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Pour votre McGovern
Héros de tout un pays lors du match face à l'Allemagne et plus généralement pendant la phase de poules, Michael McGovern sort un peu de nulle part. Et plus précisément du fin fond du championnat écossais.
Michael McGovern est beau avec le maillot de Manuel Neuer sur le dos. Ses coéquipiers l’applaudissent à l’unisson. Le gardien vient de permettre à l’Irlande du Nord de rejoindre les huitièmes de finale. En repoussant les tentatives de Thomas Müller, Mesut Özil, Mario Götze et Mario Gómez, excusez du peu, McGovern a réussi à limiter la casse. Les Nord-Irlandais se sont inclinés seulement 1-0, et font donc partie des meilleurs troisièmes à la différence de buts. « C’est sûrement le meilleur match de ma carrière compte tenu de l’enjeu et de l’opposition. J’ai eu le maillot de Neuer après le match et il m’a dit « Bien joué », ce qui est super, car c’est évidemment un gardien que j’admire. Quand les gars m’ont tous applaudi, j’étais un peu embarrassé. Mais j’étais très fier de pouvoir partager ce moment avec ma famille, ils étaient fous de joie » , explique-t-il à la BBC. Si Michael est aussi humble, c’est qu’il sait qu’il a bien galéré pour en arriver là.
Une carrière en clubs bien compliquée
La carrière de Michael McGovern commence pourtant bien. Dès ses 17 piges, il part pour le Celtic Glasgow. Pas mal comme premier club professionnel. Sauf qu’en sept ans dans le meilleur club d’Écosse, le gardien nord-irlandais n’a pas l’occasion de se faire une place. Il ne dispute pas un seul match avec le Celtic. Même lorsqu’il est prêté dans des clubs secondaires d’Écosse, son temps de jeu est famélique. Dix-neuf rencontres avec Stanraer et une seule avec St Johnstone. En 2008, c’est le départ pour Dundee United. Là encore, c’est un échec, il ne reste qu’une seule saison, ne parvient pas à bousculer la hiérarchie, et ne dispute pas la moindre minute avec l’équipe pro. McGovern a 25 ans, et sa carrière n’a toujours pas démarré. Pendant ce temps-là, sa sœur est titulaire avec la sélection féminine d’Irlande du Nord.
Tout s’accélère en 2009, à Ross County. Il peut enfin prendre part à une saison complète, et manque de remporter la Coupe d’Écosse, qu’il perd en finale contre son ancien club, Dundee United. Après deux saisons de bons et loyaux services à Ross County, il rejoint Falkirk, un autre club écossais. En trois ans, il est nommé à chaque fois meilleur joueur du club, fait partie de l’équipe type du championnat d’Écosse en 2013-2014, et devient même capitaine. Une montée en puissance qui le classe enfin parmi les valeurs sûres du championnat écossais. Aujourd’hui à Hamilton Academical, il détient le record d’invincibilité de son écurie, avec 437 minutes sans encaisser le moindre pion.
Enfin indiscutable en sélection
« Ces deux dernières années, j’ai joué à un bon niveau dans la première division écossaise, ce qui m’a vraiment permis de franchir un cap » , expliquait-il au Daily Mail après son match contre l’Allemagne. Car oui, à 31 ans, Michael McGovern compte moins de 20 sélections avec l’Irlande du Nord. Longtemps barré par Roy Carroll, l’ancien gardien de Manchester United, il a fallu attendre la deuxième moitié des éliminatoires de l’Euro pour qu’il s’impose comme le numéro un dans les cages nord-irlandaises. Un changement de statut soudain, sur le tard, qui lui donne envie de rêver. « Je suis ambitieux et je veux jouer au plus haut niveau possible. C’est une bonne position de ne plus être sous contrat, mon agent va pouvoir démêler tout ça. Ce genre de match ne peut pas me faire de mal » , s’est-il réjoui.
Car oui, le contrat avec Hamilton Academical sera terminé au 30 juin. Comme d’habitude depuis le début de sa carrière, le club qui voudra de lui n’aura pas à débourser un seul centime. De quoi attirer pas mal de prétendants, notamment en Premier League. De nombreux clubs anglais seraient en effet sur les rangs pour s’attacher les services du portier nord-irlandais. « Les téléphones ont été un peu occupés ces 12 dernières heures » a affirmé Andrew Evans, son agent à la BBC. Même Jens Lehmann, impressionné par sa performance contre la Nationalmannschaft y est allé de son petit commentaire : « Est-ce qu’il parle allemand ? J’ai de beaux projets pour lui. » En espérant que cette fois-ci, Michael McGovern se verra offrir autre chose qu’un rôle de doublure.
Par Kevin Charnay