- Mondial 2022
- Gr. C
- Pologne-Argentine (0-2)
Pologne : le minimalisme ultime
Une fois de plus très timide offensivement contre l'Argentine ce mercredi (0-2), la Pologne a néanmoins validé son ticket pour les huitièmes de finale, longtemps sauvée par le critère du fair-play, puis finalement par celui du goal-average. Le signe d'une formation minimaliste à l'extrême.
« C’est difficile, pour un attaquant, de courir dans sa propre moitié de terrain, mais c’est le plan de jeu du coach. Bien sûr, je souhaite avoir des ballons dans la surface adverse, mais je sais aussi que c’est compliqué. Vous devez accepter le style dans lequel nous jouons. » Par ces mots délivrés en conférence de presse après l’entrée en lice de la Pologne face au Mexique, Robert Lewandowsi tirait déjà la sonnette d’alarme et un premier constat : la philosophie prônée par Czesław Michniewicz, le « Mourinho polonais » , ne lui plaît pas. Huit jours plus tard, rien n’a vraiment changé. Les Orły ont proposé deux prestations (contre l’Arabie saoudite samedi dernier, puis contre l’Argentine ce mercredi) proches de l’indigence et n’arrivent toujours pas à développer un jeu offensif séduisant autour de leur avant-centre star. Malgré cela, ils seront bien au rendez-vous des huitièmes de finale de ce Mondial et affronteront la montagne France ce dimanche. Tout un paradoxe.
Une histoire de cartons
La situation était pourtant périlleuse ce mercredi soir au 974 Stadium de Doha. En cas de victoire de l’Argentine et d’un succès saoudien dans le même temps contre le Mexique, les Polonais pouvaient prendre la porte du Mondial. On pouvait alors s’attendre à voir une équipe entreprenante, capable de rivaliser avec l’Albiceleste, au moins dans les intentions. Mais cela n’a pas eu lieu, la Pologne s’en est surtout remise à un grand Szczęsny, auteur d’un arrêt décisif sur un penalty de Messi, et s’est rapidement repliée sur elle-même en formant un bloc bas très compact le temps d’une mi-temps. Mais pire encore, quand Mac Allister et Álvarez ont réussi à trouver des brèches, la troupe de Michniewicz n’a jamais montré le moindre brin de révolte, comme si elle subissait les événements et comptait simplement sur un match nul dans l’autre rencontre du groupe. Raté, puisqu’à Lusail, le Mexique a planté deux pions en début de seconde période, et est donc revenu au goal-average, synonyme d’égalité parfaite au classement. À ce moment-là, la Pologne figurait toujours à la deuxième place de sa poule, sauvée par le critère du fair-play. (Elle avait pris quatre cartons jaunes dans la compétition, le Mexique sept, NDLR.) On a alors vu le sélectionneur polonais pousser une gueulante sur son banc envers ses joueurs, non pas pour leur demander de jouer plus haut, mais simplement pour leur demander d’arrêter de récolter des cartons jaunes évitables. Comme si cet élément si aléatoire était tout ce qui pouvait les sauver de l’élimination.
« Plus personne ne se souviendra de ce match »
La stratégie basée sur le goal-average et les cartons a finalement porté ses fruits, mais elle a tenu à un fil lorsque l’on repense aux ratés argentins en fin de partie, qui auraient pu condamner définitivement la Pologne. « Nous savions que ce serait un match défensif de notre part. Nous savions aussi l’importance des cartons jaunes, et nous avons fait un excellent travail là-dessus. Avec les capacités que nous avons, c’est un succès. Au bout d’un certain temps, plus personne ne se souviendra de ce match », a réagi Lewandowski en zone mixte après la partie. Et même si les Orły doivent sans doute être en train de fêter comme il se doit leur qualification miraculeuse, peu de certitudes les entourent à l’instant T. Cette formation, qui s’appuie sur une colonne vertébrale Szczęsny-Glik-Krychowiak-Lewandowski vieillissante et dont le banc n’a jusque-là pas offert grand-chose (à l’instar de Milik et Piątek qui comptabilisent 102 minutes de jeu à eux deux), partira donc logiquement outsider face à la France dimanche.
Reste à savoir si cette équipe est capable de se transcender sur un match couperet, plutôt que de se reposer sur des coups du sort. Quoi qu’il en soit, pour les Bleus, cela semble être une bonne nouvelle de voir cette Pologne-là, manifestement en manque de confiance, se présenter sur sa route, plutôt qu’une Argentine qui monte en puissance depuis le début de la compétition. Même si la simple présence de Robert Lewandowski est un élément suffisamment important pour ne pas prendre la Pologne à la légère. Et qu’il vaut mieux ne pas aller jusqu’aux tirs au but avec un Szczęsny déchaîné dans les cages adverses.
Par Alexandre Lejeune