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Pologne, la formule tragique

Par Adrien Candau
5 minutes
Pologne, la formule tragique

En disputant un seul et unique match amical entre octobre 2016 et novembre 2017, les Polonais ont exploité à leur avantage les régulations de la FIFA pour intégrer le chapeau un du tirage au sort du mondial. De quoi leur permettre de tirer un groupe abordable. Un joli coup de poker pour rien, alors que la sélection, elle, n'a rien montré de probant sur le pré pendant la compétition.

Il faut reconnaître que c’était finement joué. À l’heure du tirage au sort du Mondial, tout le monde se creusait la tête pour essayer de comprendre comment la Pologne avait pu se retrouver dans le chapeau 1, là ou la grande Espagne devait se contenter du second chapeau. Une histoire de formule mathématique et de régulations made in FIFA que les Polonais ont su exploiter à leur avantage. Pour un résultat finalement proche du néant, alors que l’équipe nationale est déjà éliminée de la compétition.

Le piège des amicaux

Pour comprendre comment les Polonais se sont retrouvés dans le chapeau 1, il faut se plonger dans les réglementations de la FIFA. Le classement FIFA d’une équipe est calculé sur la performance de celle-ci au cours des quatre dernières saisons, en pondérant les résultats de chaque année civile en points. Pour chacune des quatre dernières années, on calcule la moyenne annuelle des points FIFA gagnés par match. Le score final est une somme pondérée de ces quatre moyennes.

La pondération (100% pour l’année écoulée, puis 50%, 30% et 20% pour les trois années précédentes) fait qu’un match vieux de plus d’un an compte beaucoup moins qu’un match joué lors des douze derniers mois. Problème : si jouer un match amical fait remporter nettement moins de points qu’un match officiel, il a, selon la méthode de calcul utilisée par la FIFA, un poids équivalent au moment de diviser le nombre de points remportés par une équipe par le nombre de rencontres qu’elle a disputées.

Calculs d’épicier

Un exemple simplifié ? Imaginons qu’une équipe A joue deux rencontres sur les douze derniers mois. Une officielle, puis ensuite une amicale. Elle remporte les deux, ce qui lui confère 50+25 points (ces chiffres sont utilisés à titre d’exemple). Elle aura glané une moyenne de points par match de 75 divisée par 2, soit 37,5 unités. Si une formation B remporte et dispute dans le même temps une rencontre officielle qui lui offre 50 points et choisit de ne pas disputer de match amical par la suite, elle bénéficiera, elle, d’une moyenne de 50 points par match. En d’autres termes, plus une équipe joue de matchs amicaux, moins elle optimise ses points…

La Pologne s’est donc contentée de jouer ses matchs de qualification officiels et de ne disputer qu’un seul match amical entre octobre 2016 et novembre 2017. Soit l’année qui compte le plus pour le classement FIFA, puisque le tirage au sort du Mondial a été effectué en décembre 2017. Bilan côté polonais : six victoires, une défaite en match officiel, pour un match nul en amical. En parallèle, l’Espagne, elle, alignait sept victoires en match officiel ponctuées d’une victoire et de deux nuls en trois matchs amicaux. Suffisant pour rétrograder la Roja dans le chapeau 2 et propulser la Pologne dans le chapeau 1, selon le règlement(appelé néanmoins à bientôt changer, ndlr) de la Fédération internationale.

Terrain miné

Problème : si la Pologne a bossé ses maths, elle n’a manifestement pas su se préparer efficacement aux réalités du terrain. Architecte depuis 2013 de la renaissance d’une équipe sur la pente ascendante ces dernières années, le sélectionneur Adam Nawałka n’a pas su rebondir sur le bon Euro 2016 de ses troupes, éliminées par le Portugal en quarts de finale. La phase de qualification des Aigles blancs, brillante sur le papier, avait déjà de quoi soulever quelques interrogations. Premiers d’un groupe E relativement abordable, les Polonais n’ont certes enregistré qu’une seule défaite, mais ont tout de même encaissé quatorze buts en dix matchs. Offensivement, ils se sont aussi montrés beaucoup trop dépendants des fulgurances de Robert Lewandowski, meilleur buteur des éliminatoires avec seize réalisations et auteur de 57% des buts de son équipe.

Des dysfonctionnements qui ont logiquement éclaté au grand jour lors des deux premiers matchs de ce mondial. Le Sénégal puis la Colombie se sont ainsi attachés successivement à asphyxier le buteur du Bayern, qui n’a existé que sur quelques actions isolées. Les autres individualités polonaises n’ont, elles, pas pu faire honneur à leur réputation. Notamment parce qu’elles ont débarqué au Mondial dans un état de forme loin d’être idéal. Błaszczykowski est sur le déclin à Wolfsburg (neuf matchs de championnat disputé en 2017-2018), Milik est en manque de rythme après avoir été blessé une bonne partie de la saison, Krychowiak est lost in translation à West Bromwich Albion, tandis que Grosicki évolue désormais à Hull City, en Championship.

Nawałka, lui, a achevé de complexifier la tâche de ses poulains en abandonnant en cours de match face au Sénégal, puis d’entrée de jeu contre la Colombie, le 4-4-2 qui avait fait la marque de fabrique de la Pologne à l’Euro 2016. Le grand manitou polonais avait alors fait évoluer les siens dans un 3-5-2 ou un 3-4-3 que ses joueurs, et plus spécifiquement ses latéraux, Piszczek et Rybus, n’ont pas du tout assimilé. À l’heure d’affronter le Japon pour l’honneur, subsiste ainsi une désagréable impression de gâchis. Celui d’une génération qui aurait sans doute pu faire beaucoup mieux si son collectif avait trouvé la clef pour valoriser ses plus gros talents, comme Lewandowski et Zieliński. Après le fiasco face à la Colombie, Adam Nawałka n’avait, lui, pu que constater le désastre : « Évidemment, notre plan n’a pas fonctionné, ils nous ont dominés largement. » Comme quoi, trouver la bonne formule pour s’épargner un tirage au sort difficile ne sera jamais aussi important que de dégoter celle qui permet d’exister sur le pré.


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