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Plus de vacances pour les joueurs de football : une réelle avancée ?
Alors que la saison 2024-2025 reprend ses droits, celle-ci s’annonce plus que jamais chargée pour les joueurs, et notamment les internationaux. Mais Carlo Ancelotti a trouvé la solution : accorder des vacances individuelles cas par cas, pour tenir le rythme. Une avancée sociale ou une façon de préserver l’outil de production ?
L’inquiétude est grandissante. Les footballeurs professionnels jouent de plus en plus, et surtout, trop de matchs. Exemple récent de ces « cadences infernales » : l’Argentin Julián Álvarez a fait 71 apparitions au cours de la dernière saison. Pour la prochaine édition, un pro pourrait évoluer lors de sept compétitions en incluant la nouvelle formule de la Coupe du monde des clubs, en 2025, aux États-Unis. L’attaquant norvégien de Manchester City Erling Haaland observait pour sa part, à l’occasion de la tournée américaine de son club à New-York : « Nous avons tous vu à l’Euro à quel point les gens étaient fatigués. […] Je ne pense pas que nous puissions être précis à chaque match. Nous pouvons essayer, mais il est difficile d’être précis lorsque vous jouez plus de 70 matchs par an. » Des propos qui font écho aux déclarations en octobre dernier d’Aurélien Tchouaméni, qui disait alors : « Évidemment qu’on joue trop de matchs, ce n’est une surprise pour personne. […] Il faut faire quelque chose. C’est un problème. »
Or, après l’enchaînement Euro – JO, sans oublier la Copa América, les barrages pour les compétitions européennes ont déjà repris, et la C1 remaniée va encore alourdir le bilan. De quoi mettre à rude épreuve les corps et les esprits de nos stars à crampons. Les employeurs commencent à s’en soucier sérieusement, pas forcément par égard pour la santé de leurs salariés, mais par volonté de protéger l’investissement qu’ils représentent (et ce fut un des grands arguments dans le refus de libérer nombre de capés potentiels pour le tournoi olympique de Paris).
Pour le droit de souffler
Du bord du terrain, Carlo Ancelotti a aussi pris conscience de la situation et sûrement entendu les retours de son effectif, dont beaucoup ont enchaîné l’Euro ou la Copa, et de leur entourage, agent compris. Si visiblement ses joueurs ont posé un RTT lors du déplacement à Majorque, le Mister a annoncé qu’une réflexion était en cours au sein de son staff pour « donner une semaine de congé à un joueur pour qu’il puisse aller voir sa famille, en particulier aux joueurs internationaux, qui ont très peu de repos parce qu’ils n’ont généralement même pas un jour de vacances pendant les pauses internationales ». Et de citer le cas hypothétique de Vinícius Jr : « Après avoir joué avec le Brésil, au lieu de jouer en Liga, il se repose pendant trois ou quatre jours, il part en vacances et il revient. »
Naturellement, d’aucuns expliqueront qu’il s’agit d’un luxe que seuls les clubs dotés d’un vestiaire complet, où chaque poste est doublé avec un sub de talent, pourront offrir à leurs vedettes. Une occasion aussi pour les plus grosses écuries de cibler encore davantage les épreuves prestigieuses, au détriment d’éventuels rookies qui ne pourront autoriser pareil « privilège » à leurs cadres. Il est en effet fort peu probable que Brest par exemple, ou encore Lille, voire le PSG s’alignent sur cette politique sociale. La question de la santé des joueurs, et notamment mentale, va néanmoins s’imposer, autant pour des raisons médicales qu’économiques, comme un paramètre incontournable dans la gestion des joueurs face à l’obsession inflationniste de l’UEFA et de la FIFA. L’accumulation des matchs et des ressources en droits télé (par ailleurs également une demande de la part des clubs) va inévitablement se heurter aux limites physiologiques. Une dernière question émerge enfin : que se passera-t-il si son président, Florentino Pérez, obtient enfin la création de sa fameuse Superligue ?
Par Nicolas Kssis-Martov