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Portrait du vendredi : Florian Tardieu est grand

Par Andrea Chazy, à Troyes
Portrait du vendredi : Florian Tardieu est grand

Capitaine et meneur de jeu reculé de l’ESTAC, Florian Tardieu (30 ans) est le genre d’homme que l’on regarde avec les yeux du respect. De son passé de peintre en bâtiment à celui d'ultra marseillais, cet infatigable chambreur made in Istres, qui a dû faire face à un drame familial, fait partie des joueurs les plus attachants du championnat. Portrait d’un homme qui croque la vie à pleines dents, même si elle n'a pas toujours été tendre avec lui.

À Troyes comme ailleurs, l’été et ses chaleurs écrasantes commencent peu à peu à laisser place à l’automne. Le mercure ne tape plus aussi fort qu’entre juin et août, où il a parfois fait plus de 40 degrés à l’ombre, une période que les habitants de la préfecture de l’Aube ont vécue comme une traversée du désert au sens propre. Il en a été de même pour les sociétaires de l’ESTAC, au figuré cette fois, qui ont eu leur lot de bruits de couloir. L’entame de saison compliquée des Troyens à Montpellier (défaite 3-2), face à Toulouse (0-3) et à Lyon (4-1), aurait pu fragiliser la position de leur coach, Bruno Irlès. Il n’en a finalement rien été. L’ESTAC a depuis trouvé son oasis, pris sept points en trois sorties face à Angers, Monaco et Rennes, et s’est surtout donné un peu d’air au classement. Dans une saison à quatre descentes, ça n’a pas de prix.

D’un côté, je voulais qu’il y ait penalty, comme ça je faisais ma panenka et je portais mes couilles… et d’un autre côté, j’espérais que la faute soit commise en dehors de la surface ! Ce n’était pas un penalty anecdotique, on jouait le maintien…

L’un des artisans de ce sursaut salvateur se nomme Florian Tardieu. Le capitaine et chef d’orchestre du 5-4-1 troyen n’a pas non plus passé deux mois de tout repos, lui qui était annoncé avec insistance du côté de Saint-Étienne pour y retrouver Laurent Batlles, son ancien mentor. « Je savais quand même que j’avais plus de chances de rester que de partir, rejoue, dans la salle de presse du stade de l’Aube, Florian Tardieu. Je suis resté serein, même si au bout d’un moment, ça peut un peu prendre le chou. Moi, ma tête était ici. » Pour sa deuxième saison en Ligue 1, à 30 piges, le milieu de terrain aubois a démarré fort et converti les trois penaltys qu’il a eu à négocier. Depuis qu’il sévit dans la cour des grands, Tardieu a d’ailleurs inscrit tous ses buts (7) sur péno, sans jamais en rater un seul. Pas même quand son cœur s’est emballé, en fin de saison dernière, un soir au Parc des Princes.

Panenka, Istres et Courbis

Le 8 mai dernier, Troyes se déplace dans l’antre du PSG lors de la 36e journée avec l’espoir de faire un pas de géant vers le maintien. On joue la 49e minute, l’ESTAC est menée 2-1, mais Presnel Kimpembe vient d’envoyer bouler Renaud Ripart dans sa propre surface. Florian Tardieu s’empare alors du cuir pour le poser sur le point de penalty, et se retrouve face à un dilemme : « Huit mois plus tôt sur un Space Twitter avec un groupe de supporters marseillais, j’avais dit que le jour où j’aurais un penalty au Parc des Princes, je tenterais la panenka, se marre l’intéressé. Quand je vois Renaud qui est accroché par Kimpembe, c’était mitigé dans ma tête : d’un côté, je voulais qu’il y ait penalty, comme ça je le faisais et je portais mes couilles… et d’un autre côté, j’espérais que la faute soit commise en dehors de la surface ! Ce n’était pas un penalty anecdotique, on jouait le maintien… » Finalement, Tardieu s’élance et honore son pari en ridiculisant Keylor Navas. 2-2, le score ne bougera plus. Au contraire du téléphone de Florian Tardieu qui, lui, n’est pas loin d’exploser au coup de sifflet final. « Quand j’ai vu la joie de ma famille, de tous les collègues, même des gens de Marseille que je ne connaissais pas qui m’envoyaient des messages… Je me suis dit que j’avais fait une bonne chose pour les Sudistes ! Je n’oublierai jamais. »

Il faut dire que dans la région PACA, peu sont ceux qui ne connaissent pas l’amour de Flo Tardieu pour l’OM. Depuis son plus jeune âge, le natif d’Istres squatte dès qu’il le peut les travées du Vélodrome. « C’était la sortie en famille du dimanche après-midi, se remémore sa maman, Caroline. Quand l’OM jouait à domicile, on n’allait nulle part. Ni anniversaire, ni repas de famille. » Pour comprendre d’où vient cette passion familiale, il faut remonter à Marc, son père, un amoureux de l’OM et un dingue de foot en général. Un homme « qui aurait pu faire quelque chose dans le foot » de l’aveu de son fils cadet, « mais qui a préféré les sorties, les collègues et l’apéro ». Tout comme sa compagne Caroline, il travaille alors à la mairie d’Istres et entraîne sur son temps libre à la Jeunesse sportive istréenne, un club de quartier. C’est ici, au complexe sportif de La Bayanne, que Florian tapera ses premiers ballons en club. En plus du rab dans le jardin, imposé par le paternel une fois les devoirs terminés. « À la maison, j’avais un stade de foot, explique Caroline. Mon mari lui avait fait des cages dans le jardin, il leur faisait faire des passes, des jongles, à son frère et lui. » Dans sa chambre, Florian a des posters de Robert Pirès, de Laurent Blanc ainsi que des champions du monde 1998 qui évoluent à l’OM. Le destin y est peut-être pour quelque chose : son baptême au Vél’ n’est rien d’autre que le légendaire OM-Montpellier (5-4) époque Rolland Courbis. « On perd 4-0 à la mi-temps, on gagne 5-4… C’est un souvenir gravé à vie, rejoue le milieu troyen. Les frissons de ce match, mon père comme un fou dans les tribunes, mon frère pareil. Je suis devenu gaga de l’OM à ce moment-là. » Tout semble idyllique, d’autant qu’à l’âge de 9 ans, le FC Istres convainc son père de laisser le fiston rejoindre la plus grande crèmerie locale. Le point de départ d’un chemin qui s’avérera particulièrement escarpé.

Au nom du père

Ce séjour au ski de 2002, Florian Tardieu s’en souviendra malheureusement pour toujours : « On était en famille, et au bout de la deuxième descente, mon père a glissé sur une plaque de verglas. Il est mort sur le coup, on s’est tous effondrés. Ce n’est jamais facile de perdre son père, que ce soit à 15 ans ou à 60 ans. » Florian, lui, n’en a que 10, et voit son monde totalement voler en éclats : sa famille doit déménager dans un appartement du quartier de la Grande Conque et sa mère s’occuper seule de l’éducation de ses deux ados. « Ma mère, c’est toute ma vie, assène Florian Tardieu. Je lui dois tout, tout comme à mon grand frère qui a joué le rôle d’un père pour moi. On a grandi dans un quartier, et comme partout, on aurait pu mal tourner. On est restés soudés tous les trois, et ça a fait notre force. » Quand il y retourne aujourd’hui pour y retrouver ses « collègues » qui ne l’ont jamais quitté, il aime passer la journée assis sur une chaise devant un immeuble à refaire le monde. À repenser à ces barbeucs et à ces parties de foot interminables. Moins à l’école, qui n’a jamais été son truc. « Il ne bossait pas beaucoup, avoue sa mère. Même si je l’ai pourtant beaucoup poussé à faire des études. Un jour, il m’a même dit :« Regarde maman, tu m’as tellement poussé que je suis tombé ! » »

J’ai découvert que Florian récupérait toutes les lettres d’absence et passait en fait la journée à faire les boutiques, au McDo, au ciné ou à draguer. Et le soir, il reprenait le bus avec son cartable.

À 16 piges, Florian Tardieu file dans un lycée professionnel d’Aix-en-Provence et se destine alors à une carrière de peintre en bâtiment. « En vérité, il n’est pas allé au bout du lycée pro, déballe Caroline Tardieu. Au bout de 6-8 mois, le directeur m’a appelé et m’a dit :« Mme Tardieu, ça fait plusieurs mois qu’on n’a pas vu votre fils en cours. »J’ai alors découvert que Florian récupérait toutes les lettres d’absence, et passait en fait la journée à faire les boutiques, au McDo, au ciné ou à draguer. Et le soir, il reprenait le bus avec son cartable. Sur le coup, ça ne m’a pas trop fait plaisir. » Et le foot dans tout ça ? Ce n’est pas mieux. S’il a été capitaine dans la plupart des catégories de jeunes du FC Istres, qui a goûté à la Ligue 1, le fan du trio Xavi-Iniesta-Busquets peine à se révéler à l’approche de la majorité. À tel point qu’U18, il se retrouve à jouer le dimanche matin au niveau départemental. « L’un des coachs préférait un autre joueur que moi, ce qui faisait que je me retrouvais à jouer en pré-excellence, justifie Florian Tardieu. On allait jouer dans des quartiers à Marseille, à La Castellane, à Endoume, sur de la terre à neuf heures du mat’ le dimanche… Quand tu en es là, tu te dis que le monde pro est loin. »

Pourtant, la roue va finir par tourner. À force de travail, Flo Tardieu remonte la pente et joue en DH l’année suivante. Il tape aussi rapidement dans l’œil de l’entraîneur de la réserve, Johan Gallon, qui l’intègre au groupe. Jusqu’au jour où la chance de sa vie se présente à lui. Lors d’un entraînement, le milieu défensif Gary Coulibaly se blesse et Nicolas Usaï, l’adjoint de José Pasqualetti qui dirige l’équipe première, à l’époque en Ligue 2, demande à Johan Gallon de lui envoyer un milieu de terrain. Comme dans un rêve, Usaï crie « Tardieu » . « J’avais les jambes qui tremblaient, en rigole aujourd’hui l’heureux élu. Mais je savais que c’était ma chance. Ça s’est très, très bien passé, sur une séance d’une heure, j’ai dû courir onze kilomètres. (Rires.) J’étais sur tous les ballons, j’essayais de jouer simple, les coachs ont apprécié mon caractère. » Plus de dix ans plus tard, Nicolas Usaï justifie son choix de l’appeler lui et pas un autre : « Il y avait peut-être des milieux qui étaient devant lui à ce moment-là dans certains domaines comme la vivacité, l’explosivité ou la faculté à aller presser et à se projeter, témoigne l’actuel coach du Nîmes Olympique. Mais Flo avait déjà tout de la sentinelle : il voyait bien le jeu, il avait une bonne capacité à distribuer et à orienter le jeu, à le renverser. Dès qu’il a intégré le groupe, il a progressé très rapidement. » Les cadences infernales se mettent alors en place : de 6h à 9h du matin, Florian est sur les chantiers à peindre avec ses gros rouleaux. Ensuite, il enchaîne avec l’entraînement des pros jusqu’à midi, avant de retourner bosser sur les chantiers jusqu’à la tombée de la nuit. « Vu que j’étais d’Istres, que je vivais chez ma mère et que je n’étais pas pro, le club ne me donnait qu’un petit billet (300 euros par mois, NDLR)et il était hors de question que ma mère paye tout. C’était dur, mais j’avais la dalle. »

Un Classico indémodable

Une anomalie qui sera réglée dès lors où « Flo » fera son trou en équipe première. En 2012, il signe enfin pro au FC Istres, range ses pinceaux et met rapidement tout le monde d’accord. Dans l’équipe ultra-offensive de Pasqualetti, il brille par sa qualité de passe et sa vision de jeu saluée par tous. « J’étais latéral droit, mais en vérité, je jouais plus ailier que latéral, détaille son ancien coéquipier, Fouad Chafik. Donc j’étais souvent servi par Flo, et c’était à l’aveugle. Il savait où mettre le ballon, pied droit, pied gauche, le ballon atterrissait là où je l’attendais. » Dans un stade Parsemain rempli essentiellement par ses potes et ceux des autres joueurs de l’équipe fanion, Tardieu s’endurcit au contact d’anciens expérimentés comme Jérôme Leroy ou Éric Chelle. « Éric, je l’appelle« Tonton »et c’était mon père dans le vestiaire. Je lui disais :« Si tu me vois marcher sur le terrain et que tu dois me mettre une gifle, mets-la moi et je le prendrais bien. » » Florian grandit, mais parfois, le naturel revient au galop. Comme au lendemain d’un OM-PSG, que Nicolas Usaï raconte mieux que personne : « J’habitais encore Marseille et le matin, je lisais La Provence.En parcourant le journal, qui est-ce que je vois ? Florian, assis sur un lampadaire en survêt de l’AC Milan, en train d’insulter l’arrivée des Parisiens. On l’avait reçu le lendemain dans le bureau avec José Pasqualetti et Lionel Charbonnier, en lui expliquant que ça, c’était terminé, qu’il était pro maintenant ! On l’avait sermonné, mais dès qu’il était sorti du bureau, on en avait rigolé. C’était super rafraîchissant. »

J’ai connu la misère en étant sur les chantiers à six heures du matin, donc me lever pour m’entraîner, c’était du bonheur. Mais pas à Zulte-Waregem. À ce moment-là, à choisir, j’aurais préféré être sur le chantier.

L’histoire d’amour entre Florian Tardieu et Istres est mise sur pause deux saisons pleines plus tard. Malgré une équipe composée de joueurs tels que Naby Keita, Farid Boulaya ou Abdellah Zoubir, le FC Istres tombe en National. Tardieu sent que le moment de quitter le nid est arrivé. À l’été 2014, il s’envole vers l’Angleterre du jour au lendemain pour répondre favorablement à une proposition de contrat de Sheffield Wednesday qui évolue en Championship. En arrivant sur place, celle-ci n’est plus aussi attrayante qu’annoncée et pousse Florian Tardieu à faire marche arrière. Le téléphone sonne : « Olivier Echouafni appelle mon agent. C’était l’époque où on ne savait pas si Sochaux allait descendre ou pas, à cause de l’histoire avec Lens. Echouafni lui dit :« Si on reste en Ligue 1, je veux Flo. Évidemment, si on descend en Ligue 2, je veux Flo aussi. »  » Direction le Doubs, le froid et la Ligue 2 pour Tardieu, qui va disputer 150 matchs en quatre ans chez les Lionceaux. Un déchirement pour sa mère, mais aussi pour lui. « Je quittais mon cocon et laissais ma mère, lâche Florian Tardieu. À Istres, il n’y avait aucune pression. On perdait 5-0, ce n’était pas grave. On gagnait 4-0, on était les rois du monde. Ça a été d’une certaine façon un tremplin pour ma mère et moi, pour avancer. »

L’occasion, aussi, pour ses nouveaux coéquipiers de découvrir un gars sincère et farouchement chambreur. Qui n’épargne personne, à commencer par sa mère : « S’il n’avait pas été footballeur, il aurait fini au Marrakech du Rire, rigole Caroline. Je me souviens qu’à Sochaux, il y avait un joueur de son équipe qui avait un gendarme dans sa famille. Un jour, ce gars-là était venu dans les vestiaires en tenue de travail, avec le pistolet, les menottes… Là, Flo m’appelle en Facetime et me dit :« Maman, appelle un avocat… je t’expliquerai ! »À l’image, il était menotté à côté du gendarme, en short de foot. Et ça raccroche. Je ne savais plus quoi faire ! Vu qu’il avait une grosse voiture, je pensais qu’il avait fait un délit de fuite, on s’imagine tout dans ces moments-là. Trois secondes après, il m’a rappelé en rigolant avec ses potes, le gendarme mort de rire, j’étais dans tous mes états. Il fait ça tout le temps… » Au sein des rangs du club fondé par des ouvriers de Peugeot dans les années 1920, le milieu de terrain au physique longiligne ne fait pas que se fendre la poire : il fait aussi partie de l’épopée en Coupe de France 2015-2016, qui voit Sochaux tomber aux portes de la finale face à l’OM (0-1). Reste que les Lionceaux enchaînent les saisons dans le ventre mou sans réussir à se mêler à la lutte pour la montée. « On a fait quatre belles saisons avec Sochaux, mais je regrette qu’on n’ait jamais pu décrocher la montée, assure pourtant l’actuel meneur de jeu troyen. Sochaux est un club qui mérite l’élite, c’est un top club. Quand ça marche bien, ils ont des supporters fous. »

Une étoile qui brille

Après quatre ans en Franche-Comté, Tardieu pose ses valises en Belgique, à Zulte-Waregem. Il ne connaît alors rien de sa nouvelle écurie, si ce n’est qu’elle a participé à la Ligue Europa l’année précédente. Si une blessure à la cheville vient perturber ses débuts au Plat Pays, il réalise ensuite six premiers mois pleins. Avant de filer au placard, sans aucune explication de la part du coach de l’époque, Francky Dury. « En janvier, j’arrive un matin, et il ne me calcule plus… Va savoir pourquoi. Je ne suis pas un tricheur, et je me suis retrouvé à la cave complet, se remémore-t-il, amer. Il m’a clairement dégoûté du foot. J’ai connu la misère en étant sur les chantiers à six heures du matin, donc me lever pour m’entraîner, c’était du bonheur. Mais pas là-bas. À ce moment-là, à choisir, j’aurais préféré être sur le chantier. »

À 30 ans, il a encore cette fraîcheur mentale qui est liée à son parcours de vie. Quand on connaît des choses plus cartésiennes du quotidien, et que l’on arrive ensuite dans le foot pro, on se rend compte de la chance que l’on a.

L’aventure tourne court, et Laurent Batlles le rapatrie à Troyes pour la saison 2019-2020. Il en fait un milieu de terrain complet, puis son capitaine, qui sera même dans l’équipe type de la saison l’année suivante, à l’issue de laquelle l’ESTAC retrouve l’élite. Ça y est, à 29 berges, Tardieu va enfin découvrir l’élite. « À vrai dire, je l’attendais en Ligue 1 beaucoup plus tôt, livre Fouad Chafik. Après, aujourd’hui, il fait partie des meubles à Troyes. Sa progression ne me surprend pas, car c’était un joueur complet qui a une mentalité vraiment top. » Son ancien coach Nicolas Usaï abonde : « À 30 ans, il a encore cette fraîcheur mentale qui est liée à son parcours de vie. Quand on connaît des choses plus cartésiennes du quotidien, et que l’on arrive ensuite dans le foot pro, on se rend compte de la chance que l’on a. » Dans un futur proche, Florian Tardieu ne s’interdit rien. Il a toujours un rêve : celui d’un jour porter le maillot de l’Olympique de Marseille : « Si je signe à l’OM un jour, je crois sincèrement que c’est toute la ville d’Istres qui ferait la fête. »

En attendant, c’est des travées du Vélodrome qu’il continue à suivre la formation d’Igor Tudor, comme face à Nantes ou Reims cette saison. « Plus jeune, mon frère était un peu connu chez les Winners, et je faisais aussi certains déplacements, explique-t-il. J’ai par exemple fait le 5-5 à Lyon en 2010. Aujourd’hui, j’évite un peu les virages. Je vais dans les tribunes un peu plus tranquilles pour bien voir le match. L’OM, c’est mon club de cœur. Après, j’ai toujours dit que si je jouais face à l’OM, je me donnerais à 200% pour mon équipe. Je ne veux pas qu’il y ait de doutes là-dessus. » Dans son calepin, la date du 16 avril 2023 et d’OM-Troyes est cochée depuis la publication du calendrier. L’an passé, pour sa première fois au Vél’ en tant qu’acteur, le stade était vide à la suite d’un huis clos prononcé par la LFP après un OM-PSG qui avait dérapé en tribune. Cette saison, il espère enfin célébrer la réussite, la sienne, devant tous ses amis et sa famille, là où tout a commencé pour lui. Même s’il manquera forcément quelqu’un. « J’ai le nom de mon père tatoué sur l’avant-bras gauche. Quand je marque et que je lève les doigts au ciel, c’est pour lui. Chaque match, chaque but, je pense à lui. J’aurais aimé qu’il soit là pour voir ça, il aurait été comme un fou dans les gradins, conclut Florian Tardieu. À chaque fois que j’ai eu du malheur dans ma vie, le bon Dieu me l’a rendu sur le terrain. J’ai perdu ma grand-mère l’an dernier. Le jour même face à Strasbourg, j’ai marqué (1-1). J’ai perdu mon cousin il y a deux ans, juste avant le match de Sochaux. Ce jour-là, j’ai mis un doublé (2-1). Quand l’anniversaire de mon père approche, j’ai souvent un penalty à tirer ou bien on gagne… » La preuve définitive que Florian Tardieu est grand.

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Par Andrea Chazy, à Troyes

Tous propos recueillis par AC

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