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Pogba, taille patron
Dans le documentaire Au cœur de l'épopée russe, retraçant le fabuleux parcours des Bleus en Russie, Paul Pogba apparaît comme le leader numéro un de cette équipe de France. Le milieu de Manchester s’est imposé sur le terrain et en dehors pour faire taire les nombreuses critiques à son égard avant le tournoi.
Prolonger le bonheur avant de tourner la page et retrouver la réalité du quotidien. Après l’extase, dimanche, sur les Champs-Élysées et partout dans l’Hexagone, les Français se sont rassemblés en nombre devant le documentaire consacré à l’épopée des Bleus en Russie, diffusé mardi soir sur TF1. 6 871 000 téléspectateurs devant leur téléviseur pour étirer cette parenthèse enchantée, un carton d’audience. Si les attentes autour de ce film étaient hautes, vingt ans après le mythique Les Yeux dans les Bleus, ce reportage en immersion dans le groupe France a globalement déçu. Peu de séquences cultes, pas de surprises, des interviews face caméra formatées sans grand intérêt et une fin qui paraît bâclée, sans aucune image de la parade des champions du monde sur les Champs-Élysées. Alors que retiendra-t-on de ce film ? La réponse est simple : la force collective qui se dégage de ce groupe au fil des minutes. L’impression de voir une équipe plus soudée que jamais, guidée à chaque instant clé par un Paul Pogba étonnant de maturité, transcendant dans ses discours.
Les PogCritiques
Il était la cible privilégiée des critiques avant ce Mondial. Sa propension à coller, dans un élan de mégalomanie, le préfixe Pog- avant chaque mot (Pogsérie, Poghouse, Pogdance, Pogcinéma) prêtait à sourire. Auteur d’une saison compliquée à Manchester sous le tumulte des ordres donnés par José Mourinho, le numéro 6 des Bleus inquiétait. Ses prestations lors des matchs de préparation n’avaient pas rassuré grand monde. Deux ans après l’échec en finale de l’Euro 2016, Pogba pouvait-il emmener l’équipe de France sur le toit du monde ? Pas vraiment selon les dires de Christophe Dugarry en avril dernier sur RMC : « Quand il a commencé à devenir un joueur marketing, il a perdu cette rage qu’il avait à la Juve. »
Fatigué d’entendre inlassablement les mêmes critiques, Pogba s’était élevé dans sa Pogsérie diffusée dans le Canal Football Club, aux côtés d’Antoine Griezmann. « S’il vous plaît, pas de critiques. » Et l’attaquant de l’Atlético d’enchaîner : « À nos amis journalistes, aidez-nous et laissez les critiques pour les autres pays. On vous demande juste de nous aider, peu importe si on joue mal ou bien. Juste nous aider, nous donner de la confiance et ça nous aidera à aller le plus loin possible. » Une sortie étonnante, à l’encontre de la mission première des journalistes, qui avait suscité un vif débat dans l’Hexagone.
« Messi ou pas Messi, je m’en bats les couilles »
Discuté avant la compétition lorsque certains observateurs voulaient voir Corentin Tolisso à sa place dans le onze de départ, Paul Pogba s’est transcendé une fois arrivé sur le sol russe. Décisif contre l’Australie lors du premier match (2-1), il est monté en puissance au fil du tournoi en s’imposant peu à peu comme le leader naturel de cette équipe de France. Si ce rôle devait plutôt revenir au capitaine Hugo Lloris, le gardien des Bleus, d’un naturel discret et dégageant plutôt une force tranquille, a laissé le milieu de Manchester devenir le taulier numéro un du vestiaire pendant la compétition.
Ainsi, à Pogba de prendre la parole face à Deschamps après la salve de critiques envoyée par le sélectionneur à ses joueurs après le match contre l’Australie, à lui de signer une causerie musclée avant le huitième face à l’Argentine : « Messi, ou pas Messi, je m’en bats les couilles, je veux pas rentrer, on reste encore à l’hôtel. On va encore bouffer ces putains de pâtes sautées. » C’est encore lui qui place un mot pour Blaise Matuidi, suspendu, avant le quart contre l’Uruguay, toujours lui qui transcende ses coéquipiers avant les deux matchs les plus importants de leur histoire en demies puis en finale : « On peut écrire l’histoire. On a juste le stylo. Maintenant, il faut écrire sur le terrain, les gars » , « Je veux que ce soir, on soit dans la mémoire de tous les Français. »
Futur capitaine des champions du monde ?
Visiblement marqué par la défaite en finale de l’Euro il y a deux ans, Pogba s’est révélé comme un véritable leader lors de cette Coupe du monde. « Je peux vous dire que Paul Pogba, je ne sais pas comment, je ne sais pas d’où, mais il est devenu un leader, affirmait Rami en conférence de presse pendant le Mondial. Il n’hésite pas à prendre la parole et je trouve qu’il a les mots justes, souvent basés sur la mentalité, le sacrifice et les efforts. » Lors de ce Mondial en Russie, Pogba s’est imposé comme le premier relais de Didier Deschamps dans le vestiaire. De quoi peut-être donner envie au sélectionneur d’installer le milieu champion du monde de 25 ans comme le futur capitaine de cette équipe de France.
Par Maxime Feuillet