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Pourquoi Antonio Conte galère-t-il en Ligue des champions ?

Par Florian Cadu
Pourquoi Antonio Conte galère-t-il en Ligue des champions ?

Après la défaite renversante sur le terrain du Borussia Dortmund alors que son Inter menait 2-0 à la mi-temps, Antonio Conte a mis en avant les limites de son effectif pour justifier ce revers et réclamé des renforts à ses dirigeants. Un discours pas nouveau dissimulant un certain manque de réussite en Ligue des champions pour l'Italien, qui n'apprécie cependant pas vraiment faire tourner ses joueurs.

Un léger réglage de micro, et c’est parti. Après la défaite renversante de l’Inter sur la pelouse du Borussia Dortmund, Antonio Conte exploite à merveille la conférence de presse pour faire passer son message. Toujours avec la même confiance, toujours avec le même regard perçant, toujours avec les mêmes mots qui claquent : « Nous pouvons mettre en difficulté tout le monde, mais ce sont toujours les mêmes qui jouent. Des erreurs importantes ont été commises, mais nous ne pouvons pas jouer le championnat et la Ligue des champions de cette façon, toujours à la limite. Les joueurs ont des excuses, j’ai été joueur et on doit seulement remercier des joueurs qui ont fait six matchs sur six. Nous sommes l’Inter, tout le monde doit faire son examen de conscience. Je suis désolé de devoir tout le temps parler des mêmes choses, mais j’espère que ce genre de matchs fera comprendre les choses à ceux qui doivent comprendre. Nous, nous travaillons à fond et je n’arrive pas à reprocher quoi que ce soit aux garçons. »

Et d’enchaîner, toujours sur le même ton, toujours avec la même idée en tête : « Nous, nous ne pouvons rien faire de plus que travailler, mais peut-être que certains dirigeants pourraient aussi venir parler. On parle d’un groupe de joueurs qui, mis à part Godín, n’a rien gagné. Il y a des situations difficiles à gérer, à qui je demande ? À Barella, recruté à Cagliari ? À Sensi, recruté à Sassuolo ? » En d’autres termes, et même si l’échange avec les journalistes ne s’arrêtent pas là, l’Italien n’a quasiment aucune responsabilité dans ce revers qui a vu son équipe s’écrouler en deuxième période après avoir mené 2-0 et ses soldats exténués n’y sont pour rien non plus. Les coupables, ce sont ses employeurs qui ne lui ont pas offert un effectif assez dense pour jouer sur deux tableaux à la fois.

Moins de moyens que les autres, réellement ?

Effectivement, les titulaires de l’Inter tirent actuellement la langue. Avec six gros matchs en 17 petits jours (déplacements à Sassuolo, Brescia, Bologne et donc Dortmund ; réceptions du Borussia et de Parme), l’évacuation naturelle de sueur ne suffit plus, et la transpiration tente de s’échapper par la bouche ouverte. Surtout pour certains, comme la doublette d’attaquants Romelu Lukaku-Lautaro Martínez. Reste que l’excuse de l’extrême fatigue et de l’inexpérience semble un peu facile, pour expliquer la troisième place des Milanais dans cette poule F de haut niveau où Barcelone trône en tête. Oui, les Allemands n’ont que dix journées de Bundesliga dans les jambes contre onze de Serie A pour les Italiens. Mais depuis la trêve internationale, ils ont dû autant enchaîner et ne disposent pas d’un groupe intrinsèquement beaucoup plus élevé en apparence. Que ce soit en quantité, ou en qualité. D’ailleurs, Lucien Favre et Conte ont pour l’instant fait appel à un nombre similaire d’éléments cette saison.

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D’ailleurs, que le technicien transalpin regrette que ce soient « toujours les mêmes qui jouent » sonne comme un argument de mauvaise foi. Car partout où il est passé (Juventus, Chelsea…), l’ancien sélectionneur du pays n’a cessé de s’appuyer sur les mêmes hommes. Sur le même onze. Sur les mêmes remplaçants. « Antonio Conte, il a un noyau et n’en change pas, confirme Pedro Kamata, qui a connu le bonhomme à Bari (2008-2009) et à Sienne (2010-2011) où ce fonctionnement était déjà installé. Ce n’est pas forcément onze joueurs, mais il n’est pas du tout du genre à changer sa composition d’une semaine sur l’autre. Bon, il est parfois obligé de varier un peu avec la Ligue des champions. Parce que tout le monde ne s’appelle pas Cristiano Ronaldo ou Lionel Messi, et tout le monde n’est pas capable de performer tous les trois jours ou de s’envoyer 70 matchs par saison. Mais c’est vrai qu’il ne fait pas trop tourner, et que ses changement sont souvent identiques. »

Pas l’équipe pour faire mieux qu’un quart, franchement ?

Là réside peut-être l’une des raisons des échecs de Conte en C1. Considéré comme l’un des meilleurs coachs de la planète, mais aussi comme un homme de touche qui épuise son effectif tout en remportant des titres nationaux et ne reste jamais bien longtemps sur le même banc, le monsieur n’est pourtant jamais entré dans le dernier carré de Ligue des champions en trois campagnes. En 2012-2013 ? Élimination de sa Juve en quarts, face au Bayern Munich. En 2013-2014 ? Sa Vieille Dame dégagée d’un groupe pas non plus terrorisant (Copenhague, Galatasaray, Real Madrid). En 2017-2018 ? Ses Blues sortis en huitièmes, par Barcelone. Pourtant, à Turin ou à Londres, le tacticien avait l’occasion de se mettre à la rotation et ne l’a pas fait.

En 2014, le bel Antonio avait déjà avancé un discours équivalent à celui d’aujourd’hui. « Avec dix euros, on ne peut manger dans un restaurant où les plats en coûtent cent » , balançait-il à la Gazzetta dello Sport pour imposer davantage de moyens, quelques mois avant de quitter le champion d’Italie en titre. Derrière, Massimiliano Allegri avait pris la suite et atteint la finale de LDC dès sa première année. Coïncidence ? Sûrement. À cinquante ans, le principal intéressé a de toute façon largement le temps de hisser son palmarès au niveau de celui de José Mourinho ou de Pep Guardiola. N’empêche que s’il compte se rapprocher de la coupe aux grandes oreilles, l’ex de l’Atalanta – à qui on a certes dû promettre davantage que ce dont il dispose en ce moment – va devoir arrêter de chouiner constamment en réclamant des renforts. Ou tout simplement varier en gardant à l’esprit que si ses poulains sont surmenés, c’est sans doute autant la faute des compétitions que de son management.

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Par Florian Cadu

Propos de PK recueillis par FC

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