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Pour l’honneur
Ce soir, Mourinho retourne à San Siro et ce sera sous les sifflets rossoneri. Son Real vient y affronter le Milan AC pour un match que tout le monde aura sans doute oublié après l'hiver. Échauffements.
« A San Siro, je joue à domicile » . Si Jose Mourinho n’existait pas, on se demande vraiment qui aurait l’idée de ne pas l’inventer. En conf de presse, l’ex de l’Inter aime à rappeler qui est le patron à San Siro : « Je comprends que les supporters milanais ne soient pas amoureux de moi parce que l’an dernier, j’ai gagné la Champion’s et le Scudetto avec l’Inter » . Le grand homme a changé le cours de l’histoire en Lombardie. L’éternel loser interiste n’a plus rien à jalouser au voisin milaniste et c’est grâce à lui, le surhomme. A Milan, maintenant c’est l’Inter qui commande. Et en Europe ? C’est le Real qui fait peur à tout le monde. Grâce à qui ?
En effet, le Real débarque à Milan les poches remplies de certitudes. Premier en Liga et sensation du mois d’octobre, le Real de “Mou” fait chauffer les compteurs en Liga : 23 points sur 27 possibles, 0 défaite et 25 buts marqués. Encore mieux que le Barça pré-diluvien de l’an passé. A part le nul à Murcie en Coupe du Roi, le Real a écrasé la concurrence : 6-1 contre La Corogne, 4-1 à Malaga, 2-0 contre Milan, 6-1 contre Santander et 3-1 à Alicante. Certes, Alicante et Malaga, c’est gentil. Mais marquer 21 buts en 5 matchs (dont 13 pour le seul Ronaldo), pas la peine d’être matheux pour se rendre compte que ça fait plus de quatre buts par match. Autant dire qu’à quelques heures de se taper Milan et sa défense en carton, le socio madrilène se lèche les babines. Il est temps d’effacer une autre stat : en cinquante ans, le Real n’a jamais gagné à San Siro.
En face, même le vieux Franco Baresi semble se résigner : « Pour moi le Real est favori pour gagner la Champion’s cette saison » . Marca exulte et colle du coup le vieux loup milanais sur sa Une. Le Milan de feu Ronnie n’a rien montré en C1 pour l’instant. L’ancien bras droit de Sacchi n’hésite pas et tire donc sur l’ambulance : « Le grand Milan duquel je faisais partie était une équipe organisée, agressive, plus dynamique, plus rapide et plus courageuse que le Milan de maintenant » . On a compris, vieux. C’était mieux avant. Mais ce soir, Ronnie sera sur le banc, Boateng sera le patron au milieu, et il faut reconnaître que le trio Ibra-Pato-Robinho, ça a quand même de la gueule et les vieux beaux Pirlo et Seedorf ont quand même plus que des restes dans les jambes. Toujours se méfier du boiteux surtout si vous jouez dans son jardin.
Pas si évident
Ce soir Mourinho alignera le 11 qui a fait sa légende à Madrid : Casillas/Marcelo-Pepe-Carvalho-Ramos/Khedira-Alonso/Ronaldo-Ozil-Di Maria/Higuain. Plus de Lass, pas encore de Benz. Le Special One a beau répéter qu’il « connaît bien » Lass depuis son passage à Chelsea, l’ex-meilleur milieu de terrain français est définitivement tricard de l’effectif merengue. “Mou” l’a même laissé à Madrid avec les blessés. Ça lui apprendra à bouder sur son maigre temps de jeu. Liverpool, Manchester et Totteham se seraient renseignés pour l’hiver. Son pote Benz, lui, semble regonflé depuis sa bonne sortie contre Alicante ce week-end (quinze minutes, une passe décisive). Marca, après l’avoir donné pour mort mercredi dernier, réclame désormais sa titularisation immédiate à la place de Di Maria, légèrement touché au genou. Y’a que les imbéciles qui changent pas d’avis, hein.
Le Real joue ce soir la tranquillité de ses soirées d’hiver. Une victoire ferait de lui le premier qualifié pour les huitièmes et une bonne raison pour “Mou” de commencer à faire tourner son effectif. Les deux mois qui arrivent seront froids et longs. Car le Real a beau faire le malin en Liga, il n’a encore affronté aucun des cadors de son championnat. Si le match aller contre Milan avait permis de mesurer la vraie valeur de l’équipe du “Mou”, le retour va servir à se détendre et faire des provisions avant l’hiver. A Bernabeu, le Real avait été supérieur, certes. Mais pas tant que ça finalement. Car si le Milan s’était fait surprendre par un début de match explosif de la bande à CR7, à quelques cheveux près, l’équipe d’Allegri aurait pu arracher un nul (barre de Pirlo en première, contre-attaque Ibra-Inzaghi létale en seconde). En outre, après leur défaite contre la Juve du week-en dernier à domicile, les Italiens jouent leur honneur ce soir devant leur public. Et on ne rigole pas avec ces choses-là de ce côté-ci des Alpes.
Thibaud Leplat, à Madrid
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