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Posto, le costaud
Né en Moldavie et professionnel au Paris Saint-Germain, Virgiliu Postolachi aurait pu se retrouver face aux Bleus, ce vendredi soir. Il n’en sera rien. Le jeune attaquant de 19 ans, révélé l’été dernier face à l’Atlético de Madrid, est en pleine réflexion quant à son avenir international, puisque la Roumanie a également senti la bonne affaire...
Limba Nostra. Notre langue. Cet hymne, Virgiliu Postolachi aurait pu le chanter, ce soir, sur la pelouse du stade Zimbru de Chişinău, la capitale moldave. Finalement, au lieu de mettre sa main sur le cœur, il la mettra sans doute sur sa télécommande pour regarder la rencontre. L’attaquant, qui a fêté ses 19 ans il y a cinq jours, n’a pas été sélectionné par Alexandru Spiridon pour affronter l’équipe de France dans le cadre des qualifications à l’Euro 2020. Pourtant, le natif d’Edinet, au nord-est de la Moldavie, est en forme. Il vient encore de marquer avec la réserve du Paris Saint-Germain en National 2, face à l’AS Vitré (défaite 1-3), récent quart-de-finaliste de la Coupe de France. En réalité, derrière cette absence en sélection se cache simplement une réflexion quant au choix de la nationalité sportive. Bien qu’il possède le passeport moldave, Virgiliu Postolachi a décidé de s’ouvrir le plus de portes possibles et a entamé, il y a quelques mois, des démarches administratives pour obtenir la nationalité roumaine. Chose faite en septembre dernier. Toutefois, pour l’heure, le Parisien n’a encore rien décidé, comme il nous le confirmait encore la semaine dernière.
Fidji, Sainte-Lucie et Ballon d’or…
Sur fond de bagarre politique, les deux pays se disputent le joueur (la France pourrait également le sélectionner), même si la Moldavie semble partir avec un léger train de retard. Il faut dire qu’au classement FIFA, il n’y a pas photo entre les deux nations. La Roumanie pointe au 25e rang, quand la Moldavie se classe 170e, coincée entre les îles Fidji et Sainte-Lucie. Le choix sportif est vite fait. « Le sélectionneur souhaite le voir, nous a confirmé la Fédération moldave. Mais si sa famille prend une autre décision, il (Alexandru Spiridon, le sélectionneur, N.D.L.R.) ne peut rien faire. » « Sa situation est compliquée, confirme Emanuel Rosu, journaliste roumain.Les autorités roumaines ont fait beaucoup d’efforts pour le récupérer, mais les Moldaves ont donné du fil à retordre. » La guéguerre entre les deux pays a en fait débuté l’été dernier.
Un mix de Cavani, Giroud, Gignac et Sala
Virgiliu Postolachi fait alors partie des 24 heureux élus pour le stage de pré-saison en Chine et à Singapour du PSG. Et c’est là-bas que « Posto » va commencer à se faire un nom. Face à l’Atlético de Madrid, c’est bien lui, entré en jeu après la grave blessure d’Alex Georgen, qui donne la victoire aux Parisiens, emmenés ce jour-là par un Adrien Rabiot capitaine au coup d’envoi. Drôle d’époque. Finalement, au bout du temps additionnel, aux 20 mètres, le numéro 37, catogan sur la tête, enrhume son adversaire direct d’une subtile feinte de frappe avant d’envelopper du gauche. Limpide. Il file ensuite célébrer dans les bras de Thomas Tuchel, puis avec tout le banc parisien. Instant magique pour ce Titi, passé par le PUC Université et arrivé à 13 ans au PSG. « J’ai rencontré de très belles personnes lors de mon passage au Paris Saint-Germain et il en fait partie, se remémore François Rodrigues, l’actuel directeur du centre de formation du Havre et ancien entraîneur de Virgiliu en réserve. Il a de très belles valeurs, transmises par ses parents. Il savait qu’il avait une chance inestimable d’être là. C’était un garçon extrêmement curieux, très friand de nos analyses. »
« Virgiliu, c’est un mental exceptionnel, se rappelle Luis Fernandez, qui a côtoyé le jeune homme au centre de formation parisien. J’apprécie son sens du déplacement et j’ai vu qu’il commençait de nouveau à marquer, c’est bon pour la confiance. Les jeunes en ont besoin ! Et lui, il marche à ça ! » « C’est un super attaquant, enchaîne Abdourahmane Barry, ancien du centre de formation parisien et qui évolue désormais en Autriche, au FC Liefering. Dans une équipe, il est très important par sa taille et ses qualités devant le but. À tout moment, il peut être décisif. C’est un attaquant un peu comme Cavani, qui décroche beaucoup, qui participe au jeu, qui est technique. Il n’abandonne jamais et possède un très gros mental. Franchement, c’est un super joueur. » François Rodrigues le compare volontiers à d’autres buteurs : « C’est un joueur atypique. Il a un peu du Giroud dans sa façon de jouer, un peu de Gignac également. C’est un chasseur de buts et il ne lâche rien comme le malheureux Sala pouvait le faire. Il est malin, possède un bon jeu de tête, il se déplace très bien et est adroit devant le but. Il doit simplement s’étoffer sur le plan musculaire, mais sur ce que j’ai vu ces derniers mois, j’ai constaté que son corps changeait car il était un peu frêle à l’époque. Néanmoins, cela reste quelqu’un qui va franchir des paliers. À l’entraînement, il arrivait tôt et avait déjà un protocole de travail bien défini. Il était à 300% durant les séances. Il n’en gardait pas sous la pédale. Fallait parfois le canaliser. Dans deux-trois ans, il peut entrer dans la rotation. C’est un attaquant qui peut jouer demain au plus haut niveau. »
Keșerü n’a qu’à bien se tenir
Le Paris Saint-Germain croit d’ailleurs assez en lui pour lui avoir fait signer son premier contrat professionnel en juillet dernier (jusqu’en juin 2021), en même temps que Timothy Weah. Celui que l’on compare parfois physiquement à Adrien Rabiot participe également de temps en temps aux entraînements de l’équipe première. « Quand on l’a vu marquer ce but contre l’Atlético, il aurait dû être appelé en sélection U19 roumaine, rembobine Emanuel Rosu. Mais avec les papiers, c’est compliqué, donc je pense qu’il faudra encore attendre un peu. » Luis Fernandez espère en tout cas qu’il parviendra à se décider, car « la sélection, c’est forcément un plus » . Aujourd’hui, au poste d’attaquant, chez les Roumains, on retrouve George Puscas de Palerme, George Tucudean de Cluj ainsi que l’infatigable Claudiu Keșerü du Ludogorets Razgrad. En Moldavie, le secteur offensif ne semble pas non plus insurmontable, puisque les deux joueurs les plus redoutables sur le papier se nomment Vitalie Damascan, 0 minute cette saison en Serie A avec le Torino, et Nicolae Milinceanu, auteur de 8 buts en championnat avec Chiasso, 9e sur 10 de D2 suisse. De quoi se faire Postoriser ?
Par Tanguy Le Séviller