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« Bruno Fernandes, c’était déjà un vrai killer à 23 ans »

Propos recueillis par Lucie Lemaire
9 minutes

Les Bleus affrontent le Portugal en quarts de finale de l’Euro ce vendredi. Un match que suivra attentivement l’ex-gardien français Romain Salin, qui a passé la majeure partie de sa carrière au Portugal, où il a côtoyé six joueurs de la Seleção convoqués en Allemagne, comme Rafael Leão, Rui Patrício, Bruno Fernandes ou Danilo Pereira, entre autres. Le nouvel entraîneur du CPB Bréquigny (R1) raconte les souvenirs qu’il a d’eux.

«<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Bruno Fernandes, c’était déjà un vrai killer à 23 ans<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Danilo Pereira (Marítimo, 2014-2015, aujourd’hui au PSG)

« Quand il arrive à Marítimo en 2014, il est très jeune, une petite vingtaine d’années, mais il arrive avec un bagage puisqu’il a déjà joué en Grèce, aux Pays-Bas et en Italie. Un jeune joueur comme ça, ça donne quand même une plus-value. À ce moment-là, j’étais le capitaine de l’équipe et très rapidement, je lui ai donné le brassard. Je voulais qu’il soit capitaine parce que je trouvais qu’il pouvait avoir une aura plus importante que moi sur l’équipe. On avait un très jeune groupe. J’estimais qu’il allait être plus suivi s’il avait le brassard à ma place. Donc très rapidement, c’est lui qui l’a porté, et moi je le secondais, j’étais plus là pour lui donner les infos pour qu’il les passe aux plus jeunes.

J’étais le capitaine de l’équipe et très rapidement, je lui ai donné le brassard.

À propos de Danilo

Il était déjà d’une maturité très impressionnante. Ça ne me surprend pas qu’il soit l’un des vice-capitaines du PSG aujourd’hui. On pourra lui reprocher de manquer de volume au milieu de terrain ou de ne pas avoir la qualité technique, la justesse, d’être trop tendre en défense centrale, mais pour moi, c’est un joueur qui ne fera jamais de bruit. C’est un vrai travailleur qui s’adapte à un collectif, qui écoute les consignes du coach et qui est un grand, grand professionnel. À Paris, il ne se perd pas, il est concentré sur ce qu’il doit faire.

Il a l’état d’esprit, et à l’époque, on pouvait déjà déceler qu’il serait hypersérieux, discipliné, concentré. Il ne dépasse pas son rôle. On a beaucoup d’années de différence, mais il avait une personnalité incroyable ! En dehors, on n’était pas hyperproches, mais il y avait un respect mutuel. Quand je le jouais contre Paris avec le Stade rennais, il avait toujours un petit mot, on se parlait, j’ai même récupéré ses maillots. C’est une crème, il est vraiment très gentil. Je ne suis pas étonné de le voir à ce niveau-là avec la sélection portugaise. À l’époque, il commençait à peine à être appelé. »


Bruno Fernandes (Sporting, 2017-2019, aujourd’hui à Manchester United)

« Bruno Fernandes, c’est un génie ! Personne n’a trop besoin de parler de lui. C’est un vrai leader sur le terrain et en dehors. Une crème de la crème également. Déjà à l’époque, il n’avait que 23 ans, mais c’était déjà un vrai killer. Il n’y a pas d’autres mots. Il veut toujours attirer vers le but en tant que milieu, il veut toujours marquer et faire des passes décisives, être influent dans le jeu, gagner des titres. Pour lui, un match où il n’a pas été décisif est un mauvais match. C’est vraiment un tueur. Et c’est sa vraie frustration aujourd’hui à Manchester United parce que les stats individuelles ne lui suffisent pas. Face aux Bleus, il faut le surveiller parce qu’il peut frapper de loin. Il a une capacité à se projeter qui est très importante.

Des mecs simples qui savent vivre-ensemble et qui sont contents d’être dans un groupe pour partager des choses.

À propos de Rui Patrício

C’était un super mec, très très simple aussi. Cela correspond à beaucoup de valeurs du Portugal : des mecs simples qui savent vivre ensemble et qui sont contents d’être dans un groupe pour partager des choses. Bruno, comme les autres, est dans une forme incroyable quand il joue pour son pays, parce que c’est le plus important pour eux. Je l’ai adoré. C’était magnifique. Je me souviens des fins de séances d’entraînement. L’entraînement était terminé, mais on passait de très longues minutes, presque une demi-séance d’entraînement, à faire du travail devant le but, des coups francs ou des penaltys. Je passais beaucoup de temps avec lui. Il y avait toujours des joueurs qui restaient, dont lui. On faisait beaucoup de paris, « Est-ce que je vais marquer ? », « Combien tu vas en arrêter ? », etc. Si j’ai pris beaucoup de buts de sa part ? Ah avec Bruno, tu en prends ! (Rires.) C’était des moments incroyables. »


Rui Patrício (Sporting, 2017-2018, en fin de contrat à l’AS Roma)

« Quand je suis arrivé en 2017, c’était sa dernière saison au Sporting. C’est le leader, avec le Portugal il avait gagné l’Euro un an avant. C’est une vraie figure du football portugais. Ça faisait dix ans qu’il était dans le but au Sporting, où il est formé. C’est un vrai monument. Et une simplicité incroyable ! Un super mec. C’était une vraie découverte. On ne se donnait pas de conseils, mais on avait une vraie collaboration, on travaillait très bien ensemble. On avait ce côté assez proche, on pouvait rigoler ensemble, etc. Dans les clubs un peu plus huppés comme ça, c’est assez rare. J’ai vraiment aimé Rui pour sa simplicité.

En dehors des terrains, on s’entendait bien, mais on ne se voyait pas beaucoup non plus. On a joué une seule saison ensemble et on était hypersollicités parce qu’on était tout le temps en match, 58 cette année-là, dont une finale de Coupe de la Ligue, une finale de Coupe du Portugal et un quart de Ligue Europa. On a fait beaucoup de semaines où on était tout le temps ensemble évidemment, avec beaucoup de déplacements européens. On a bien bossé toute l’année. Quand on regardait les matchs, les analyses étaient très simples, on pouvait se dire la vérité, se dire qu’on aurait pu faire un peu mieux sur tel but par exemple. Ce sont des choses assez simples, mais pour un gardien avec une telle carrière, j’ai trouvé qu’il avait une vraie remise en question sur toutes les actions ! »


José Sá (Marítimo, 2011-2016, aujourd’hui à Wolverhampton)

« Avec lui, c’était différent. Je l’ai connu lorsqu’il était encore en train d’apprendre le métier en 2011. Il était avec moi en fin de formation, je suis parti juste six mois du club en 2013-2014. Il avait commencé à jouer deux ou trois matchs. Mais comme il était encore un peu jeune, je suis revenu, j’ai repris ma place directement. Il est resté ma doublure une bonne saison. Il avait fait U19 avec nous, puis c’était ma doublure à Marítimo Funchal. Il avait aussi les dents longues, ce n’était pas la même chose. Il aurait bien voulu me prendre ma place à un moment donné. Malheureusement, il n’a pas réussi et il est parti à Porto pour être la doublure d’Iker Casillas.

C’était un grand espoir, il était déjà en équipe nationale espoirs, il avait fait un super Euro espoirs où il avait fini meilleur gardien devant Marc-André ter Stegen à l’époque ! C’était un bon bosseur, un bon potentiel. Je suis très content de le voir là où il est. Je n’étais pas super proche de lui, on avait quand même neuf ans d’écart ! On n’était pas forcément proches en dehors des terrains, mais on s’entendait bien. C’était une doublure comme il y en a quelques fois où il aurait bien voulu prendre la place du numéro 1, mais par mes prestations, il ne pouvait pas, donc c’était un peu dur à ce moment-là. Il était jeune, il avait 20, 21 ans. Je garde un très bon souvenir de lui, je suis content de son évolution super positive, sur le fait de l’avoir connu à ce moment. L’idée, ce n’est pas qu’on soit tous amis, c’est pas grave ! »


Rafael Leão (Sporting, 2018, aujourd’hui à l’AC Milan)

« Il s’entraînait avec nous, mais n’a pas beaucoup joué avec nous. C’était un joueur de l’équipe B qui montait de temps en temps. Rafael, je l’ai eu deux, trois mois à l’entraînement à partir de janvier 2018, mais il s’est blessé les deux derniers mois. C’était le petit jeune qui rentre dans notre groupe. On ne l’a pas vu beaucoup. C’était un gros potentiel, mais pour nous, c’était encore un bébé ! C’était un bon petit gamin, pas du tout arrogant. Ce n’était pas du tout sa personnalité et encore aujourd’hui. Sur le terrain, il fait arrogant à certains moments parce qu’il peut paraître suffisant, on se dit toujours « tiens, il pourrait faire un peu plus », mais c’est quelqu’un de très attachant. Je l’ai recroisé plusieurs fois quand il était à Lille, on plaisantait ensemble dans les couloirs.

C’était un gros potentiel, mais pour nous, c’était encore un bébé !

À propos de Rafael Leão

Je me souviens d’une puissance incroyable. Il était déjà capable de faire la différence, mais il n’était pas encore le joueur qu’il est aujourd’hui, ce n’était que par courant alternatif. Je garde un très bon souvenir de lui, mais j’avais 33 ans, lui en avait 18, donc on n’avait pas une grosse complicité, mais du respect. Déjà à l’époque, j’avais remarqué son talent et on voyait qu’il avait le potentiel pour arriver là où il est aujourd’hui. Contre la France, Rafael peut faire la différence à tout moment par sa puissance et son accélération. Donc attention. »


João Palhinha (Sporting, 2017-2018, aujourd’hui à Fulham)

« La belle surprise. Il ne jouait pas au Sporting, il est prêté les six premiers mois où je suis au club. Puis il part à Braga. Il attendait le départ de William Carvalho. Pour lui, ça a été un peu plus long de s’imposer au Sporting, mais c’est un gros potentiel physique, qui a beaucoup de volume, très costaud dans les duels. Palhinha est peut-être moins important offensivement, mais c’est un bon milieu défensif. Il est capable de poser des problèmes aux attaquants des Bleus parce qu’il peut anéantir des attaques.

Aujourd’hui, je suis très content pour lui aussi parce que c’est quelqu’un de très simple, très gentil, très déconnant. Il a prouvé à Fulham et il est tout proche de s’engager au Bayern. L’an dernier, son transfert avait capoté à une minute près, mais il ne s’est pas du tout déconcentré. C’est un super joueur. À l’époque, il avait 22 ans, on ne pouvait peut-être pas prévoir sa trajectoire actuelle, vu la tournure des événements et le fait qu’il ne jouait pas beaucoup au Sporting. Le voir là où il est, ce n’était pas forcément une évidence. On était tous proches, cette année-là on fait aussi 58 matchs, ça fait à peu près deux matchs par semaine, donc on était tout le temps ensemble, on mangeait ensemble, on faisait tout le temps des mises au vert, donc on passait entre 3 et 4 nuits par semaine ensemble. »

Viktor Gyökeres répond au chambrage de Gabriel Magalhães

Propos recueillis par Lucie Lemaire

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