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Portugal : Otávio, l’essayer c’est l’adopter

Par Steven Oliveira
5 minutes
Portugal : Otávio, l’essayer c’est l’adopter

Mars 2021 : Otávio, alors brésilien, est naturalisé portugais après sept ans passés entre Porto et Guimarães. Mars 2022 : le milieu de 27 ans est titularisé à la surprise générale par Fernando Santos lors du premier barrage face à la Turquie. Une rencontre qu'il termine avec un but et une passe décisive. De quoi faire oublier les échecs Liédson et Dyego Sousa, eux aussi naturalisés ces dix dernières années.

Les termes « match amical » ne sont finalement pas les plus appropriés. En rugby, on parle d’ailleurs de « test match » . Une expression qui colle mieux aux matchs amicaux internationaux dont les sélectionneurs profitent pour faire des essais tactiques et offrir des capes aux nouveaux venus. Avec la création de la Ligue des nations, ces rencontres-là ont quasiment disparu en Europe. Sauf pour le Portugal qui a eu le droit à deux amicaux face au Qatar. La Selecção étant placée dans un groupe à cinq équipes lors des qualifications, celle qui ne jouait pas affrontait le prochain hôte de la Coupe du monde en amical. Deux rencontres pendant lesquelles Fernando Santos a décidé de faire quelques tests. Le premier : titulariser Otávio, naturalisé portugais quelques mois plus tôt et appelé pour la première fois en sélection, lors de la victoire 2-1 à l’aller. Le second : offrir une première sélection au jeune portier de Porto Diogo Costa lors de la victoire 3-0 au retour. Cinq mois plus tard, les deux hommes ont été alignés d’entrée à la surprise générale face à la Turquie lors du premier barrage, jeudi. Une bonne idée, puisque le gardien de Porto a fait parler son jeu au pied – qui est une faiblesse du titulaire habituel Rui Patrício -, tandis que son coéquipier chez les Dragões a terminé avec un but, une passe décisive et un titre honorifique d’homme du match.

Par principe, je ne suis pas un fervent partisan des joueurs non portugais, mais c’est du cas par cas.

Santos a mis de l’Otavio dans son vin

En naissant à João Pessoa au Brésil, puis en intégrant les centres de formation de Santa Cruz et de l’International, celui qui se faisait alors appeler Otavinho ne pensait pas chanter quelques années plus tard « A Portuguesa » et porter le maillot rouge de la Selecção. Tout change en 2014 lorsqu’il est recruté par le FC Porto pour faire dans un premier temps ses gammes avec l’équipe B en Segunda Liga. Dans le même temps, Fernando Santos reprend les rênes de la sélection et profite d’une interview à la SIC pour donner son avis sur les joueurs naturalisés : « Par principe, je ne suis pas un fervent partisan des joueurs non portugais, mais c’est du cas par cas. Certains joueurs sont là depuis longtemps et créent une identité avec le pays. Deco est venu enfant et a grandi comme un Portugais. Quand il y a ce sentiment, c’est possible, sinon, de préférence je ne le ferai pas. Je ferai de mon mieux pour trouver une autre solution que celle-ci. Je ne dis pas que je ne le ferais jamais, mais je ferais mon possible pour ne pas le faire. »

Peut-être que Fernando Santos avait en tête l’échec Liédson. Alors au Sporting Portugal, l’attaquant brésilien était devenu portugais et devait être le numéro 9 qui manquait au Portugal lors du Mondial 2010. Raté. Pour autant, le fumeur invétéré n’est pas un extrémiste et n’a pas écarté Pepe de la sélection. Mieux, il a même changé son fusil d’épaule en appelant en 2019 l’attaquant alors à Braga Dyego Sousa, devenu le septième joueur naturalisé à être appelé en sélection. Quand l’opportunité Otávio s’est présentée à lui, le technicien n’a donc pas hésité longtemps, même s’il ne l’a pas convoqué pour l’Euro 2020.

Je veux aider le Portugal. Dès que j’enfile ce maillot, c’est pour donner ma vie.

L’aile et les cuisses

Prêté par Porto au Vitória de Guimarães pendant deux saisons après son arrivée au Portugal, Otávio est, depuis 2016, un cadre des Dragões. Insuffisant toutefois pour voir son pays natal, qui ne l’a appelé qu’à quatre reprises avec les U20, s’intéresser à lui. Pourtant, face à la Turquie, Otávio a rappelé tout ce qu’il pouvait apporter à une sélection : hargne, technique et dépassement de soi. Trois critères qui correspondent bien au bonhomme et qui expliquent pourquoi son entraîneur de Porto Sérgio Conceição en a fait l’un de ses hommes forts. Mais contrairement à l’ancien coach de Nantes, Fernando Santos a utilisé Otávio plus haut sur le terrain et non au cœur du milieu, un peu comme a pu le faire à plusieurs reprises le LOSC avec Renato Sanches.

C’est donc à un poste hybride d’ailier droit que le joueur de 27 ans a cavalé durant 89 minutes avant sa sortie. Pour le plus grand malheur des défenseurs turcs qui ont vu Otávio leur foncer dessus à toute vitesse dès qu’ils avaient le cuir dans les pieds. Et quand il ne courait pas pour presser, le milieu de Porto a paru être sur des échasses en remportant ses duels aériens malgré son mètre 72. Le reste du temps, il a distribué des caviars, décalé Diogo Dalot sur l’aile droite ou fait parler son sens du but en ouvrant le score tel un renard des surfaces. Quelques minutes après le coup de sifflet final, Fernando Santos s’est félicité de sa trouvaille ( « Tous sont de grands joueurs et peuvent jouer à n’importe quel poste » ), tandis que le principal intéressé évoquait sur RTP3 sa surprise d’avoir commencé la rencontre : « Oui, j’ai été surpris. Je ne m’y attendais pas, mais je joue dans n’importe quelle position où ils ont besoin. Je veux aider le Portugal. Dès que j’enfile ce maillot, c’est pour donner ma vie. » Et contrairement à Fernando Santos, Otávio ne compte pas faire l’inverse de ce qu’il dit.

Dans cet article :
Pronostic Turquie Pays de Galles : Analyse, cotes et prono du match de Ligue des nations
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