- Espagne
- Liga
- Transfert
- Real Madrid
Plus Bale la vie
Le monde entier attendait de le voir pour le croire. Cette journée a levé les derniers doutes. Gareth Bale a bel et bien signé au Real, contre quelque 91 millions d'euros, et devient le dernier sujet de Sa Majesté à découvrir la monarchie ibérique. Dix ans après le prince Beckham.
Aussi bizarre que cela puisse paraître dans cette affaire, c’est finalement Cristiano Ronaldo qui a eu le dernier mot. Gareth Bale l’a bien rejoint sur le sofa douillet de la Maison Blanche, sauf qu’il lui laisse la place du chef, celle qui jouxte l’accoudoir. Avec ses 91 millions d’euros sur l’étiquette, le Gallois n’enfile donc pas le costume de joueur le plus cher de la planète et se déleste au passage d’une partie de la pression relative à un tel évènement. Une partie seulement. À cinq millions près, l’ancien protégé de White Hart Lane cristallisera malgré lui tous les regards. Plus que quiconque cette saison. La moindre passe, frappe ou conduite de balle sera scrutée, décortiquée et rapportée sans cesse au montant de son transfert. Le prix à payer pour devenir une légende. Michael Owen en sait quelque chose…
Cet été madrilène rappelle, toutes proportions gardées, celui qui avait débouché sur le « projet galactique » . Peut-être un poil plus intelligent cette fois-ci. Zidane sur le banc pour prolonger le passé récent, Isco et Illarramendi afin d’assurer un futur proche, et Gareth Bale pour honorer le glorieux présent. Le tout guidé par un Carlo Ancelotti qui a longtemps rêvé du poste. Le tableau final semble beau, éclatant même. À raison. Özil excepté (son nom reste sur le fil jusqu’à la clôture du marché), l’armada merengue paraît déjà cohérente, complète et surtout redoutable. Le Real Madrid a donc, pour l’heure, réalisé le meilleur mercato estival possible. Mais avait-il réellement besoin d’ajouter un Poireau à son panier ? Oui et non.
Risque de bouchons au milieu
Oui car, dans sa soif de dominer la planète football, Madrid a besoin d’étendre son envergure jusqu’aux confins de l’Amérique du Nord. Un marché qui semble enfin en pleine expansion, où son autorité est régulièrement disputée, voire annihilée, par la mainmise des clubs de Premier League. Visionnaire, Florentino Pérez le sait et a donc investi le gros de son argent de poche sur le grand blanc tout rouge dont le portrait trônait en géant sur un building de Times Square. Coincé entre Jay-Z, Carmelo Anthony et Barack Obama en live sur CNN. Ce qui vous définit un homme outre-Atlantique. Indépendamment de la vente de maillots à l’international, assurée dès aujourd’hui par le flot de touristes britanniques encore présents sur les plages de Marbella ou d’Ibiza, les fruits d’une telle opération seront cueillis sur tout le Vieux Continent. En Ligue des champions notamment. Avec Bale, Ronaldo, Benzema, Özil, Modrić et Ancelotti, peu importe où il ira, le Real se sentira un peu comme chez lui.
Non, parce que la circulation de balle risque de connaître de sérieux bouchons en passant par Bernabéu. En premier lieu, sur le côté gauche, celui de Cristiano dorénavant brigué par Gareth. On le sait, le Portugais est exigent. D’autant plus lorsqu’il se pose en patron indiscutable. S’il peut jouer partout, Ronaldo n’est jamais aussi heureux que sur son aile fétiche. Il aime y éliminer ses adversaires un à un, avant de repiquer dans l’axe pour faire parler son pied droit. Un peu comme le Gallois avec son pied gauche. Sur coup franc aussi, chasse gardée « ronaldesque » , la négociation s’annonce serrée. Bale a également gagné ses lettres de noblesse en partie grâce à cet exercice et compte bien amortir le prix exorbitant de son transfert en nettoyant de la lucarne. Un peu comme le Lusitanien avant lui. Dès lors, façon poulet rôti partagé entre deux frères, la solution serait peut-être de leur offrir chacun une aile pour contenter tout le monde. Gareth Bale à droite, Cristiano Ronaldo à gauche, et le tournis pour Benzema.
Mieux vaut trop que pas assez, ou le leitmotiv de Florentino Pérez. Un sacré pari pour le président le plus dépensier de la décennie qui, si l’histoire blanche tourne mal, sera à marquer d’une pierre noire. Car, qu’il le veuille ou non, Gareth ne vendra jamais autant de slips que David.
Par Paul Bemer