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Pogba, roi des débats
À chaque fois, Paul Pogba pose question. Et à chaque fois, le milieu finit par répondre de la meilleure des façons. L'année 2018 n'a pas fait exception. Que ce soit sur son niveau de jeu ou sur son implication, et qu'elle que soit l'équipe qu'il défend.
Une posture à moitié figée, des jambes enracinées, un doigt levé, un sourire affiché et un maximum de fierté. Sur la pelouse d’Old Trafford, Paul Pogba fait le coq. Le Français vient de signer un doublé contre Huddersfield, récompensant sa performance XXL, et se permet donc de se la raconter. Pour provoquer ses détracteurs toujours nombreux ? Pour simplement kiffer ? Un peu des deux, sûrement. En tout cas, la gestuelle fait son effet : le milieu est de retour au top, et il est prêt à en découdre avec ceux qui le gavent de critiques depuis sa Coupe du Monde remportée cet été.
C’est de toute façon l’histoire de sa vie. Celle d’un surdoué gagnant, faisant la pluie et le beau temps, empli d’un talent aussi grand que frustrant. Pour certains, il n’est qu’un homme capricieux, ( « le joueur le plus indiscipliné de tous les temps » pour Jamie Carragher), un footballeur dont le crédit n’est à mettre que sur le compte de son business créé autour de son nom à l’extérieur des terrains. Pour d’autres, il demeure un sportif de qrande qualité, un athlète qui a déjà marqué sa discipline (quatre Serie A, une finale de C1, une finale d’Euro, une C3, un Mondial, un transfert record à 105 millions d’euros…) à 25 piges, un gars capable de faire la différence n’importe quand… Voilà qui à de quoi lui plaire.
2018, comme d’habitude
Car Pogba, c’est ça : la constance du débat. À croire qu’il aime et qu’il se nourrit des questionnements dont il est le point d’interrogation. Faire étalage de son potentiel, triompher, baisser le niveau, donner l’impression d’un investissement moindre, conserver une forte présence sur les réseaux sociaux, créer le buzz en s’embrouillant pourquoi pas avec le coach, entendre les reproches, faire le mort, puis tout (re)péter, se donner raison avec le ballon et frimer gentiment : l’ordre des choses est parfois d’une logique implacable. Une série suivie à la lettre en 2018.
Maintenant que l’année n’est qu’à quelques heures de sa fin, les conclusions peuvent ainsi tomber : lors de ces 365 jours, Paul a été fort, Paul a été nul, Paul a fait l’actualité, Paul s’est imposé (dans le vestiaire comme face à ses adversaires), et Paul a surtout répondu à chaque fois que l’énigme refaisait surface, de manière virulente ou non. Sa place de titulaire chez les Bleus ? Le voyage en Russie et son nouveau statut de capitaine tacite ont fait comprendre qu’elle n’avait rien de scandaleuse, bien au contraire. Sa méforme à Manchester United et ses embrouilles avec José Mourinho ? L’éviction du Special One et son retour au premier plan depuis ce départ montrent qu’il constitue encore le vainqueur de la partie.
Demain est un autre hier
C’est d’ailleurs désormais une nouvelle partie qui s’annonce. Avec Ole Gunnar Solskjær, qu’il a déjà connu lorsqu’il n’était qu’un tout petit Red Devils, l’aventure démarre de la meilleure façon qui soit : United a aligné deux victoires en deux rencontres, a inscrit huit pions, Pogba a disputé l’intégralité des minutes après un passage sur le banc pour la fin du Mou, a offert deux passes décisives et planté deux fois. Le monde remis à l’endroit et les bouches fermées, l’international peut continuer de faire parler de lui. En bien, cette fois.
À l’heure de recevoir Bournemouth, le bonhomme cherchera donc à terminer son année en surbrillance, pour embrayer sur un 2019 qui pourrait avoir le même genre de gueule que sa petite soeur. Il n’y aura pas de trophée de Coupe du Monde certes, mais il y aura des engueulades et des câlins, des avis médiatiques tranchés et des compliments mitigés, des matchs loupés et des rendements élevés. Tant que des lignes lui seront consacrées, l’ancien de la Juventus existera. Et selon ce qu’il est écrit, il ajustera.
Par Florian Cadu