«Plus de recruteurs dans les maternités qu’en CFA»

Jean-Marc Conrad, qu’est-ce que c’est que ces histoires de partenariat avec Manchester City et l’Atletico ?

Pour Manchester, on a pas mal avancé donc je peux vous en parler. Nous sommes tombés d’accord sur le mode opératoire à mettre en place. Nous allons faire un centre de post-formation sur Avignon. Nous n’en sommes pas encore là avec l’Atletico. Je pars au Sénégal pendant la trêve internationale pour voir s’il est possible de s’associer également à un club africain. Nous allons profiter des forces et des compétences de clubs plus huppés que le notre.

Comment cela va-t-il se passer exactement ?

Nous allons prendre des jeunes joueurs de ces clubs, des joueurs pour qui la porte de l’équipe première est fermée, et nous allons les faire évoluer dans un pays différent, dans un championnat différent, afin de les faire murir. L’idée d’être une vitrine n’est pas un principe nouveau, le fait d’être rémunéré par ce biais-là par contre, si. Après, qu’est-ce qui fait que de tels clubs viennent vers nous ? On doit être sympathiques…

Comment avez-vous eu cette idée ?

Comme beaucoup de monde, j’ai constaté une érosion dans le système de formation à la française. Il y a en France des centres de qualité : Metz, Rennes, Montpellier, c’est bien rodé. Donc il faut faire autre chose. On voit souvent des joueurs qui ne percent pas lorsqu’ils sont en formation mais qui pour autant, font de belles carrières. C’est ce qui nous intéresse. Tout le monde est sur l’avant, nous on va se pencher sur l’après. Maintenant, il y a plus de recruteurs dans les maternités que sur les terrains de CFA.

Comment votre entraîneur perçoit-il ces évolutions ?

Pour l’instant, il regarde ça du coin de l’œil. On est en cours de professionnalisation. On va mettre en place une cellule de recrutement dès janvier et on accueillera des jeunes dès l’année prochaine. Cela nous permettra d’avoir un budget plus important. On parle de prêts payants, les clubs nous paieront pour qu’on prenne leurs jeunes en charge. Au final, tout le monde sera gagnant. Il y aura une émulation entre le jeune de la région qui n’a pas pu percer à l’OM qui côtoiera un jeune Anglais dans le centre. Pour l’instant, tout le monde est très curieux et souhaite essayer. Je pense que j’ai eu la bonne idée, au bon moment.

Les joueurs auront peut-être vite des envies d’ailleurs. Regardez Ayew. Marseille vous le prête, il revient avec un titre de Champion du monde des moins de 20 ans et il veut déjà partir.

J’ai mangé avec les joueurs tout à l’heure, je peux vous assurer que ce n’est pas le discours qu’il tient. De toute façon, entre ce qu’il veut et ce qu’il va se passer, il y a de la marge. Il est sous contrat avec l’OM. Alors même s’il veut partir, il devra faire ce que son club lui demande. Après, il faut voir. Vous savez, je suis un jeune président. J’ai 5,7 millions de budget. Si je peux en avoir 6,2, j’y réfléchirai.

Quelles sont les objectifs ?

Bien évidemment, le maintien en Ligue 2 est l’absolue priorité. Un maintien acquis rapidement nous permettrait de faire grandir certains de nos jeunes et donc de mieux préparer la saison prochaine. Nous ouvrirons notre centre en septembre 2010, donc dès le mois d’août des jeunes de nos clubs partenaires nous rejoindront.

Ce modèle de développement va peut-être aussi vous permettre de puiser dans le riche bassin régional et profiter des lacunes de l’OM ou de Monaco au niveau de la formation…

Ce n’est pas notre objectif premier. Notre politique à ce sujet, c’est plutôt de donner aux gens l’envie de nous solliciter parce que nous n’avons pas les moyens d’installer une cellule de recrutement locale. Mais avec Internet, nous sommes contactés par tout le monde. Et en ce qui concerne nos prêts payants, le meilleur exemple, c’est le petit Ayew. Au final, la bonne opération sera pour l’OM. Il n’avait même pas fait la préparation avec les pros, maintenant il est champion du monde, tous veulent le voir jouer. Il sera titulaire, qui plus est à son vrai poste.

Si tout se passe comme prévu, vous allez donc tenter de récupérer l’enfant du pays, Djibril Cissé, à son retour de Grèce, non ?

Quand vous verrez revenir Djibril, il y aura peut-être une surprise. On verra. Pour l’instant, on est le plus petit club professionnel de France mais on est celui dont on parle le plus. C’est pas mal déjà…