverpool le 15 juillet (2-1) puis de Manchester City (2-0) le 18, les Gunners se sont sabordés face à Aston Villa le 21 (0-1). Il y a, là, tout ce qui a constitué la saison laborieuse des hommes de Mikel Arteta. À savoir de l’espoir, mais toujours éphémère car ramené sans cesse à la dure réalité des choses : celle d’une équipe laborieuse, irrégulière et finalement à sa place là où elle est. Le dernier match du club londonien, qui affronte Watford (18e) ce dimanche, n’y changera rien : Arsenal finira la décennie hors du top 7, une première pour le club londonien depuis 1995.

Défense fragile, attaque fébrile

À dire vrai, les deux victoires coup sur coup face à Manchester City et Liverpool ont bien plus étonné que la défaite contre Aston Villa. C’est dire l’écart qui sépare désormais Arsenal des hauteurs du classement de Premier League. C’est aussi se rendre compte que l’exploit des Gunners face aux deux meilleures équipes du Royaume ne reposaient pas sur grand-chose, du moins dans le contenu. En tout cas, les circonstances et la conjecture des matchs ont fait qu’Arsenal s’est retrouvé dans une situation favorable : bien que dominés outrageusement par les hommes de Guardiola et de Klopp, ceux d’Arteta ont profité de la configuration pour capitaliser sur leurs points forts (notamment la vitesse de projection vers l’avant). Mais la défaite lapidaire face à Villa a rappelé que dans une situation inverse, lorsque Arsenal est contraint de produire du jeu, le club londonien ne fait plus illusion très longtemps et laisse vite entrevoir ses limites rédhibitoires.

D’une part, alors que Mikel Arteta voudrait mettre en place une tactique semblable à celle de son mentor Pep Guardiola dont les joueurs sont capables de monopoliser le ballon et d’imposer leur jeu, Arsenal se trouve plutôt doté d’une formation qui garde le cuir sans rien en faire. Face à Aston Villa, par exemple, les Gunners ont eu 69 % de possession de balle, mais n’ont pas réussi à cadrer une seule frappe. Le symptôme d’une équipe sans idée, seizième au nombre d’occasions créées en Premier League et dont le meilleur joueur dans ce domaine (Mesut Özil) n’a pas joué une seule minute depuis la reprise, gêné par des blessures et placardisé par son entraîneur. D’autre part, il y a la vulnérabilité d’une défense qui a passé son temps à se saborder en répétant jusqu’à plus soif des boulettes lunaires souvent au pire des moments : cette saison, Arsenal a perdu 21 points après avoir mené, souvent contre des équipes moins bien classées, hypothéquant sans cesse la possibilité de créer une spirale positive.

Comment y croire ?

D’une certaine manière, Arsenal a perdu ce qui faisait sa force sous le règne d’Arsène Wenger. Car si l’entraîneur français avait pu être moqué à la fin de son mandat pour son incapacité à triompher contre les gros du championnat, il avait aussi souvent permis à son équipe de produire un football flamboyant, d’être intraitable face aux plus petits et de valider du même coup chaque saison un siège européen. Précisément, le classement d’Arsenal cette saison sanctionne aussi l’échec de sa politique sportive depuis le départ du manager français. Alexis Sánchez, Aaron Ramsey ou Alex Iwobi ont été remplacés, certes, mais par des joueurs bien moins créatifs. Avec Aubameyang, Lacazette, Pépé ou Nketiah, trop de joueurs ont été accumulés aux mêmes postes sans que quiconque ne trouve un réel moyen de les faire jouer ensemble. Des défenseurs centraux ont été achetés, mais ce sont des joueurs comme David Luiz ou Shkodran Mustafi, habitués à l’irrégularité et aux absences, qui ont été investis patrons de la défense. C’est dire la tristesse.

Tout n’est pas désespéré pour Arsenal, qui n’a d’ailleurs pas été épargné non plus par les blessures cette saison : des jeunes prometteurs comme Tierney, Saka, Martinelli, Nketiah, Nelson ou Willock enjolivent l’effectif, tandis que leur entraîneur Mikel Arteta réclame du temps pour imposer son projet. L’Espagnol inspire d’ailleurs confiance, notamment parce qu’il semble avoir pris la mesure de son effectif en optant pour le 3-4-3 à la reprise (système probablement plus adapté à son effectif). Reste aussi une porte de sortie, avec la finale de la FA Cup (le 1er août, face à Chelsea) qui pourrait permettre aux Gunners de sauver leur saison et d’accéder malgré tout à l’Europe. Quand bien même, l’avenir à court terme ne rassure pas : cet été, Arteta devra se montrer inventif sur le marché des transferts, car il y a beaucoup à faire et peu d’argent à dépenser. Sans oublier qu’en coulisses, il va falloir gérer au mieux l’avenir de joueurs comme Aubameyang, Lacazette et Guendouzi, tous tentés par un départ. En toute hypothèse, le rebuild d’Arsenal prendra du temps, mais il faudra l’utiliser différemment que cette année. De cela dépend la longueur du chemin.

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