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Portugal : Cristiano Ronaldo, être contesté, c’est être constaté
En galère depuis le début de saison, Cristiano Ronaldo compte sur le Mondial pour retrouver le sourire et l'odeur des terrains. Pourtant, au Portugal, de plus en plus de voix s'élèvent pour que la page CR7 soit tournée et laisser ainsi la place aux jeunes.
Deux salles, deux ambiances. Pendant que Cristiano Ronaldo dézinguait Manchester United et Erik ten Hag dans une interview accordée à Piers Morgan sur Talk TV, le Portugal désossait le Nigeria dans un match amical de préparation à la Coupe du monde (4-0). Une rencontre à laquelle CR7, malade, n’a pas pris part. Et visiblement, les Portugais n’ont pas été dérangés de jouer sans leur capitaine, à voir les sourires sur les visages et le jeu déployé par les potes de João Félix. À l’image du quatrième but inscrit par João Mário à la suite d’un mouvement de balle guardiolesque. Dès lors, la question, qui trottait déjà dans de nombreuses têtes, a fini par être posée au Portugal, chose quasiment inédite jusque-là : Cristiano Ronaldo est-il indispensable à cette équipe ? Un sondage réalisé par CTMV a révélé que 40,5% des personnes interrogées estiment qu’il ne doit pas être titulaire. Le seul joueur au chômage présent au Mondial conserve donc le soutien de la majorité, mais tout pourrait changer en cas de mauvaise performance face au Ghana.
Ronaldo, seul coupable ?
Depuis octobre 2016, Cristiano Ronaldo a manqué 18 matchs avec la Selecção. Bilan ? 12 victoires, 5 nuls, 1 défaite, 38 pions marqués et une qualification obtenue pour le Final Four de la Ligue des nations 2019, remportée par le Portugal de CR7. Plus que les chiffres – à relativiser en raison du nom des adversaires et de la faible importance des matchs disputés -, c’est la manière de jouer du Portugal qui interpelle durant ces rencontres. Et surtout le visage affiché dans le secteur offensif de certains joueurs, comme Bernardo Silva ou Bruno Fernandes, qui ont souvent disputé leurs meilleures parties avec la Selecção sans le guide suprême sur le terrain. « Quand le chat n’est pas là, les souris dansent », dit le fameux dicton. Sauf que tout n’est pas de la faute de Cristiano Ronaldo.
Alors oui, ses bras levés lorsque le ballon n’arrive pas dans ses pieds, ses tentatives de frappe quand le jeu demande une passe ou ses appels en retrait venant gêner la construction d’une offensive n’aident pas à déployer un jeu chatoyant. Dans le même temps, sa présence n’oblige pas Bruno Fernandes et Bernardo Silva – pour ne citer qu’eux – à se cacher, rater des passes de débutants et se décharger de leurs responsabilités pour les filer à leur capitaine, comme l’a souligné le milieu de Manchester City dans une interview à la FIFA : « Quand vous avez la chance d’avoir un joueur comme Cristiano Ronaldo dans vos rangs, il est évident qu’il faut parfois se mettre à son service. C’est normal, car nous savons qu’il peut faire basculer un match dans les dernières minutes. » Voilà comment se délester de la pression pour la mettre sur les larges épaules de l’ancien Madrilène, pas vraiment effrayé par ce constat. « Depuis mes 11 ans que je suis parti seul pour Lisbonne, j’ai des responsabilités. Parfois je gère bien, parfois mal. Je ne suis pas parfait, mais je me sens capable d’assumer la pression. » Avant de la jouer collectif : « Si le Portugal est champion du monde sans que je marque, je signe tout de suite. Juré sur la tête de mes enfants. »
Une Ronaldo dépendance en compétition
Cristiano Ronaldo, Cristiano Ronaldo, Cristiano Ronaldo. Depuis l’arrivée du Portugal au Qatar, les journalistes présents aux conférences de presse de la Selecção n’ont que ce nom à la bouche. Au point, que le principal intéressé leur a demandé de changer de disque : « Quand les prochains joueurs viendront, ne les interrogez pas que sur Cristiano. Vous pouvez les aider en les questionnant sur le Mondial, leurs envies, pas sur moi. Moi, je suis blindé. Le cas Cristiano est clos. Interrogez-les sur eux, la Seleção, les clubs… Ok ? Merci » Les conseils du rédacteur en chef en herbe n’ont pas été suivis, puisque dès le lendemain, Bruno Fernandes et Fernando Santos ont été invités à se prononcer sur sa situation. Il faut dire que Ronaldo n’a pas aidé ses compatriotes, et notamment Bruno Fernandes – vice capitaine des Red Devils – avec son interview pré-Mondial.
De quoi alimenter des rumeurs de mauvaise ambiance au sein du groupe, même si ces dernières ont été balayées d’un revers de main par les joueurs et Santos : « La situation de Cristiano ne dérange personne ici. Tout le monde est concentré sur la compétition, c’est un sujet dont nous n’avons même pas parlé entre nous. Je n’ai entendu aucun commentaire là-dessus. » Seul l’objectif commun compte : le titre mondial. Pour cela, ils le savent, ils vont avoir besoin de Cristiano Ronaldo. Car si les Portugais jouent parfois mieux sans lui, ils ont tout de même besoin de leur capitaine pour marquer des buts quand la pression s’élève. C’est bien simple, celui qui pourrait devenir le premier joueur de l’histoire à marquer dans cinq Coupes du monde différentes a inscrit 4 des 6 buts du Portugal au Mondial 2018, puis 5 des 7 pions des Lusitaniens à l’Euro 2021. Puis Éder n’est plus là pour le remplacer en cas de blessure.
Par Steven Oliveira