- International – Barrages Coupe du monde 2014 – Portugal/Suède
Portugal / Suède : le match des « autres »
Puisque tout le monde se focalise sur le match dans le match entre les deux stars Cristiano Ronaldo et Zlatan Ibrahimović, intéressons-nous plutôt au reste de ces deux équipes : les 10 autres titulaires et le banc. Laquelle de ces deux sélections a le plus de chances d'aller au Brésil en ne tenant pas compte de l'individualité qui sort du lot ? Analyse des forces en présence, ligne par ligne
Gardien
À 25 ans, Rui Patrício dispute déjà sa septième saison comme titulaire dans les bois du Sporting et va honorer sa 28e sélection avec l’équipe nationale. Ce n’est donc pas un perdreau de l’année et force est de constater qu’il est capable de sortir de gros matchs lorsqu’il est sollicité. Ce n’est pas le meilleur du monde à son poste mais il reste une valeur sûre et un gardien apprécié, auteur d’un Euro plutôt bon en 2012.
En France, on connaît bien le portier suédois Andreas Isaksson, auteur de deux saisons en L1 avec Rennes entre 2004 et 2006. Relégué sur le banc de City par la suite, il s’est relancé au PSV et joue actuellement en Turquie chez l’ambitieux club de Kasımpaşa, actuel deuxième du championnat. Lui non plus n’a pas un top niveau mondial mais sa grande expérience est un atout derrière une défensive plutôt novice.
Défense
Contrairement à son adversaire, le Portugal ne possède pas qu’un joueur de classe mondial mais deux. Car quoi qu’on en pense, quoi qu’on en dise, Pepe, coéquipier de Cristiano Ronaldo au Real Madrid, reste un monstre de la défense et une bête de compétition. Son entente avec Bruno Alves détonne, Pepe assurant le sale boulot quand il prend à Bruno Alves l’envie de monter aux avant-postes (c’est-à-dire assez souvent). Le problème de l’ancien joueur du Zénith, transféré cet été à Fenerbahçe, c’est sa régularité et le Portugal n’est jamais à l’abri d’une saute de concentration avec lui en charnière centrale. À gauche, João Pereira apporte beaucoup offensivement et Fábio Coentrão, barré par Marcelo au Real, déçoit rarement en sélection. Son entente avec Cristiano Ronaldo est un atout non négligeable.
Côté suédois, il a fallu repenser une charnière depuis la retraite du vieux viking Olof Mellberg. La tendance aujourd’hui privilégiée par Erik Hamrén est d’aligner Mikael Antonsson (Bologne) avec Per Nilsson (Nuremberg), au détriment de Jonas Olsson (WBA) et d’Andreas Granqvist (Krasnodar), désormais le plus expérimenté des défenseurs centraux avec ses 32 sélections. Sur les côtés, le joueur de Norwich Martin Olsson est le titulaire habituel à gauche et le Bhoy du Celtic Mikael Lustig à droite. Ces quatre-là ne forment pas une défense très solide, comme en attestent par exemple les 9 buts concédés en deux matchs face à l’Allemagne en phase de groupes…
Milieu de terrain
L’entrejeu du Portugal apparaît d’un niveau mitigé. En sentinelle devant la défense, le récupérateur du Dynamo Kiev Miguel Veloso semble être aligné titulaire un peu par défaut. Le joueur a incontestablement du ballon mais il souffre tout aussi indéniablement d’un déficit dans le volume physique qui l’empêche de peser dans le jeu comme il le faudrait à un poste aussi stratégique. Raul Meireles a aussi tendance à apparaître comme un vieux punk à chien fatigué, toujours capable d’envoyer de jolis pralines depuis l’extérieur de la surface mais qui perd aussi de plus en plus de ballons. En plus, il revient de blessure et les solutions manquent s’il fallait le remplacer : Rúben Micael ? Josué ? En revanche, aucun doute à émettre pour le troisième larron, le Monégasque João Moutinho fait l’unanimité en sélection. Après Cristiano Ronaldo et Pepe, c’est le troisième élément fort de cette sélection.
Dans un dispositif différent en 4-4-2 (face au 4-3-3 portugais), la Suède devrait aligner un duo de récupérateurs composé de Kim Källström et de Rasmus Elm. Le premier nommé, qui évolue désormais au CSKA Moscou, n’est plus à présenter : c’est un joueur de devoir, plutôt bon gratteur de ballons, excellent passeur et qui possède en outre une belle frappe. Moins connu, Rasmus Elm est la valeur montante du football suédois. Lui aussi évolue en Russie, au CSKA, où il jouit d’une très bonne cote. Assez longiligne, c’est un remarquable tireur de coups de pied arrêtés. Les côtés devraient être occupés par deux titulaires chez des relégables de Premier League, ce qui situe leur niveau : Alexander Kačaniklić (Fulham) à gauche et Sebastian Larsson (Sunderland) à droite.
Attaque
Le pendant de Cristiano Ronaldo côté droit sera Nani, qui reste sur de plutôt bonnes performances en sélection malgré un temps de jeu désormais limité à MU. À 26 ans, le Cap-Verdien de naissance est un bon soldat de la patrie, qui a notamment fait beaucoup pour relancer la dynamique d’une sélection à la dérive il y a 3 ans, au moment du départ de Carlos Queiroz. Au centre, Hélder Postiga apparaît beaucoup plus comme un choix faute de mieux. Souvent critiqué (et parfois à juste titre), le buteur de Valence a pour lui des stats intéressantes en sélection : 27 buts en 65 capes, soit un ratio de 0,41 meilleur que le 0,40 de Ronaldo ! Mais le Portugal attend quand même l’émergence programmée de Bruma, la dernière merveille issue du centre de formation du Sporting. À 19 ans, il peut pour l’instant seulement prétendre jouer le rôle de joker pour dynamiter les défenses adverses en fin de match.
Qui pour accompagner Zlatan dans l’équipe suédoise ? A priori ce devrait être ce bon vieux Johan Elmander le onzième titulaire du côté des jaunes, fort de ses 20 buts en 74 sélections. Problème : il n’apparaît pas au top cette saison, n’ayant toujours pas marqué en Premier League avec son club de Norwich. Une méforme qui pourrait inciter son sélectionneur à remplacer l’ancien toulousain par Ola Toivonen, même si ce dernier n’est pas tellement plus efficace devant le but cette saison (1 but en Eredivisie, 1 autre en C3 avec le PSV)… Titulaire et double buteur lors du dernier match face à l’Allemagne (3-5), Tobias Hysen est blessé et a été remplacé dans le groupe par Alexander Gerndt, le joueur des Young Boys de Berne en Suisse.
Bilan
S’il veut aller au Brésil cet été, Ibrahimović va certainement devoir sortir deux très grosses performances, étant donné que ses dix camarades de sélection qui seront alignés au coup d’envoi apparaissent un ton en dessous des dix Portugais associés à Cristiano Ronaldo. Les Scandinaves peuvent espérer rivaliser dans l’entrejeu et souffrent des mêmes carences offensives (en imaginant qu’un Hélder Postiga vaut un Johan Elmander) mais c’est défensivement que le Portugal apparaît mieux armé et plus expérimenté que son adversaire.
Par Régis Delanoë, avec Alexandre Pedro