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Frédéric Villeroux, le Messi du Cécifoot

Par Vincent Riou

Buteur en finale des Jeux paralympiques de Paris face à l’Argentine (1-1, 3-2 TAB), co-meilleur bomber du tournoi avec trois réalisations, Frédéric Villeroux, le capitaine de l’équipe de France de cécifoot, a grandement participé au sacre des siens à la maison. Portrait.

Frédéric Villeroux, le Messi du Cécifoot

« Pour moi, un non-voyant était condamné à marcher avec une canne. Il était impossible qu’il puisse courir, donc a fortiori jouer au football… » Frédéric Villeroux est pourtant devenu le Messi du cécifoot. À moins que l’Argentin ne soit en fait le Villeroux du football valide. Comme Messi en 2008, Villeroux a décroché l’or olympique, chez lui à Paris, en matant l’Albiceleste ce samedi soir au pied de la tour Eiffel. En décembre 2014, So Foot dressait le portrait de celui qui facturait alors 102 buts en 42 rencontres dans l’équipe de Cécifoot des Girondins de Bordeaux, un impressionnant ratio de 2,5 pions par match. Presque deux fois supérieur à celui de la Pulga saison 2011-2012. Reste qu’avant la gloire, Villeroux a mis du temps à prendre la décision d’intégrer une équipe de non-voyants. Car Frédéric n’est pas totalement aveugle. Il perçoit indistinctement des formes et des lumières. Jusque-là, il évoluait donc avec une équipe de malvoyants. « À mesure que ma vue baissait, je faisais le pressing, mais je n’y voyais pas assez pour participer au jeu. » Ses coéquipiers et son entraîneur à Toulouse lui conseillent en 2001 de passer en catégorie B1, où l’on joue avec un bandeau sur les yeux. Il met du temps à se faire à l’idée : « J’avais 17, 18 ans, il fallait renoncer à ma bande de copains pour rejoindre à Bordeaux un collectif d’adultes confirmés. Et puis quand on a un handicap, il n’est pas évident de se dire qu’on va se priver du peu qu’on a, d’accepter d’être désormais un malvoyant profond. Au début, on a vraiment peur du choc, on est contracté. »

Comme aller aux toilettes la nuit

Pour faire comprendre aux voyants comment on peut jouer au foot avec un bandeau sur les yeux, Frédéric convoque une situation familière de tous : « Quand tu vas aux toilettes la nuit sans allumer la lumière, tu ne te cognes pas aux murs, parce que tu connais l’environnement, mais aussi parce que tu les sens. Nous, c’est pareil, on ressent les masses, et on schématise. » De la même façon que l’on dit d’un joueur inspiré qu’il a des yeux derrière la tête, les cadors du cécifoot sont capables de développer un cinquième sens : « Dans le foot, il y a le physique, la technique, la tactique et le mental. Nous, nous devons en plus prendre les infos venant des gardiens, qui sont voyants, du coach, du guide derrière le but, voire du public. C’est pour cela qu’à l’entraînement, nous travaillons l’audition. Il y a le bruit du ballon à grelots, les pas, le souffle, le vent, la pluie… »

Né de parents voyants, lui mécanicien bateau, elle ouvrière, Frédéric a toujours été sportif malgré sa vue déficiente. Le judo, d’abord, qu’il est contraint d’abandonner vers l’âge de 10 ans. « J’avais un glaucome, les chocs étaient déconseillés pour conserver le peu de vue que j’avais. Je me suis alors mis à fond dans l’athlé et la natation, avec des bons résultats. » Le foot ensuite, même si dans la famille Villeroux, originaire du Sud-Ouest, on n’est clairement pas ballon rond : « Ils sont à fond rugby, et j’avoue préférer l’ambiance. Je vais souvent au stade voir Bègles, avec ma radio et les clameurs du public, j’arrive à suivre. Mais je n’ai jamais vu assez bien pour pratiquer. Pour moi, rattraper un ballon au rugby, c’est comme faire une tête ou une reprise de volée en ciseau en cécifoot, quasi impossible ! » À défaut de retourné acrobatique, il a eu le privilège avec l’équipe de France cécifoot de tâter le cuir avec les A en 2008, à Clairefontaine : « C’est une reconnaissance, ça valorise notre savoir-faire. J’ai gardé contact avec Landreau, il parle souvent de nous sur sa page Facebook. Récemment, on a rendu visite aux joueurs de Dunkerque, ils étaient bluffés. Ils nous disaient qu’on assurait mieux qu’eux sur les toros. »

« Ils m’avaient ri au nez »

Frédéric, marié à une joueuse malvoyante et père de deux enfants, a des journées bien remplies. En 2013, il ne vivait plus de l’Allocation adulte handicapé, d’aides régionales, voire de primes pour améliorer l’ordinaire. Il avait alors été embauché par l’Union nationale des aveugles et déficients visuels – « au SMIC, hein » – pour se consacrer à 80% au football (quatre entraînements par semaine), et à 20% au développement de sa discipline : « C’est valorisant de ne pas vivre sur le dos des autres. » Pour autant, l’attaquant français, joint juste avant la Coupe du monde de la spécialité qui alors se tenait en novembre 2014, avait préféré rester chez lui : « Disons qu’il y a de gros soucis entre la fédé handisport et l’Unadev. Ils m’avaient ri au nez avant Londres quand je leur avais dit dans une réunion qu’on y allait pour une médaille. Ils n’ont pas assez d’ambition pour notre sport. Bref, je ne veux pas rentrer dans le détail maintenant. Je préfère attendre un peu. Que la compétition soit terminée, vous voyez ? » Heureusement pour les Bleus, en 2024, Frédéric Villeroux était bel et bien là. Une chevauchée fantastique et un tir au but vainqueur plus tard, voilà que douze ans après l’argent de Londres, c’est avec l’or autour du cou que Villeroux s’offre au monde. Pour l’éternité.

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Par Vincent Riou

Tous propos recueillis par VR et tirés du portrait : "Le Messi du cécifoot" paru dans le So Foot #122 (2014).

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