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Pour l’abolition de la VAR !
La VAR a clairement démontré non seulement qu’elle nuisait au foot et au jeu, mais, qui plus est, son inefficacité. Elle échoue en effet quasiment dans toutes ses missions : faciliter le travail des arbitres, apaiser joueurs et dirigeants de club ou encore supprimer les injustices. Une question devrait s’imposer, et la réponse en découler naturellement : qu’attendons-nous pour nous débarrasser d’un « machin » auquel d’ailleurs les hommes et les femmes en noir recourent de moins en moins ?
Depuis le début de la saison d’une Ligue 1 plutôt excitante sur le terrain, deux scandales semblent saper les fondements du bel édifice d’un foot français en pleine reconstruction : les débordements des supporters et la VAR. Alors que tout le monde s’affaire pour régler le cas des tribunes, on continue de jeter un voile pudique sur cette grande escroquerie du football moderne que reste le vidéo-arbitrage. Les exemples ne cessent de se multiplier, pour faire finalement système. On se plaint de son usage, du ralentissement du jeu, ou encore à l’inverse de sa non-utilisation lorsqu’une action semble litigieuse. Troyes contre Angers, Lyon au PSG, Lyon de nouveau contre Lorient… Chaque journée enfante son petit scandale. Évidemment rien de neuf. Jean-Michel Aulas crie contre l’arbitrage quand il lui est défavorable – il le fera toujours – et passe son fusil sur son autre épaule les jours où ça l’arrange. L’immense croyance qu’une seule décision peut figer un score continue d’occuper les sempiternels « on refait le match » . Les arbitres demeurent la cible de tous les reproches dans un foot où en retour, les fourberies, simulations ou coups de pression systématiques des joueurs sont considérés comme naturels, voire presque de la conscience professionnelle.
Effets pervers
Toutefois, c’est bien ici que le bât blesse. L’instauration de la VAR était censée apporter la paix sur le rectangle vert. Nous allions mettre un terme au doute sur les buts, les penaltys et bien sûr les cartons rouges. L’homme en noir, dépendant autrefois de ses seules compétences, ne serait plus seul face à des choix cornéliens, dans un sport dont l’explosion des performances et des capacités physiques paraissent interdire à l’œil humain de tout capter en temps réel. L’inévitable erreur humaine deviendrait péché devant la gloire lumineuse des écrans et des ralentis. Une armada de caméras et des collègues à l’oreillette veilleraient sur lui. Seulement, la VAR l’a surtout déresponsabilisé dans ses prises de décision. Elle est devenue un filet de protection qui affaiblit le poids de son autorité, alors que 90% de ce qu’elle juge nécessite toujours l’interprétation individuelle et finale de celui qui détient le sifflet. Voilà donc l’arbitre non seulement amené à se justifier de ce qu’il a vu, mais aussi désormais des circonstances et à quel moment il a dessiné le petit carré dans l’air avec ses mains. Résultat, une foire d’empoigne supplémentaire, le refrain du « pourquoi ne pas avoir recouru à la VAR ? » ou bien son pendant « étonnant la sanction adoptée au regard des images que nous avons nous aussi pu consulter » . La VAR a donné des raisons et des moyens additionnels de critiquer l’arbitre sans lui fournir en retour les arguments « juridiques » incontestables pour se défendre.
Enfin, loin d’assagir les joueurs, les entraîneurs ou même les présidents de club, la VAR leur a offert une raison supplémentaire de se plaindre, une opportunité nouvelle de faire pression auprès de l’arbitre, de le déstabiliser, sans oublier de passer ensuite pour la victime en conférence de presse. Doit-on désormais acquérir une âme de comptable pour convaincre les ultimes partisans de cette ignominie ? Les quelques erreurs corrigées n’équilibrent pas les pertes endurées par un football de plus en plus administratif. Avant qu’il ne soit trop tard, et même par simple pragmatisme au regard du spectacle qui s’offre à nous chaque week-end, il est temps d’abolir la VAR pour le foot, pour le jeu, pour les arbitres.
Par Nicolas Kssis-Martov