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Porto sort de sa cave

Par William Pereira
5 minutes
Porto sort de sa cave

Le FC Porto a besoin d'un miracle pour se qualifier pour les huitièmes de finale de la Ligue des champions. Les Dragons doivent en effet compter sur un faux pas du Zénith contre l'Austria Vienne tout en s'imposant à Vicente Calderón dans le même temps. Difficile, mais pas impossible. L'Atlético ne devrait pas jouer à fond, et les hommes de Paulo Fonseca ont mis un terme à leur série noire en battant Braga samedi dernier. Le déplacement à Madrid sera l'occasion pour Porto de confirmer cette embellie.

Jets de fumigènes, insultes, sifflets… De retour de Coimbra au milieu de la nuit, le car du FC Porto croise un groupe de supporters mécontents qui attendait l’arrivée des joueurs aux abords de l’Estádio do Dragão. C’était il y a un peu plus d’une semaine. Les hommes de Paulo Fonseca venaient alors d’enregistrer leur première défaite en championnat depuis 53 matchs contre l’Académica de Sergio Conceição, au terme d’un bien triste spectacle. Un événement qui, isolé, aurait pu être anodin. Sauf qu’il vient ponctuer une crise de novembre qui a préféré le littoral portugais à Paris cette année (deux nuls avant de perdre à Coimbra). Une série dévastatrice, puisqu’elle va peut-être coûter la qualification pour les huitièmes de la C1 au FC Porto et qu’elle lui a fait perdre cinq points par rapport au Sporting et Benfica en championnat. Ajoutez à cela un fonds de jeu inquiétant, une fragilité défensive inhabituelle et vous obtenez le mécontentement des Super Dragões, le fidèle groupe d’ultras du club, qui en vient à demander la tête de Paulo Fonseca comme ce fut le cas avec Vítor Pereira deux ans plus tôt. Mais comme le déclare ce dernier dans la presse lusitanienne, Pinto da Costa n’est pas du genre à lâcher ses entraîneurs aussi vite. Sauf exception. À la place, Antero Henrique, bras droit du président, est prié de tenir un sommet entre son entraîneur, qui réclame plus de soutien de la part de ses supporters, et les représentants des Super Dragões, qui demandent des résultats, avant le choc (déjà) décisif opposant Porto à Braga.

Porto-Braga, le déclic ?

Bien leur en a pris. Car même s’ils ont mis une demi-heure à entrer dans la partie, Fonseca et compagnie ont remporté leur duel de dépressifs – Braga pointe à la neuvième place de Liga Sagres – grâce à un doublé de Jackson Martínez. Féru de palettes et de débriefings, l’entraîneur des Dragons a sans doute eu de quoi se régaler, puisque Porto a tout connu contre les Minhotos. La version dégueulasse, puis la version corrigée de la copie. Dégueulasse, comme l’entame de match, qui reflétait parfaitement le niveau de jeu affiché par l’équipe depuis un gros mois : une défense pas du tout sereine, des milieux incapables de tenir le ballon et encore moins de créer, des ailiers ayant du mal à percuter et un Jackson Martínez dont le cul devait être trop lourd pour lui permettre de faire des appels de balle.

La version corrigée, c’est le Porto qui sort des vestiaires à la fin de la mi-temps. Celui que Lucho a quitté pour rejoindre le banc, blessé et grippé, au profit de Carlos Eduardo, jusqu’ici peu utilisé. El comandante serait donc la cause des maux du milieu portista ? Non. L’affirmer serait prendre un raccourci et oublier que l’Argentin est surtout mal utilisé par Fonseca, qui est en train de commettre la même erreur que Deschamps à Marseille : le considérer comme un numéro 10. Contre Braga, le technicien portugais avait décidé d’aligner deux relayeurs défensifs pour pallier l’absence de Fernando, et donc un meneur de jeu, Lucho. Pratique pour gratter des ballons dans le rond central, moins pour faire circuler le cuir, du fait du manque de cohésion entre la partie haute et la partie basse du bloc portista. En cela, l’ancien Marseillais n’y est pour rien. C’est plus l’entrée d’un vrai meneur de jeu (et dire que Quintero est sur le banc…), et le passage à un système avec un 6 et un 8 qui a transfiguré le visage du FCP. Bref, pour la première fois de la saison, Paulo Fonseca, jusqu’ici très frileux, a posé son paquet sur la table, et ça a payé. Herrera et surtout Carlos Eduardo ont pu prendre le jeu à leur compte et faciliter la transmission de la défense vers les ailes, d’où sont venus les deux buts. Le culot paye. Comme un symbole, Kélvin, l’incarnation même de ce football couillu – on parle d’un mec qui a fait perdre un championnat à Benfica à 19 piges -, pointe le bout de son nez en fin de match pour la première fois depuis des lustres.

Le retour de Ricardo Quaresma

Pourtant, et s’il mériterait de jouer un peu plus, le Brésilien risque bien de refaire un tour du côté de l’équipe B à partir du mois de janvier. Porto désire renforcer ses ailes durant le mercato d’hiver, sans avoir vraiment laissé ses jeunes pousses faire leurs preuves. À la place, c’est un revenant qui est appelé à la rescousse. Ricardo Quaresma, 30 piges, s’apprête à faire une Lucho. L’homme aux « trivelas » , ces extérieurs magiques dont lui seul a le secret, a déjà rompu son contrat avec Al-Ahli et a affirmé son envie de reprendre l’entraînement avec les Dragons le plus tôt possible afin d’être prêt pour le Classico du mois de janvier. « O cigano » a six mois pour regagner la confiance de Paulo Bento et gagner un billet d’avion pour le Brésil, et il le sait. Sa motivation est plus grande que jamais, mais son niveau inquiète les plus sceptiques. De toute façon, Fonseca a demandé deux attaquants, au cas où Quaresma serait une arnaque. Le nom de Lucas Ocampos a filtré. L’Argentin pourrait servir de monnaie d’échange dans le cadre du transfert de Nicolas Otamendi, taulier de la défense portista. Chacun y trouverait son compte. Surtout Porto, qui souffre d’un cruel manque de percussion sur ses ailes. Varela est irrégulier, Lica n’est pas un footballeur et Ricardo est trop jeune. Mais pour le moment, pas de Quaresma, ni d’Ocampos. Paulo Fonseca va devoir se débrouiller avec ce qu’il a. Après tout, ça a bien marché contre Braga…

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