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« Pour protester, on s’est entraîné un jour sur la place du centre-ville »

Propos recueillis par Valentin Pauluzzi
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Ancien capitaine de la CFA de Montpellier, ce milieu de terrain issoldunois a émigré en Italie il y a trois ans et s’y trouve parfaitement à son aise malgré son scepticisme initial.

Ton parcours chez les jeunes a commencé à Châteauroux.

Mes deux année de pré-fo’ à la Berrichonne avec Fabrice Dubois ont été très importantes. Il y avait Valère Germain, Gilles Sunu, une belle petite couvée. Et ça ne rigolait pas, la rigueur était incroyable, j’y ai connu mes entraînements les plus difficiles. À l’époque, je jouais en 10 et c’est Dubois qui me fait redescendre 6. Puis, Manu Christophe m’a amené à Montpellier, même si j’avais une grosse touche avec Lens et Strasbourg.

À la Paillade, vous vous offrez une belle aventure en remportant la Gambardella 2009…

C’était la génération dorée qui termine championne, dix passent pros, cinq jouent encore avec l’équipe une aujourd’hui. Moi je signe un contrat de trois ans en 2010, la première saison, je la passe avec la CFA, d’autant que la paire Estrada-Saihi tournait bien au milieu, je fais tout de même quelques bancs, je patientais tranquillement, j’attendais mon tour quoi.

Je retrouve Girard à Montpellier, en fait, ce coach, je me rends compte qu’il ne m’a rien appris, ni techniquement, ni tactiquement, et c’est ce que pensent les trois quarts du vestiaire de l’époque qui ne pouvaient pas le voir

Tu passes aussi chez les U20 Français.

Oui, avant de signer pro. J’ai participé aux Jeux de la Francophonie avec Blaquart, c’était au Liban au mois de septembre, une belle expérience, même si on fait un nul et une défaite contre le Sénégal et le Maroc, insuffisant évidemment pour aller plus loin.

Le titre historique, tu le vis de loin à Martigues…

En prêt en National, je suis titulaire, mais le style de jeu c’était comment dire, pas ma tasse de thé. Je passais mon temps à regarder le ballon voler en l’air d’un camp à l’autre, d’ailleurs ça se finit en relégation. Il me reste alors une année de contrat et je retrouve Girard à Montpellier, en fait, ce coach, je me rends compte qu’il ne m’a rien appris, ni techniquement, ni tactiquement, et c’est ce que pensent les trois quarts du vestiaire de l’époque qui ne pouvaient pas le voir. Oui, il a apporté une hargne, il fallait se remettre en question tous les jours, ça on ne peut pas lui enlever, mais l’équipe était déjà en place.

Tu t’es embrouillé avec lui ?

Non, mais j’aurais peut-être dû, il attendait un brin de caractère hors du terrain, mais moi c’était sur le carré vert que je me dépensais, je me suis même pété un métatarse à cause de lui. Un jour, je suis allé le voir seul dans les vestiaires, pour lui demander tout simplement ce qu’il attendait d’un milieu, afin de comprendre si j’étais capable de prendre la place d’un Pitau ou d’un Estrada. J’ai eu du blabla en réponse plutôt que de me dire où et comment je devais progresser. Je donnais pourtant tout aux entraînements, j’étais capitaine de la CFA, mais il ne me faisait même pas jouer un petit match de Coupe de la Ligue. Tout le club était derrière moi, même en partant, Laurent Nicollin m’a dit qu’il ne comprenait pas, alors qu’il était « prévu » que moi et Saihi devions être les futurs titulaires au milieu.

J’ai tenu à me présenter en italien lors de la conférence de presse, j’avais appris les rudiments de la langue durant mes deux semaines en Calabre. Il y avait tout de même une traductrice, enfin, c’était une nana qui avait bossé six mois à Disneyland Paris !

Du coup, tu te retrouves à l’UNFP ?

J’avais 23 ans et je venais de passer toute la saison en CFA, concrètement c’était chaud de rebondir, j’ai bien eu quelques proposition de National en France, mais j’ai refusé et sans regrets, puisque les clubs sont descendus. Je suis alors allé à l’UNFP, car je voulais une vraie bonne préparation physique. On a fait le tournoi de la Fifpro aux Pays-Bas où s’affrontent les sélections de tous les chômeurs du monde. La Reggina qui évoluait en Serie B me contacte directement dans les tribunes, c’était folklore pour communiquer, mais je suis parti les rejoindre pour leur stage d’avant-saison dès le lendemain.

Comment ça se passe là-bas ?

Très bien, Atzori m’aimait bien, pendant deux semaines c’était top, mes coéquipiers pensaient que j’allais signer, et à quelques jours de la fin du mercato, le coach me dit qu’il ne me conserve pas et que c’est sa décision. Vu qu’il était très content de moi, j’ai des doutes, le fait est qu’ils ont pris Strasser du Milan juste après…

En revanche, Barletta c’est bon, même si c’est en troisième division.

J’ai tenu à me présenter en italien lors de la conférence de presse, j’avais appris les rudiments de la langue durant mes deux semaines en Calabre. Il y avait tout de même une traductrice, enfin, c’était une nana qui avait bossé six mois à Disneyland Paris ! Une fois en Italie, je me suis dit que j’allais prendre tout ce que je pouvais, et pourtant c’est vraiment le dernier pays où j’aurais pensé jouer au foot. Mais bon, ça joue ballon à terre, et je ne demande que ça.

Il nous a manqué quatre mois de salaire, on en a récupéré deux mois et demi et il manque un mois et demi que le syndicat des joueurs nous aidera à avoir, il y a eu bien pire que nous en Italie

Ça ressemble à quoi Barletta ?

Ça fait 100 000 habitants, c’est très étendu avec un petit centre historique sympa. C’est sur le littoral, mais la mer n’y est pas la plus belle d’Italie, il faut aller plus bas, vers Lecce pour les belles plages. Surtout, il y a la Disfida, là où 13 cavaliers italiens et autant de français se sont affrontés au XVIe siècle pour se disputer le territoire et s’y installer. Je suis resté très attaché à cette ville !

Niveau ballon, il y a cette première saison sans relégation à cause de la réforme des championnats.

On avait une équipe jeune, on a joué le coup à fond, mais lorsque la zone play-off s’est éloignée, on a fini les deux derniers mois en roue libre. En plus de ça, on savait que le président Tatò n’allait pas rester, il en avait marre, il a tout donné pour le club et les collectivités locales ne l’aidaient pas, notamment concernant les infrastructures. D’ailleurs, pour protester, on s’est entraînés un jour sur la place du centre-ville !


Avec son successeur Perpignano, tu connais un grand classique italien, les salaires non payés.

Déjà, il a tout fait pour me faire partir, il voulait révolutionner l’effectif de A à Z. Lors de la présentation officielle de l’équipe, chaque joueur est appelé un à un pour monter sur l’estrade… sauf moi ! Je lui ai dit que j’étais là avant lui et que ce n’était certainement pas comme ça que j’allais m’en aller et je suis effectivement resté. En décembre, il paye en retard, on prend deux points de pénalité, je pense que ses associés l’ont lâché. Du coup, il a essayé de maintenir le club à flot, mais sans rien dire aux joueurs. Il nous a manqué quatre mois de salaire, on en a récupéré deux mois et demi et il manque un mois et demi que le syndicat des joueurs nous aidera à avoir, il y a eu bien pire que nous en Italie.

Comment gères-tu les quatre ou cinq mois sans salaire ?

J’ai de la chance d’avoir des parents qui m’ont toujours appris à mettre de l’argent de côté. Ça fait chier de bosser pour rien, mais c’est surtout compliqué pour ceux qui ont une famille, surtout que les salaires ce n’est pas la Ligue 1. Il y a beaucoup de sacrifices à ce niveau.

Toujours l’an dernier, un de tes coachs est cité dans le calcioscommesse.

Oui, Ninni Corda, qui a remplacé Sesia sans raison valable. On présumait qu’il était venu pour apporter des sponsors. Son nom est sorti pour un match d’une autre équipe, Barletta n’est pas dans le lot, mais qui sait, c’est qu’on ne peut pas s’en rendre compte, on me voit comme quelqu’un de droit dans le vestiaire, donc on ne m’en a jamais parlé. J’ai juste vu des joueurs baissant le pied parce qu’on était déjà sauvés, mais je n’ai jamais rien vu d’étrange.

J’ai patienté six mois sans avoir peur, j’avais ouvert mes droits pour le chômage, je me suis ressourcé en famille

Comment as-tu réagi à la faillite du club l’été dernier ?

J’avais tellement anticipé de toute façon… Le côté positif, c’est que les supporters ont repris en partie le club, et j’ai confiance, ce sont des super gars. Ils sont en train de refaire les tribunes, mais attention, pas touche à la piste d’athlétisme, c’est là où s’entrainait le mythique Pietro Mennea, toujours recordman d’Europe du 200 mètres !

Du coup, te voilà à nouveau au chômage.

J’ai eu de suite des propositions, dès juillet, venant toujours de Lega Pro, la Paganese, Melfi et d’autres, mais j’ai préféré attendre, car il n’y avait aucune garantie dans les paiements, je ne voulais pas revivre la même chose. Du coup, j’ai pris mon temps, je suis même allé passer un essai en D4 anglaise, à Yeovil.

Pourtant, c’est du kick & rush !

Certes, mais ça aurait pu être une superbe expérience humaine avec l’apprentissage de la langue anglaise. J’ai patienté six mois sans avoir peur, j’avais ouvert mes droits pour le chômage, je me suis ressourcé en famille, j’ai eu une grosse touche avec les Herbiers, mais l’un comme l’autre, on s’est dit que ça ne le ferait pas. En fait, j’attendais que Sesia, mon coach préféré de Barletta, retrouve du boulot, et c’est ce qui s’est passé à l’Albinoleffe. Et puis, le club a des superbes infrastructures et cette fois je suis certain de toucher mon salaire.

Tu as signé combien de temps ?

Six mois. J’ai 26 ans, mais je compte aller toujours le plus haut possible, je joue, j’apprends. Ici c’est Bergame, le Nord de l’Italie, j’ai découvert aussi une autre culture, j’adore visiter, je bouge tout le temps dans les villes d’à-côté. Après ce que j’ai vécu avec Girard, je revis en Italie, par le jeu déjà, l’équipe est avant-dernière, mais on cherche absolument à jouer, et par la culture où il y a plus de savoir-vivre, même dans les vestiaires. Certes en France on est payés à l’heure, mais l’Italie est au-dessus sur tout le reste.

Pour le plaisir, son homonyme réunionnais :

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