- Mondial 2022
- Quarts
- Maroc-Portugal (1-0)
Portugal, meilleur outsider que favori
Et si la large victoire contre la Suisse en huitièmes était la cause de cette élimination en quarts face au Maroc ? Une chose est certaine, cette démonstration infligée aux Helvètes (6-1) a offert au Portugal un statut de favori qui ne leur a jamais réussi dans leur histoire.
C’est bien connu, après une défaite, les joueurs racontent souvent n’importe quoi au micro des journalistes en raison de la tristesse, de la frustration et de la colère. Et cela n’a pas loupé après la défaite du Portugal face au Maroc en quarts de finale de la Coupe du monde (0-1) où Pepe et Bruno Fernandes ont critiqué l’arbitre, coupable d’être de la même nationalité qu’un certain Lionel Messi : « Il est inadmissible qu’un arbitre argentin nous arbitre aujourd’hui après ce qui s’est passé hier, avec Messi qui se plaignait. Après ce que j’ai vu aujourd’hui, ils peuvent déjà donner le titre à l’Argentine. » Pourtant, la défaite des Portugais n’est en rien de la faute de Facundo Tello qui, contrairement aux joueurs lusitaniens, a été au niveau des quarts de finale d’un Mondial. Et si finalement le vrai coupable de cette défaite était la victoire 6-1 contre la Suisse en huitièmes de finale ? Un match durant lequel le Portugal a brillé de mille feux, au point d’avoir été placé parmi les favoris de cette Coupe du monde. Une position qui ne réussit jamais aux potes de Cristiano Ronaldo.
Les démons de 2004
Ce n’est pas la première fois que le Portugal s’incline face à une sélection qui, sur le principe, lui est inférieure. C’était notamment le cas en 2004, quand la Selecção avait connu la plus grande désillusion de son histoire en perdant face à la Grèce, en finale de son Euro, sur un pion qui ressemble étrangement à celui d’En-Nesyri. À ce moment-là, le Portugal était vu comme le favori de la compétition. Durant ce Mondial 2022, les Portugais étaient loin d’être vus comme les favoris. Logique, les hommes de Fernando Santos avaient obtenu leur ticket pour le Qatar en barrages et proposaient un jeu loin d’être enthousiasmant. Sauf que la phase de poules et surtout ce huitième de finale face à la Suisse sont passés par là, et le Portugal est alors devenu l’un des favoris de la Coupe du monde aux yeux de la planète. Problème, la Selecção est une équipe d’outsiders qui, à l’image de son peuple, aime souffrir. Une équipe qui se surpasse quand personne ne l’attend, quand elle est dos au mur. Mieux, quand le monde entier la critique. Et ce n’est pas la Croatie, la Pologne, le pays de Galles et la France, tous battus à l’Euro 2016, qui vont dire le contraire.
L’absence de remise en question
Il est toujours difficile de se remettre en question après une victoire 6-1. Or, comme l’a si bien dit Albert Einstein : « L’important est de ne jamais cesser de se remettre en question. » Et visiblement, les Portugais n’ont pas écouté le physicien allemand. Que ce soit Fernando Santos qui n’a pas semblé avoir préparé le moindre plan pour tenter de contourner ce bloc marocain, pensant que le talent de ses joueurs allait suffire à marquer des buts à une équipe qui n’en a pas pris face à la Croatie, la Belgique et l’Espagne. Le fumeur de havanes ne peut même pas jouer le coup de la surprise, le Maroc n’ayant pas changé d’un iota une stratégie qui a fait ses preuves jusque-là. Les joueurs non plus ne se sont pas remis en question, à l’exception d’un duo Pepe-Bruno Fernandes irréprochable. Et, eux aussi pensaient probablement que tout allait se passer aussi bien que face à la Suisse. Une melonite aiguë qui a atteint certains joueurs – notamment Rúben Dias, Bernardo Silva, Rúben Neves, Diogo Costa – qui ont montré un niveau à l’exact opposé de ce qu’ils font en club. Pourtant, le Maroc a prouvé dans cette Coupe du monde que l’on peut jouer le maintien avec Angers et bouffer tous les milieux adverses au Mondial. Et surtout, qu’il est toujours plus facile d’avancer quand personne ne nous attend. Ce qui était le cas pour le Portugal jusqu’à cette victoire face à la Suisse.
Par Steven Oliveira