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Portrait : Qui est l’Américaine Megan Rapinoe, lauréate du Trophée « The Best » de la meilleure joueuse de la saison ?

Par Maxime Brigand, Raphaël Malkin et Mathieu Rollinger, à Lyon et à Redding, en Californie
15 minutes
Portrait : Qui est l’Américaine Megan Rapinoe, lauréate du Trophée « The Best » de la meilleure joueuse de la saison ?

Deux bras harmonieusement courbés vers le ciel, un « grand V » symbolisant la victoire et, par ricochet, celle de toutes les femmes, des gays et des opprimés. Que ce soit dans ses célébrations ou dans ses prises de position, Megan Rapinoe, qui vient de remporter le trophée "The Best" de la meilleure joueuse de la saison après avoir gagné la Coupe du monde féminine de football avec les États-Unis en juillet dernier, est devenue en l'espace d'un été la nouvelle porte-parole de l'Amérique anti-Trump. Un rôle qu'elle assume tellement que certains se posent désormais la question : Rapinoe 2020 ?

Article paru initialement dans le numéro 111 de Society en juillet 2019.

Ils habitent un pavillon crème, scotché dans une rue sans histoires. Elle ne se présente jamais sans un trait de rouge à lèvres et n’hésite pas à tendre à ses invités une bière fraîche, ce qui tranche avec le verre d’eau glacée réglementaire. Lui, c’est autre chose : peau torréfiée, regard clair, poignée de main de fer. Jim et Denise sont arrivés dans le coin au milieu des années 1980 après avoir longtemps vécu à San Diego, au sud de la Californie, puis quelques années dans le Nevada, à Carson City. « Nous recherchions un endroit loin de la folie des villes, au milieu de la nature » , précise le mari, dont la petite entreprise de bâtiment a bonne réputation en ville. En cette matinée de juillet, le soleil cogne sur Redding, dernier arrêt avant les étendues sauvages du grand Ouest, à quatre heures de route au nord du faste technologique de San Francisco. Il y a plusieurs décennies, des hommes et des femmes déboulaient sur les rives du Sacramento dans l’espoir d’y trouver de l’or. Aujourd’hui, les bivouacs des gold diggers ont laissé place à une ville de pompes à essence, de magasins de mobilier seulement ouverts le matin et de tavernes sans lumière. Politiquement, le coin est à ranger dans la poche des conservateurs, ce que les chiffres confirment : en 2016, plus de 60% de la ville a donné son vote à Donald Trump.

Jim, ancien soldat, et dont le père avait lui-même atterri sur les plages de Normandie quelques semaines après le débarquement de juin 1944, en fait partie : « Je suis très dur en ce qui concerne l’immigration illégale et je trouve que la manière dont on se sert de l’argent public est une blague. » Problème : depuis quelques jours, Jim Rapinoe voit sa fille, Megan, retourner les plateaux du pays en déclarant ce qui ressemble à une guerre à Donald Trump. Il y a eu Megan Rapinoe sous les projecteurs de Meet the Press, l’émission politique phare du dimanche matin sur NBC. Il y a eu Megan Rapinoe au Late Night avec la vedette Seth Myers. Puis, il y a eu Megan Rapinoe sur CNN et Megan Rapinoe sur les marches de l’hôtel de ville de New York, deux moments où la joueuse de football aux cheveux violets, homosexuelle revendiquée, récemment titrée championne du monde et meilleure joueuse de la dernière Coupe du monde, a semblé plus proche de la femme politique que de la sportive.

Je veux que les gens respectent qui je suis. Je suis gay, je suis une femme, je suis athlète professionnelle, peu importe…

Au président des États-Unis : « Votre message exclut les gens. Vous m’excluez. Vous excluez ceux qui me ressemblent. Vous excluez les gens de couleur. » À tout le monde : « On a les cheveux roses et violets, on a des tatouages, des dreadlocks. On a des filles blanches, des filles noires et tout ce qu’il y a entre les deux. Des filles hétéros, des filles gays. C’est un honneur absolu d’avoir été co-capitaine de cette équipe sur le terrain. » Dans la foule venue les applaudir, elle et ses coéquipières, certaines personnes brandissaient des panneaux avec le slogan suivant : « Rapinoe 2020 » . Les lettres étaient coloriées en arc-en-ciel, symbole LGBT. La date, elle, était dessinée aux couleurs du drapeau américain. À part y ajouter la Maison-Blanche, le message n’aurait pu être plus clair. Après Mohamed Ali en 1966, John Carlos en 1968 et Colin Kaepernick en 2016, Megan Rapinoe sera-t-elle la prochaine sportive américaine à profiter de son statut pour transformer les stades en arène politique ? Denise, la mère, se contente de susurrer que sa fille est un « esprit libre » ; et que oui, « elle s’engagera peut-être un jour en politique » .

Morgan & Megan

« Mon pays opprime son peuple »

De l’avis de tous, pourtant, cela n’avait rien d’une évidence. Certes, Megan Rapinoe a souvent répété qu’elle avait une « grande gueule » et qu’elle vivait « bien avec » . Certes, dans sa jeunesse, sa famille l’avait surnommée « Ma Barker » , référence à une célèbre criminelle des années 1920 spécialisée dans les braquages de banque. Certes, tout le monde a sa petite anecdote en tête pour raconter combien cette femme a toujours eu une âme de leader et de forte tête. Mais durant son adolescence à Redding, Megan Rapinoe était avant tout une fille « différente » , à part, souvent dans sa bulle. Rachael, la jumelle, évoque même une sœur « pas forcément bien dans sa peau » , ce que Megan Rapinoe a mis en mots dans une lettre publiée par le site The Players’ Tribune mi-juin : « Vous voyez ces petits poissons qui se glissent au-dessus des dauphins ou des baleines et qui se promènent avec eux ? C’était moi. J’étais un peu comme Nemo, je suivais. » Pas facile de s’affirmer à Redding, sa langueur, sa mentalité « col bleu » , sa vision de l’Amérique figée dans le passé. Il faudra attendre que Megan choisisse le football contre le basket, la natation et le base-ball, où elle excellait aussi, et déménage plus au nord, dans l’Oregon, pour que les choses changent. Reçue en 2004 à l’université de Portland en sociologie et sciences environnementales, la jeune femme se nourrit du progressisme de la ville, l’une des capitales de la culture alternative américaine – librairies, groupes de rock, restaurants vegans, éloge de tout ce qui, ailleurs, est étiqueté « bizarre » . « C’est là qu’elle a commencé à s’accepter, à se découvrir vraiment en tant que personne, à s’ouvrir et à s’assumer, raconte encore sa sœur. C’est là que je l’ai vue s’exprimer pour la première fois, en fait. À Portland, elle évoluait dans un milieu très ouvert, dans une ville progressiste, en avance en matière de mentalité. Megan savait déjà qu’elle était gay, on n’en parlait pas trop, mais une fois qu’elle l’a annoncé à nos parents, c’est comme si elle était née une seconde fois. » La scène se déroule à l’occasion d’une visite de sa mère dans la petite chambre d’hôtel que cette dernière a loué pour assister à un match de sa fille. Tout arrive d’un coup. Dans la foulée, Denise et Megan se prennent dans les bras et vont dîner bras dessus, bras dessous. « Megan s’est libérée, raconte aujourd’hui Denise en parlant de ce coming-out. Elle ne pouvait pas vivre dans le mensonge. Et de notre côté, cela nous a appris des choses. Elle nous a fait grandir. »

Sous le maillot américain en 2015

Le père à l’ancienne, la mère soutien, la sœur jumelle complice. Manque encore une pièce au tableau de famille des Rapinoe : c’est le frère, Brian. À la fois idole et pièce maudite. De cinq ans l’aîné de Megan, Brian est d’abord l’exemple à suivre. Il aime le foot, Megan aimera le foot. Il a le numéro 7 et joue côté gauche, elle aura le numéro 7 et jouera côté gauche. Il a la coupe au bol, elle aura la coupe au bol. Une fascination qui poussera l’adolescente à débouler un jour en classe, mains sur les hanches, avant de hurler : « Brian Rapinoe est mon frère et je suis exactement comme lui ! » Soit une teigne, un peu bagarreuse, pas très causante, mais capable de l’ouvrir quand il le faut. Puis les destins s’inversent. Au milieu des années 2000, alors que Megan trouve sa voie, Brian quitte la route. En 2007, il est incarcéré à la prison d’État de Pelican Bay, un bâtiment abritant les détenus les plus dangereux de Californie. Si son visage est celui de Megan, son corps est devenu son opposé : on peut y apercevoir une croix gammée et d’autres tatouages faisant référence au nazisme. Son esprit, lui, est celui d’un suprémaciste. À 27 ans, son CV explose de partout : trafic de méthamphétamine puis d’héroïne, plusieurs vols, conduite sous l’effet de la drogue, multiples agressions… C’est depuis la prison qu’il verra sa sœur devenir une personnalité de premier plan. Au moins a-t-il pu suivre la dernière Coupe du monde en liberté. Aujourd’hui, Brian Rapinoe est à San Diego, où il suit un programme de réadaptation lui permettant d’effectuer les douze derniers mois de sa peine en suivant des cours ou en bossant. Ses tatouages ont été soit effacés, soit recouverts.

Une légende du football et Lionel Messi

Que reste-t-il de la Megan à qui il servait de héros dans les années 1990 ? Sa facette badass, mais aussi le sourire qui accompagne un côté implacable. Aussi « nerveuse » et « enthousiaste » qu’un « enfant dans un magasin de bonbons » , Megan Rapinoe s’est lancée à la poursuite de tous les records, mais aussi de tous les combats. Poussée par l’ancienne internationale Lori Lindsey, elle a fait son coming-out publiquement en juillet 2012 pour « briser les barrières » . Elle souhaite alors « avoir un impact positif sur les gens » , « déconstruire des systèmes » . Quelques années plus tard, en 2016, elle se rend compte que cela ne suffit pas et déclare à Associated Press : « En tant qu’homosexuelle américaine, je sais ce que signifie regarder le drapeau et sentir qu’il ne protège pas toutes vos libertés. » Ce qui trace une ligne vers le deuxième étage de la fusée, où se trouvent la lutte contre l’oppression, symbolisée par le soutien que Rapinoe a apporté au footballeur américain Colin Kaepernick, lequel, en 2016, avait posé un genou au sol pendant l’hymne américain pour s’opposer aux violences policières envers les Noirs aux États-Unis et s’en trouve depuis ostracisé. Contre l’avis de sa Fédération, Morgan Rapinoe avait alors été la première athlète, qui plus est blanche, à reproduire le geste au moment du Star-Spangled Banner. La veille de cet acte, le 14 septembre 2016, un garçon de 13 ans nommé Tyre King avait été tué par un officier de police à quelques encablures de son hôtel de Columbus, et la footballeuse ne s’était pas cachée : « Je ne peux tout simplement pas supporter que mon pays opprime son peuple. » Cela lui avait valu de passer les jours suivants escortée par deux officiers de police.

Elle a fait beaucoup de mal en choisissant de mépriser le drapeau. En faisant ça, elle a divisé le pays tout entier.

Cet été, Megan Rapinoe a profité du Mondial féminin pour se faire la porte-voix d’une autre cause : la lutte contre les inégalités salariales entre sportifs hommes et femmes. Avec d’autres coéquipières, elles ont d’abord porté plainte contre leur Fédération au motif d’une « discrimination institutionnelle basée sur le genre » , avant d’être rejointes par l’ensemble des joueuses de la sélection. Selon elle, ce combat va de pair avec celui pour la justice, l’égalité, l’indépendance et le droit donné à chacun d’être protégé par la loi. « Tout ça ne fait qu’un, théorise Megan Rapinoe.Je me suis beaucoup posé cette question : savoir d’où ça vient, de pourquoi nous avons à nous battre contre ces choses. Pour moi, tout ça revient à peu près à la même chose dans la mesure où je veux que les gens respectent qui je suis. Je suis gay, je suis une femme, je suis athlète professionnelle, peu importe… C’est exactement la même chose. » Et c’est peut-être pour être sûre que ce message soit bien vu par tout le monde qu’un mois avant de partir disputer la compétition en France, la footballeuse avait envoyé un message à son coiffeur en lui annonçant vouloir un style « punk rock » loin des queues de cheval habituellement arborées par ses camarades. Ce sera la fameuse « coupe violette » , une référence voulue à Tilda Swinton, son actrice favorite. Les buts décisifs, le titre de meilleure joueuse et le trophée ont fait le reste : tout le monde, aujourd’hui, connaît Megan Rapinoe. Et tout le monde écoute ce qu’elle a à dire.

La fameuse posture présidentielle

Dans le milieu du foot, on sait tout cela depuis longtemps. En 2013, Megan Rapinoe avait traversé l’Atlantique pour jouer quelques mois à l’Olympique lyonnais. Dans le Rhône, elle a laissé le souvenir d’une bonne joueuse, évidemment, mais aussi d’une curieuse préférant manger au restaurant plutôt que de respecter les mises au vert avec son équipe, et d’une libertaire assumée capable de faire tomber les prunes à la sortie du stade Gerland au volant de sa Smart. Son entraîneur de l’époque, Patrice Lair, affirme que cette femme l’aura « poussé à réfléchir » et aidé à « décomplexer » les autres. C’est-à-dire ? « Elle partageait beaucoup avec les autres joueuses. Sur le sujet de l’homosexualité, notamment. C’était quelque chose de tabou, mais pour elle, il n’y avait pas de problème. C’est important d’avoir des filles comme ça. Elle a débloqué certaines joueuses face aux médias, par rapport à l’expression et la défense de leur discipline. Elle rendait à l’aise le groupe. Elle a toujours été comme ça, Megan. » Symbole de la deuxième génération championne du monde en 1999, Brandi Chastain, qui n’avait pas hésité à faire tomber le maillot et à afficher sa brassière après avoir inscrit le tir au but vainqueur lors de la finale, a été l’une des premières à voir débarquer le phénomène. Elle raconte qu’elle a tout de suite compris que cette fille était « spéciale » , mais tient à remettre les choses en perspective. Pour elle, nombreuses sont les sportives qui ont toujours su que quand on fait du sport en tant que femme, on porte toujours quelque chose de plus grand que soi. Elle cite Abby Wambach, porte-drapeau LGBT de la génération des années 2000 ; ou la joueuse de tennis Billie Jean King, qui avait réussi à obtenir, il y a près de 50 ans, l’equal pay dans son sport. « La chance de Rapinoe, dit Chastain, c’est que la situation est aujourd’hui idéale politiquement et socialement pour qu’on la remarque. Il fallait mettre un visage sur certaines luttes, et son statut lui permet ça, tout en montrant en quoi être différente n’est pas mauvais, et peut être utile et percutant. » Sa médiatisation aura aussi permis à Megan Rapinoe, égérie de Nike et Samsung, de bâtir son petit empire, elle qui organise aussi des camps d’entraînement – les Rapinoe SC – pour les jeunes avec sa sœur, et qui a lancé sa marque de vêtements « inclusive » et « non genrée » avec trois coéquipières. De quoi froisser son image rebelle ? « C’est ce qui la différencie d’un Mohamed Ali, par exemple, qui avait pris des risques énormes pour sa carrière lorsqu’il avait refusé de partir au Vietnam » , affirme Peter Marquis. Selon l’enseignement-chercheur spécialisé dans l’histoire des sports américains à l’université de Rouen, c’est plutôt l’époque qui veut ça : « Les rebelles du monde actuel alimentent le marché de la consommation. »

Coups de fil anonymes

Reste que son propre père a beau dire en souriant « qu’être anti-Trump, c’est à la mode » , les prises de position de Megan Rapinoe lui causent aussi – surtout – du tort. Le signe que les États-Unis, alors qu’approche la fin du mandat de leur étrange président, sont plus que jamais coupés en deux pays irréconciliables. Tandis que la joueuse – qui a fait la une du magazine ESPN le 29 juin dernier en posant nue avec sa compagne, Sue Bird, une première pour une sportive homosexuelle – délivrait son discours sur les marches de la mairie de New York mi-juillet, certaines affiches la montrant en train de soulever la Coupe du monde dans le métro de la Grosse Pomme étaient déchirées ou barrées d’insultes homophobes. Assis dans leur canapé, à Redding, les parents de Megan, Jim et Denise, avouent quant à eux être souvent apostrophés par des personnes souhaitant manifester leur mécontentement à la suite des engagements de leur fille. Durant le Mondial, une cliente du Jack’s Grill, le restaurant où travaille la mère et où se croise le Tout-Redding, lui a même demandé d’enlever sur le champ un poster à l’effigie de Megan Rapinoe. La famille a également reçu des lettres, des mails et des coups de fil anonymes aux relents parfois homophobes.

La ville où Megan Rapinoe a passé son enfance reste encore le meilleur moyen de mesurer combien elle divise les États-Unis actuels. La joueuse l’a souvent rappelé : pas question pour elle de renier son passé. « Je ne viens pas de Californie, je viens de Redding, et pour moi cela veut dire quelque chose » , répète-t-elle comme un mantra dès qu’un micro se tend. En 2015, quand Rapinoe avait remporté sa première Coupe du monde, la maire de l’époque, Missy McArthur, avait fait du 21 juillet le « Megan Rapinoe Day » . Elle avait ensuite participé à l’inauguration d’une « Megan Rapinoe Way » menant au complexe sportif de Redding. Trois ans plus tard, le 23 juillet 2018, lorsqu’une étincelle provoquée par l’explosion d’un pneu se transforma en l’un des pires incendies que connut la ville, balayant 2 000 maisons et mobilisant 4 800 pompiers, la joueuse n’avait pas fui ses responsabilités. Elle avait profité de son statut pour lancer un appel aux dons. L’objectif fut atteint en quelques jours et le geste de la sportive salué par tous. « Mais depuis, elle a tout gâché » , grogne Patrick Henry Jones. Cet homme aux trois prénoms tient l’armurerie de la ville. Il a découvert la joueuse en 2015. « Je savais qu’elle était un peu différente, dit-il d’une voix pincée pour parler de l’homosexualité de la championne, mais je m’en fichais. Elle jouait pour notre pays, elle représentait avec succès nos couleurs à travers le monde. Il y avait de quoi être fier. Mais c’était avant qu’elle ne commence son cinéma. » De Rapinoe, il dit aujourd’hui qu’il ne veut « plus l’entendre. Elle a fait beaucoup de mal en choisissant de mépriser le drapeau. En faisant ça, elle a divisé Redding et le pays tout entier. On devait la célébrer parce qu’elle est une extraordinaire athlète. Mais aujourd’hui, ce n’est plus possible. » Cette année, contrairement à 2015, il n’y aura vraisemblablement aucune parade organisée en l’honneur de Megan Rapinoe à Redding. La maire actuelle, Julie Winter, membre de la paroisse locale de la Bethel Church, une immense église qui pratique encore aujourd’hui des conversion therapies afin de pousser les gays à embrasser l’hétérosexualité, a récemment parlé de l’homosexualité, dans un mail envoyé à une militante locale, comme d’un « péché » . Dans la lueur du salon des Rapinoe, Denise se lève, souffle un bon coup en pensant à ces gens qui « se sont servis de tout ça pour déverser leur haine et leur homophobie » , et lève la tête : « Megan a un cœur extraordinaire. Elle ne représente pas un groupe en particulier, mais tout le monde. » Comme si elle l’avait entendue, sa fille, depuis New York, appelait récemment à la réconciliation nationale : « Il y a eu tellement de controverses au cours des dernières années. J’en ai été la cible, j’en ai été à l’origine. Mais il est temps de se rassembler. Nous devons aimer plus, haïr moins. C’est notre responsabilité de rendre ce monde meilleur. » Pas loin d’un discours de politique générale.

« JE VOUS AI COMPRIIIIIS »

Top 100 : Footballeurs fictifs (de 70 à 61)

Par Maxime Brigand, Raphaël Malkin et Mathieu Rollinger, à Lyon et à Redding, en Californie

Tous propos recueillis par MB, RM et MR, sauf ceux de Megan Rapinoe.

Article paru initialement dans le numéro 111 de Society en juillet 2019

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