le 13/09/2019 à 19:00
Ligue 1
Diffusion sur
Parce qu’Angers ne connaît ni l’enflammade ni la débandade
Quatre matchs et zéro nuance de suspense. Pour l’entame de cette saison de Ligue 1, sa cinquième consécutive, le Sporting Club de l’Ouest a pu renverser Bordeaux (3-1), rouler sur Metz (3-0) et assurer contre Dijon (2-0), le tout à la maison, mais aussi se faire rosser à Lyon (0-6). Et sans cette correction aussi violente, qui ne semble aujourd’hui qu’un accident, les Noir et Blanc seraient certainement sur le podium. Pourtant, les hommes de Stéphane Moulin n’ont jamais versé dans le triomphalisme ni le défaitisme. «
Parfois, j’entends des joueurs d’autres clubs dire au micro :« Ouais, aujourd’hui c’était très compliqué, ce qu’on a fait, c’est pas normal, on a été nuls… »
Jamais un joueur du SCO ne parlera comme ça, jurait l’entraîneur angevin pour
So Foot.
Ça, c’est un loser. Nous, on va continuer de bosser. De la même manière que vous n’entendrez jamais un joueur se pavaner quand on est maintenus. On reste mesurés. Parce que la mesure, c’est l’équilibre. Et l’équilibre, c’est un gage de réussite. » La preuve pas trois, fois trois qui font neuf points sur douze possibles.
Parce que Stéphane Moulin est de la trempe de Diego Simeone et Arsène Wenger
Moulin fait partie de la caste des bâtisseurs. L’ancien meneur du SCO a pris en charge l’équipe pro en 2011, au point d’être aujourd’hui l’entraîneur des cinq grands championnats installé depuis le plus longtemps sur le même banc, devant Diego Simeone à l’Atlético. Un homme qui sait que «
pour durer, il faut d’abord avoir des résultats » . À son arrivée, le club venait d’échapper à la relégation en National, mais n’avait pas le droit de recruter. Et chacune de ses huit années n’ont été que progression, pour refaire d’Angers une place forte de l’élite française, bien souvent avec des bouts de ficelle. «
J’aimerais bien voir Guardiola entraîner Angers » , lançait-il à
So Foot, comme un défi de pouvoir faire mieux avec les moyens dont il dispose. La clé de sa réussite réside dans le fait d’avoir «
un style et une identité propres » et «
faire en sorte que les joueurs y adhèrent » . Et à Angers, les mots d’ordre sont travail, courage et humilité, sans faire une croix sur le jeu. Et les résultats ne peuvent que lui apporter de l’eau, à son Moulin.
Parce qu’ils ont fait une entorse à leur règle de recrutement
Recensé dix-septième budget de Ligue 1 début août (32 millions d’euros), le SCO n’a jamais eu beaucoup de marge sur le recrutement. Pas un problème ici, où la débrouille a été élevée au rang d’art, par nécessité. «
C’est dur de recruter malin, assurait Stéphane Moulin en mai dernier.
Quels arguments peut-on donner ?« Allez viens, tu vas voir, le château du roi René d’Anjou, c’est top ! »
Ben non. Ici, il faut qu’on aille voir des mecs que d’autres n’ont pas vus, ou que le mec ait un œil voire un orteil en moins. » Pourtant, les huit recrues ne sont en rien mutilées, et plusieurs ont déjà fait leurs preuves en Ligue 1. Et grâce à la vente record de Jeff Reine-Adélaïde (25M d’euros) et celle de Favien Tait (9M), le club a investi le double des sommes engagées la saison dernière (10,5M). Beaucoup de noms qui semblent des bonnes pioches, dont le fin Mathias Pereira Lage, arraché de son Clermont natal pour 1,5 million d’euros. Un garçon qui brillait en Ligue 2 et que personne d’autre n’a su voir, à moins que l’argument du château du roi René ait fini par faire son effet.
Parce qu’en plus d’avoir la dalle, les Angevins ont des croc(o)s
Pour expliquer la nouvelle dimension de l’effectif, il faut aussi souligner les arrivées de Rachid Alioui, Sada Thioub et Antonin Bobichon. Trois piliers du Nîmes Olympique, qui s’est retrouvé fort dépouillé à la sortie de l’été. Les talents de renard des surfaces du Marocain, le punch du Sénégalais et les scuds du milieu devraient parfaitement s’accommoder au plan de jeu de Stéphane Moulin. Surtout, ces habitués de la
furia gardoise devraient rapidement se faire aux valeurs du coin. Pour expliquer la connexion Nîmes-Angers, notez qu’il faut compter en moyenne 5h52 de train, avec toujours un changement à Paris. Le mystère n’est donc pas résolu…
Parce qu’ils ont déjà regardé Arsenal dans les yeux
Raymond Kopa aurait été fier d’eux. Car dans un stade portant son nom, les Angevins ont tenu tête aux
Gunners, lors d’un match de gala pour le centenaire du club. Dans un somptueux maillot vintage, les gars de Stéphane Moulin s’en sortent avec un match nul, avant de s’incliner aux tirs au but, avec l’échec de l’ancien Canonnier et désormais ex-Scoïste Jeff Reine-Adelaïde. Une belle prestation face au finaliste de la dernière Ligue Europa comme une manière de prendre le pouls du continent, car malgré les rotations d’Emery, Aubameyang et Mkhitaryan sont apparus sur le pré. Et encore, le club de Londres était un choix par défaut puisque le président Chabane rêvait d’accueillir la Juventus «
avec qui [le SCO]
partage les mêmes couleurs, mais le timing n’était pas le bon » . Les
Bianconeri de l’Anjou s’en remettront facilement, s’ils peuvent affronter le champion d’Italie dans quelques mois en compétition officielle.
Parce que Farid El Melali a trouvé la lumière
Buteur face à Arsenal, un homme avait annoncé la couleur pour cette nouvelle saison. En effet, Farid El Melali est depuis le mois d’août le facteur X de cette équipe, avec deux buts lors de ses deux premières titularisations en Ligue 1. Pourtant, l’Algérien n’est pas une recrue du dernier cru, puisque arrivé il y a un an. Comme les Niçois Youcef Atal et Hicham Boudaoui, ainsi que l’ancien Rennais Ramy Bensebaini, le Fennec est un produit du Paradou AC. Il a même participé à la remontée du club en première division après dix ans d’absence, avant de rallier le Maine-et-Loire. Dix-huit entrées la saison dernière pour 310 minutes de temps de jeu, sans être aidé par une longue blessure à la cheville, le petit attaquant (1,68m) a pris le temps de se faire à son nouveau cadre, pour montrer toutes ses capacités à 22 ans. Et après deux buts en trois matchs, voilà la machine lancée. Un modèle de la méthode angevine pour lancer des garçons qui viennent de championnats moins relevés. «
Parfois, il faut du temps pour que les choses soient bien assimilées, expliquait Stéphane Moulin après la victoire contre Metz (3-0).
Il ne parlait pas beaucoup le français au départ et il découvre le monde professionnel, avec toutes ses exigences. Le côté sombre, c’est l’apprentissage. »
Spoiler altert : Haithem Loucif, un autre joueur du Paradou, vient d’arriver cet été à Angers et devrait être prêt en 2020…
Parce qu’ils ont déjà eu l’exploit à portée de main
Finale de Coupe de France 2017 : le poteau renvoie la frappe de Nicolas Pépé et l’opportunité du SCO d’ouvrir le score face au PSG. Car à la dernière minute, le CSC d’Issa Cissokho empêchera Angers de goûter pour la première fois à l’Europe. «
Mais ce n’est pas grave : on a réussi à faire croire à tout le monde, et surtout aux joueurs que c’était réalisable » , reconnaissait Moulin. Même s’il sait qu’un «
grain de sable » suffirait pour enrayer la machine à stabilité qu’est devenu son club, la suite logique de la progression angevine serait de décrocher un ticket pour une coupe continentale.
Parce qu’ils ont un hymne qui peut faire un carton à l’étranger
De grosses influences rock, voilà ce qu’a proposé Jamie Gallienne, musicien angevin,
dont la chanson a été choisie pour accompagner le SCO. Si ça ne déchaîne pas la foule de Raymond-Kopa…
Top 100 : Footballeurs fictifs (de 70 à 61)
Propos de Stéphane Moulin issus du numéro 166 de So Foot, recueillis par MR et Chérif Ghemmour.