- Euro 2016
- Les vrais héros
Polytechnicien, il a gonflé des ballons pendant l’Euro
Il a livré sept matchs pleins, dont la finale au Stade de France. Comme les 6 500 bénévoles qui ont en partie fait tourner la machine Euro durant un mois, ses performances sont pourtant passées inaperçues auprès du grand public. Son nom : Timothée Mevel, un polytechnicien qui a étrenné son T-shirt rouge vif estampillé Volunteer dans les coulisses du tournoi. Ouverture de la boîte à souvenirs, entre gonflage de ballons et livraison de pizzas tardives dans les vestiaires des équipes.
Parmi les missions que les candidats pouvaient choisir au moment de postuler le programme Volontaires de l’Euro 2016, très nombreux étaient ceux qui avaient coché « organisation des matchs » dans leur top 3. C’est donc peu dire qu’avec les deux compères aux côtés desquels il a passé un mois à arpenter les vestiaires et le bord de la pelouse, Timothée a fait baver quelques-uns des 1 000 bénévoles mobilisées au Stade de France. Son « job » : faire en sorte que les arbitres, délégués et équipes soient accueillis dans les meilleures conditions et disposent de tout ce dont ils ont besoin.
Des bancs de Berkeley à la pelouse du SDF
Aider les intendants à décharger un camion plein de matos quelques heures avant l’arrivée des joueurs, remplir un frigo de boissons, gonfler les ballons de match, distribuer les chasubles, aller chercher le trophée de l’Euro au service logistique, etc. : autant de tâches de petites mains peu habituelles pour un mec qui, après avoir étudié à la très prestigieuse université de Berkeley, sera diplômé de Polytechnique dans quelques mois. Mais ce supporter du FC Nantes s’en tamponne et n’est pas venu pour étaler sa science. Il se sait privilégié, et pour lui, cette expérience, « c’était surtout l’occasion d’être au cœur de l’action, dans l’intimité d’une grand compétition. Et puis c’est quand même kiffant d’emprunter le tunnel qui mène à la pelouse juste après l’entrée des joueurs. »
Des moments frissons, il en a vécu à la pelle. Pendant Irlande-Suède, le directeur du match lui demande de retrouver un ballon qui semble s’être égaré. Timothée active alors le mode Guy Roux et s’offre un tour de terrain gratuit alors que, dans les travées teintées de vert et jaune, les supporters des deux camps se cassent la voix. Mais son meilleur souvenir reste incontestablement une répétition d’avant-match pour laquelle les équipes qui organisent les cérémonies avaient besoin de renfort : « J’ai joué le rôle de l’arbitre et me suis donc retrouvé sur la pelouse avec La Marseillaise qui retentit. Bon ok, le stade était vide, mais j’étais comme un fou. »
« Va expliquer à Zlatan que ses pizzas ne sont pas prêtes ! »
Durant son expérience de volontaire, le jeune homme s’est aussi retrouvé face à l’exigence du très haut niveau qu’il côtoie depuis plusieurs années sur le circuit ATP en tant qu’arbitre de chaise et juge de ligne. Et malgré son expérience (il totalise déjà 6 Roland-Garros et participera à son troisième US Open cet été, pas mal pour un type de 24 ans), il reconnaît que certaines situations étaient parfois tendues. Comme cet après-match où, inquiet de ne pas voir arriver les 30 pizzas qu’il a commandées, un membre de la délégation suédoise harangue son collègue volontaire : « Tu connais Zlatan ?! Va lui expliquer que les pizzas ne sont pas prêtes ! » Pas toujours simple de satisfaire un joueur qui, arrivé comme un roi, veut repartir avec sa quatre-fromages…
Par Damien Guillou