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Porto, le dragon sans flamme
Il y a à peine un an le Porto d’André Villas Boas infligeait une branlée monumentale à Benfica (5-0). Cette saison, la version Vitor Pereira est bien moins sexy. Fini les scores fleuves, face à Villarreal ou autres CSKA. Aujourd’hui les dragons perdent à Nicosie. Ca change, c'est sûr...
On l’attendait comme l’outsider idéal, le petit – enfin le moins grand – qui allait emmerder les pétrodollars et les dollars tout court, comme un Barça miniature : que dalle. Malgré une supercoupe d’Europe prometteuse face au FC Barcelone (défaite 0-2), le FC Porto de ce début de saison est, dans le jeu, méconnaissable, pour ne pas dire inquiétant. En championnat, les apparences sont trompeuses. Les hommes de Vitor Pereira occupent la place de leader et sont invaincus au Portugal en attendant de croiser le fer avec Braga à la fin du mois et avec le Sporting début janvier. En Europe, la réalité est toute autre. Les Tripeiros sont à côté de la plaque dans un groupe largement à leur portée. Tout le monde voyait Porto premier avec au moins 15 points au mois de décembre, à la place, les troupes de Vitor Pereira sont plutôt bien parties pour remplacer l’Apoel Nicosie dans le rôle de faire-valoir de la poule G. En quelques mois donc, le club de Pinto da Costa passe du statut de grande promesse à celui d’anonyme; pourtant, seuls Villas-Boas, Falcao et Ruben Micael sont partis cet été . Et visiblement, c’est déjà trop.
The special zero
D’habitude champion en la matière, Porto a totalement foiré son mercato estival. Bien sûr Pinto da Costa a gagné 60 millions d’euros rien qu’avec Falcao, Ruben Micael et André Villas-Boas, mais il en a claqué 45 autres pour des jeunes, qui n’arriveront certainement à un niveau décent que dans deux ou trois ans. Il n’a pas cherché à remplacer les deux colosses qu’étaient son entraîneur et son buteur, préférant se reposer sur sur ses acquis : le collectif et le second de Judas-Boas, Vitor Pereira. Le FC Porto paye cher sa naïveté, en croyant pouvoir sortir un adjoint en or tous les ans. Fredy Guarin et Alvaro Pereira veulent déjà le départ du nouvel entraîneur sous peine de partir dès que possible. V’là l’ambiance. Mais pour une fois, ce caprice d’enfant pourri gâté est légitime. Pereira a une grande gueule mais certainement pas la carrure pour être à la tête d’une telle machine. Sous ses ordres, les Dragons ont perdu ce qui les avait menés au top l’année dernière. Le jeu, la solidité défensive, et, en partie, les résultats.
Allô le 10 ?
Fini le pressing de chien pendant 90 minutes, la team de Vitor Pereira est physiquement à des années lumières de son niveau de la saison, et ça se ressent sur le jeu. La plupart des joueurs sauf Hulk, Alvaro Pereira et une paire d’autres, ne sont plus à même d’attaquer et défendre ensemble. Conséquence: le bloc s’étire, les Portistes jouent au ralenti et l’équipe abuse de longs ballons dégueulasses et inexploitables. Comme une équipe du ventre mou anglais. Terminé aussi les 65% de possession façon Barcelone. C’est d’ailleurs là que se fait le plus ressentir l’absence de Falcao, parti à l’Atlético Madrid pour « des raisons sportives » , car avant d’être un finisseur, c’était bel et bien lui le dépositaire du jeu. Aujourd’hui, le constat est là : il manque clairement un 10 à Porto. Et c’est pas au milieu qu’on trouvera un mec capable de remplir ce rôle. Moutinho a admis jouer actuellement comme une quiche, Belluschi est calamiteux, Fernando – valeur sûre de l’équipe – est un pur six, et Defour… ne joue pas.
Ego et pauvreté tactique
En attaque, Kléber ne deviendra jamais plus connu que la station de métro de la ligne 6 en jouant comme il le fait, parce qu’à part marquer quand son équipe gagne déjà 3-0, le stade ne le voit pas trop. Walter, son remplaçant ne fait pas mieux, du coup, c’est Hulk – qui s’est enfin recoloré la touffe – et James Rodriguez qui se chargent d’enquiller les buts. Pour arracher au moins un nul face à Porto, ce n’est donc pas bien compliqué, il suffit de bloquer les ailes. Et pour gagner, il faut jouer en contre, étant donné que chez les Dragons, tout le monde joue au-dessus de la ligne médiane. Oui, le Porto de Vitor Pereira, est démesurément offensif, comme le Brésil de 62, sans la technique et les titres. Deux défenseurs centraux et un gardien pour garder les cages, et tant pis pour eux si les latéraux défendent pas. Et encore, dans ses bois, heureusement qu’Helton sauve régulièrement la mise des « tripeiros » . L’entraîneur, par peur d’être comparé à son prédécesseur a trop profondément modifié le schéma tactique, et perturbé le jeu harmonieux de l’an passé.
Les derniers résultats du FC Porto (défaite 2-1 à Nicosie et nul 0-0 face à Olhanense) sont à la hauteur de ce qui se voit sur le terrain : inquiétant. Mais pour le moment, le champion portugais tient le coup en Liga Sagres, et reste invaincu en championnat depuis plus d’un an et demi, un record en Europe. Pour le moment, Porto reste donc Porto, et à moins d’être devin, il est trop tôt pour parler de crise. Mais la situation est alarmante, car à l’image de la C1, les Dragons ont grillé toutes leurs cartes. Le temps leur fait cadeau d’une trêve internationale, à eux d’en profiter.
Par William Pereira