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Pour Deschamps, c’est déjà le printemps
Avec le Qatar en ligne de mire, Didier Deschamps a lancé son année 2022 avec une liste de 23 joueurs laissant la place à la nouveauté, et dessinant déjà les tendances à suivre. Les convocations des débutants Christopher Nkunku et Jonathan Clauss, ou un groupe façonné pour jouer avec trois défenseurs centraux en attestent : les prochains jours auront déjà goût de préparation pour la prochaine Coupe du monde.
« J’ai 23 cases, hein ! » Au moment de dévoiler ses premières cartes de l’année 2022, Didier Deschamps, dans son costume bleu nuit cintré et sous son bronzage d’hiver, se sent déjà à l’étroit. Parce que les choix pour cette liste étaient difficiles, après quatre mois d’hibernation pour l’équipe de France, mais aussi parce que le chronomètre est déjà lancé. Dans 249 jours, pour être précis, les Bleus iront défendre leur titre au milieu des dunes du Qatar. Ça paraît loin, mais c’est déjà demain. Et ce n’est pas le calendrier chamboulé par les impératifs météorologiques, ou une préparation express qui n’offrira que huit matchs avant le Mondial, qui vont le perturber.
Avec Clauss et Nkunku
Là où, les années paires, cette liste de mars sert normalement d’indicateur pour l’échéance du mois de juin, elle n’ouvre ici qu’une fenêtre pour s’ajuster, bricoler, observer. Encore plus lorsque le programme de ce rassemblement prévoit des rencontres amicales contre les sélections de Côte d’Ivoire (vendredi 25 mars à Marseille) et d’Afrique du Sud (lundi 28 mars à Lille). « S’il n’y a pas de souci, la majorité des joueurs que je viens d’appeler seront là en juin, en septembre, se projette Deschamps, avant de nuancer. On ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Certains peuvent être dans une période positive, puis moins dans quelques mois. » Ainsi, le sélectionneur a ressorti de son coffre ses cadres désormais inamovibles (Lloris, Pavard, Varane, Kimpembe, Lucas Hernández, Pogba, Kanté, Rabiot, Mbappé, Griezmann et Benzema), a reconduit les satisfactions de 2021 (Theo Hernández, Koundé, Tchouaméni, Guendouzi, Diaby), tout en profitant d’une courte latitude pour introduire de nouvelles têtes. « Dans mon esprit, il y a toujours le désir, cette nécessité d’oxygéner. Ce n’est pas figé non plus. Il y a un fil conducteur, un noyau dur, l’expérience est essentielle, mais amener de la fraîcheur, c’est bien. »
On verra donc à l’essai le piston lensois Jonathan Clauss (29 ans et 64 matchs de Ligue 1 au compteur), ainsi que le Titi parisien expatrié à Leipzig, Christopher Nkunku. « Ce sont deux joueurs qui sont performants avec leur club, justifie DD. Ils auraient pu être appelés peut-être avant, mais je considère que c’était le moment de les voir pour avoir encore un peu plus de réponses par rapport au choix définitif que je serai amené à faire à l’avenir. » Des garçons comme Alban Lafont ou Martin Terrier devront attendre le prochain train, alors que Nabil Fekir, Olivier Giroud, Ousmane Dembélé ou Dayot Upamecano – pour ne citer que les joueurs évoqués en conférence de presse – attendront pour effectuer leur retour. Au milieu du tableau, deux grands perdants : Léo Dubois, souffrant de ses performances en demi-teinte à Lyon, mais surtout Kurt Zouma. « Il n’était pas là pour la Ligue des nations, c’est d’abord un choix sportif, commente le Basque, évitant soigneusement le Catgate dans lequel s’est perdu le défenseur de West Ham. J’ai déjà dit ce que j’avais à dire. J’ai eu l’occasion d’échanger avec Kurt pour en parler de vive voix. Ça n’aurait pas dû se passer. Mais je ne fais que des choix sportifs, pour qui que ce soit. »
Trois fois rien
Puisqu’il n’est donc question que de choix, il y en a un qui semble avoir fait son petit bout de chemin dans l’esprit du boss des Bleus : celui d’avancer avec une formation à trois défenseurs axiaux comme système par défaut. C’est « dans cette optique » que sont couchés les noms de Pavard, Koundé, Varane, Kimpembe et Lucas Hernández, pouvant tous s’éclater dans ce dispositif, même si Deschamps « n’exclut pas de ponctuellement pouvoir changer » et donc de revenir à une ligne de quatre arrières. Pour le premier cité, Benjamin Pavard, cela ressemble à un changement de statut : jusqu’alors réduit à un rôle de latéral en équipe de France, le Nordiste est aujourd’hui considéré « plus comme un défenseur central ». Même recentrage pour son pendant gaucher, Lucas Hernández, vu les présences de son frère Theo et Lucas Digne. Bien qu’énuméré dans la catégorie des attaquants, Kingsley Coman peut aussi s’attendre à bouffer de la craie, puisque c’est dans le couloir droit qu’il pourrait vivre ce stage, avec Clauss comme doublure. « C’est le rôle qu’il occupe avec le Bayern. Il le fait très bien et l’a très bien fait lors du dernier rassemblement », rappelle le sélectionneur. Des tests, des options, des possibilités, voilà ce qui est aujourd’hui sur la table de Didier. Dans quelques mois, il faudra ramasser les notes gribouillées sur la nappe pour espérer un nouveau festin.
Par Mathieu Rollinger, au siège de la FFF